Les défenseurs de la Bretagne ont trouvé leur égérie, et ce n’est pas Nolwenn Leroy. Depuis mars 2023, une certaine Anne Kerdi s’attèle à faire la promotion de la région Bretagne sur Instagram. À première vue, rien de bien original, sauf que la jeune femme n’existe pas. Il s’agit d’une intelligence artificielle entièrement créée pour l’occasion. Sur sa première publication, le personnage se présente comme “la première IA régionale à ouvrir un compte Instagram, et qui plus est, dédié à cette région exceptionnelle“.
En pleine forêt de Brocéliande, dans le quartier historique de Dinan, ou face à la plage du Sillon à Saint-Malo, Anne Kerdi ne quitte jamais sa marinière ou son ciré jaune. Sauf lorsqu’elle participe à la Fashion Week AI de New York. Elle met aussi un point d’honneur à mettre en avant les spécialités culinaires bretonnes, ainsi que la faune qui peuple sa région.
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La Bretagne, ça vous gagne
Pensé comme une immense carte postale numérique (et idéalisée) à la gloire de la Bretagne, le compte @annekerdi compte plus de 11 000 followers, et organise régulièrement des jeux concours. Ambassadrice d’Océanopolis Acts, membre d’Ar Seiz Avel et des agriculteurs de Bretagne, Anne multiplie les collaborations avec les acteurs industriels et associatifs des environs. Depuis quelques mois, elle est aussi capable de s’exprimer à l’oral en langue bretonne.
Derrière ce persona au visage parfois inquiétant, à la silhouette de mannequin et au chemisier toujours impeccablement repassé, on retrouve un entrepreneur brestois de 37 ans, prénommé Sébastien. Interrogé par nos confrères d’Usbek & Rica, le cerveau derrière Anne Kardi explique : “Pour le moment, il y a très peu de collaborations rémunérées. À terme, j’aimerais qu’Anne devienne guide touristique et qu’elle puisse aiguiller les voyageurs dans leur organisation via un site dédié“. La vie de l’IA est pilotée via l’agence Adeliade, mais l’entrepreneur assure qu’elle est capable de faire ses propres choix, sans intervention humaine.
Les stéréotypes ont de beaux jours devant eux
En plus de livrer une représentation fantasmée de la Bretagne, Anne Kardi perpétue aussi (malgré elle ?) l’idée d’une perfection féminine objectivisée et irréaliste, qui contribue aux standards de beauté toxiques véhiculés sur Instagram. Elle a d’ailleurs été finaliste du concours Miss AI 2024 aux World AI Creator Awards. À l’avenir, elle devra sans doute répondre de ses positions face à la législation européenne, qui tente maladroitement de poser un cadre juridique efficace face à la prolifération de l’intelligence artificielle. De son côté, son créateur assure qu’il n’a donné aucun “standards de féminité” à son personnage. On a du mal à y croire.
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