Shein est officiellement le plus gros pollueur de la fast fashion. Dans une inquiétante enquête menée par l’organisation indépendante Grist parue le 10 septembre dernier, on apprend que l’enseigne est sur le point de passer un nouveau cap dans sa frénésie d’hyperconsommation : faire appel à l’intelligence artificielle pour vendre toujours plus, toujours plus vite.
Shein veut une IA pour produire mieux
Concrètement, le géant de la fast fashion utilise désormais l’intelligence artificielle pour prédire les demandes de ses clients. Grâce à des algorithmes prédictifs, elle estime la quantité de produits à vendre, mais aussi les prochaines tendances qui inonderont bientôt son catalogue en ligne. Un outil redoutable, qui permet d’ajuster en temps réel la stratégie de vente de l’entreprise, en augmentant rapidement la production d’une pièce devenue tendance sur les réseaux sociaux.
L’outil permettra ainsi de détecter les prochaines tendances directement sur les plateformes sociales comme TikTok, en allant piocher parmi les vidéos les plus partagées sur le réseau social chinois grâce aux trends, et notamment au hashtag #HaulShein, qui comptabilise à lui seul 14 milliards de vues. Il pourra aussi anticiper la prochaine coupe de robe qui sera sensation, à l’image des modèles régence, particulièrement populaires après la sortie d’une nouvelle saison de La Chronique des Bridgerton.
L’impact environnemental de Shein sur le point d’exploser
Officiellement, ce nouvel outil prédictif entend réduire les invendus, et donc les déchets superflus. Une bonne nouvelle quand on sait que la fast fashion est responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et que l’entreprise Shein a émis à elle seule 16,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone en 2023. Sauf que la réalité est plus nuancée. Si l’intelligence artificielle de Shein entend effectivement réduire ses pertes de stock, le fabricant va surtout produire encore plus, pour s’adapter toujours plus précisément aux futures demandes de ses consommateurs et consommatrices. Actuellement, ce sont près de 6000 nouvelles références qui sont ajoutées chaque jour au catalogue du mastodonte chinois.
La demande promet d’être exponentielle, et les livraisons de plus en plus rapides, afin de s’adapter à la politique d’offre et de demande instantanées vendue par la marque. Aujourd’hui, 95% des textiles vendus en France sont importés depuis l’étranger, avec une immense majorité provenant de pays d’Asie comme la Chine, et des transports aériens ultra-polluants. L’utilisation de l’intelligence artificielle promet d’alimenter, voir d’encourager, ce cycle de surconsommation effrénée, alors que l’Europe et la France réfléchissent actuellement à un système de malus pour pénaliser les géants ultra-pollueurs.
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