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Tremblement de terre : Qualcomm cherche à racheter Intel !

Si Qualcomm réussit à mettre la main sur le géant historique des CPU, il s’agira incontestablement d’un bouleversement historique dans le monde du hardware. Mais la route reste longue.

Le monde du hardware est en ébullition. D’après plusieurs grands médias américains tels que le Wall Street Journal, le New York Times et Reuters, le fondeur américain Qualcomm aurait échafaudé un plan XXL qui le ferait immédiatement passer dans une toute nouvelle dimension : l’architecte des puces Snapdragon projetterait de racheter Intel, le titan historique des CPU !

Il ne s’agirait pas d’une simple idée lancée en l’air, mais d’une initiative tout ce qu’il y a de plus sérieuse. D’après des sources proches du dossier citées par Reuters, le PDG Cristiano Amon serait personnellement impliqué dans ces négociations hautement confidentielles.

Intel en position de faiblesse

Cette affaire a émergé dans un contexte où les rapports de force entre les différents du hardware sont assez déséquilibrés. D’un côté, Intel est en pleine traversée du désert, avec des résultats à des années-lumière de la suprématie qui en a fait un véritable titan industriel.

Sur le terrain de la fabrication pure, l’écurie bleue a cédé le leadership aux Taïwanais de TSMC, et affiche désormais un retard considérable. Ses dernières générations de processeurs ont aussi été décevantes, notamment à cause de leurs performances énergétiques problématiques et de gros soucis de stabilité. Des ratés qui ont laissé le champ libre à AMD, son concurrent historique dont les excellents Ryzen s’imposent de plus en plus comme des valeurs sûres — même si nous manquons encore un peu de recul sur la nouvelle série 9000.

Gelsinger Idm Foundry
© Intel

Qualcomm a d’ailleurs réussi à profiter de cette situation. Cet été, le fondeur autrefois spécialisé dans les SoC pour smartphones a fait une entrée très remarquée dans l’écosystème PC avec une première génération de puces Snapdragon X sous architecture ARM déjà très prometteuse. Même si elles souffrent encore d’un certain manque de maturité, de nombreux spécialistes et consommateurs y voient déjà l’avenir de l’informatique grand public. Cet enthousiasme global n’augure rien de bon pour Intel, qui avait la fâcheuse habitude de se reposer sur ses lauriers et se retrouve sous pression.

En outre, elle n’a pas réussi à surfer sur la vague de l’IA aussi efficacement que les autres géants du secteur. Contrairement à Nvidia, qui capitalise dessus de manière spectaculaire, Intel s’est contenté de vanter la démocratisation des NPU (Neural Processing Unit), ces nouveaux chiplets censés offrir des capacités de calcul IA avancées à ses processeurs. Le problème, c’est que ces fonctionnalités sont encore tellement anecdotiques que l’argument n’a pas franchement fait vibrer le monde du hardware…

Mis bout à bout, tous ces éléments ont fait énormément de mal à Intel, dont l’action a plongé de presque 60 % en l’espace de neuf mois. Une brèche béante dans laquelle un Qualcomm en position de force semble bien déterminé à s’engouffrer.

Une équation financière sans solution évidente

Mais même si ce projet semble avoir du sens d’un point de vue stratégique, on ne peut pas en dire autant du versant financier. Car même si Intel bat de l’aile, il s’agit toujours d’un poids lourd qui pèse plus de 120 milliards de dollars, et on imagine mal où Qualcomm pourrait trouver suffisamment de fonds pour finaliser une acquisition de cette ampleur.

Toujours selon Reuters, Qualcomm est actuellement évaluée à 188 milliards, mais ne dispose « que » de 13 milliards de liquidités. Il faudrait donc forcément passer par un arrangement financier à la fois énorme et très sophistiqué, et à l’heure actuelle, personne ne semble savoir comment Cristiano Amon et ses troupes comptent s’y prendre.

Et même si les deux entreprises trouvaient un terrain d’entente, elles resteraient confrontées à de nombreux obstacles, notamment réglementaires. En effet, une telle opération attirerait forcément l’attention des autorités de la concurrence partout dans le monde — aux États unis évidemment, mais aussi en Europe et en Chine. L’intervention de ces entités risque de ralentir et de compliquer massivement le processus.

Une stratégie tout sauf claire

La dernière grande inconnue, et peut-être la plus importante, concerne l’objectif sur le long terme de Cristiano Amon s’il parvenait à mettre la main sur Intel. À l’heure où ces lignes sont écrites, aucun détail ne semble avoir filtré sur la stratégie potentielle de Qualcomm.

Instinctivement, on peut imaginer que le repreneur chercherait à éradiquer progressivement les puces basse puissance d’Intel destinées aux ultrabooks. Cela lui permettrait en effet de laisser le champ libre à ses propres Snapdragon X — mais il est encore beaucoup trop tôt pour formuler un pronostic sérieux à ce niveau.

On peut aussi s’interroger sur l’autre grande activité d’Intel, à savoir la branche Foundry. En effet, lorsque l’actuel PDG Pat Gelsinger est arrivé aux commandes, il a initié un grand changement de stratégie dont l’objectif était de devenir un producteur de puces majeur pour le compte d’autres entreprises, un peu à la manière de TSMC. Pour l’instant, malgré des centaines de milliards de dollars investis dans des usines dernier cri et une véritable armée d’ingénieurs, cette démarche tarde encore à produire des résultats financiers.

On peut donc légitimement se demander ce que Qualcomm compte en faire en cas d’acquisition. L’entreprise compte-t-elle s’en débarrasser, ou prendre le train en marche et continuer cette activité ?

Des enjeux énormes

Vous l’aurez compris, les contours de cette affaire sont encore extrêmement flous à tous les niveaux. Il faudra donc attendre que les négociations progressent pour en savoir plus, surtout qu’aucune offre formelle n’aurait été faite jusqu’à présent. Mais quoi qu’il en soit, il conviendra de suivre ce feuilleton avec une attention toute particulière, car un rachat d’une telle envergure bouleverserait profondément les rapports de force entre les différents grands acteurs du hardware — avec tout ce que cela implique aux niveaux économiques et technologiques.

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