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Selon Nvidia, on ne peut plus faire d’infographie sans intelligence artificielle

Un message qui s’adressait avant tout aux investisseurs, mais qui finira sans doute par avoir des conséquences très concrètes pour les joueurs.

Nvidia et l’intelligence artificielle, c’est une vraie histoire d’amour. Depuis quelques mois, l’amour de la Big Tech pour cette technologie a permis au géant vert de passer dans une toute nouvelle dimension, avec un pic à plus de 3000 milliards de capitalisation boursière qui témoigne de son insolente santé financière. Récemment, le PDG Jensen Huang a encore enfoncé le clou en affirmant que l’IA était désormais une composante fondamentale de l’activité de son entreprise, et qu’elle ne pouvait tout simplement plus s’en passer.

« On ne peut plus aborder la partie graphique de l’informatique sans intelligence artificielle », a-t-il déclaré à l’occasion de la conférence Communacopia + Technology organisée par Goldman Sachs. « On calcule un seul pixel, puis on en détermine 32 de plus par inférence le fait de réaliser des prédictions à partir de nouvelles données grâce à un modèle IA déjà entraîné, NDLR), et l’ensemble est stable, photoréaliste, qualitatif, avec des performances incroyables », s’épanche le patron.

Il en a aussi profité pour tacler une critique régulièrement adressée au machine learning, à savoir la consommation d’énergie. Selon lui, il s’agit d’une idée préconçue qui n’a pas lieu d’être, en tout cas dans le domaine graphique. Il affirme que la facture énergétique serait encore bien plus importante s’il fallait calculer chaque pixel individuellement sans avoir recours à cette technologie.

« La quantité d’énergie que l’on économise… calculer un seul pixel, cela demande beaucoup d’énergie — c’est la nature du calcul informatique. Mais en calculer un seul, puis déterminer 32 pixels supplémentaires par inférence nécessite très peu d’énergie en comparaison, et on peut le faire incroyablement vite. »

Nvid-IA prêche pour sa paroisse

C’est probablement ce dernier point qui est le plus pertinent pour les consommateurs lambda. En effet, à une époque où la fidélité graphique des jeux vidéo est en train de passer un véritable cap, le hardware a parfois du mal à suivre ; il faut désormais disposer d’une machine absolument monstrueuse pour faire tourner des titres AAA en résolution extrême (4K ou plus) et avec un framerate très élevé. Dans ce contexte, il y a fort à parier que les systèmes de suréchantillonnage basés sur l’IA, comme le fameux DLSS d’Nvidia, vont devenir de plus en plus intéressants et prendre de plus en plus de place dans l’industrie.

Malgré tout, la formulation reste discutable. En pratique, il n’y a absolument rien qui empêche les développeurs de concevoir des plateformes graphiques totalement dépourvues d’intelligence artificielle.

Mais en tant que PDG d’une entreprise qui pèse des milliers de milliards de dollars, Huang ne raisonne évidemment pas en termes de faisabilité pratique ; c’est la rentabilité qui l’intéresse… tout comme les actionnaires. Et cette distinction est importante, car il ne s’agissait pas d’une déclaration visant un public de joueurs et de technophiles.

Lors de cette conférence organisée par Goldman Sachs, le PDG s’adressait à un parterre de vétérans de la finance qui n’ont probablement aucune idée de ce qu’est le DLSS. Il faut donc prendre ses propos avec des pincettes, car son objectif n’était pas de rendre compte d’une évolution des tendances technologiques ; il s’agissait très clairement de brosser dans le sens du poil des investisseurs et actionnaires pour qui l’IA est avant tout un moyen de faire fructifier un portefeuille d’actions. Pas besoin de prendre beaucoup de recul pour réaliser qu’un des plus grands magnats de l’IA était simplement en train de prêcher pour sa paroisse en vantant les mérites d’une technologie où il dispose d’un quasi-monopole.

Du côté des joueurs, ce qu’il faut retenir de ces déclarations, c’est surtout que les technologies basées sur l’IA vont continuer de prendre de plus en plus de place dans le catalogue d’Nvidia. Dans le contexte actuel, il n’y a qu’un seul scénario qui pourrait éventuellement faire changer le géant vert d’avis : une éventuelle explosion de la « bulle de l’IA », comme le prédisent certains analystes. Mais en attendant, les joueurs vont devoir s’habituer à manger du DLSS à toutes les sauces, pour le meilleur et pour le pire; reste à voir si cette tendance profitera effectivement aux gamers ou si Nvidia cherchera à l’imposer envers et contre tout, accentuant ainsi la dépendance de ses clients à sa technologie.

La transcription de la conférence est disponible sur Seeking Alpha.

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Source : Seeking Alpha

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