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L’occupant du mystérieux cercueil de Notre-Dame enfin identifié

Les archéologues qui passent la cathédrale au peigne fin depuis le terrible incendie de 2019 pensant avoir identifié Joachim Du Bellay, un poète dont la vie concorde parfaitement avec les caractéristiques de la sépulture révélée en 2022.

En avril 2019, la France et le monde entier sont restés bouche bée devant les terribles images de Notre-Dame dévorée par un torrent de flammes — une véritable catastrophe qui a profondément marqué tous les amoureux de l’Histoire et du patrimoine. Mais ce désastre aura tout de même eu quelques retombées positives, notamment parce qu’il a permis aux archéologues de l’INRAP de découvrir des trésors inestimables qui seraient autrement restés cachés pendant des siècles.

L’institution a récemment publié un bilan de ces fouilles fascinantes, et il contient un véritable scoop archéologique : l’équipe de recherche a réussi à identifier l’occupant d’un des mystérieux cercueils de plomb qui reposaient dans les entrailles de la cathédrale.

Une paire de cercueils mystérieux

Pour resituer le contexte, ce site funéraire a été identifié au printemps 2022, un peu moins de trois ans après le drame. À cette époque, les équipes d’artisans en charge de la restauration de la flèche se préparaient à installer un vaste échafaudage à l’intersection de la nef et du transept. L’l’Inrap a donc procédé à des fouilles préventives, afin de s’assurer que cette structure n’allait pas endommager d’éléments précieux. Et bien leur en a pris, puisqu’ils sont tombés sur une centaine de sépultures à la valeur scientifique inestimable.

Deux d’entre elles ont particulièrement attiré l’attention des archéologues à cause de leur apparence singulière. Il s’agissait en effet de beaux cercueils en plomb — une méthode d’inhumation haut de gamme qui suggérait que les occupants jouissaient d’un statut particulier.

L’identité du premier macchabée a rapidement été déterminée grâce à un coup de pouce du destin : son cercueil portait une épitaphe encore lisible. Il s’agissait d’Antoine de la Porte, un riche prélat qui a officié en tant que chanoine de Notre-Dame pendant environ cinq décennies.

La dépouille de Joachim Du Bellay

Le second sarcophage, en revanche, est longtemps resté entouré d’un épais voile de mystère. Il ne portait aucune épitaphe, et il ne restait aucun tissu organique qui aurait pu aider les chercheurs à déterminer son identité. L’équipe a donc été forcée de travailler avec d’autres indices nettement moins explicites.

© DR Université Toulouse III

Les archéologues ont commencé par observer des déformations osseuses typiques des cavaliers chevronnés, suggérant que le mystérieux inconnu avait pour habitude de voyager à cheval. Ils ont aussi déterminé qu’il était mort relativement jeune, et surtout qu’il souffrait d’une méningite chronique tuberculeuse qui lui a probablement fait souffrir le martyre à la fin de sa vie. Grâce à des recherches documentaires fouillées, les archéologues ont pu relier ces éléments à une personnalité précise : le poète Joachim du Bellay.

Selon Le Monde, l’intéressé était le neveu de Jean Du Bellay, ancien évêque de Paris et numéro deux de l’Église à son époque. Une filiation qui lui a notamment permis d’accéder au titre de chanoine de Notre-Dame de Paris. Cela permet d’expliquer pourquoi il a eu le privilège d’être inhumé au cœur de ce haut lieu de la chrétienté, alors qu’il n’était pourtant pas un dignitaire religieux.

De nombreux éléments concordants

Mais ce n’est pas le seul élément concordant. Joachim Du Bellay avait aussi la réputation d’être un grand cavalier. Il utilisait notamment ce moyen de transport pour rejoindre son oncle qui, toujours selon Le Monde, occupait le poste de doyen du collège sacré de Rome. Pour finir, le poète souffrait notoirement d’un cas de tuberculose, et un rapport d’autopsie de 1560 mentionnait explicitement des signes de méningite chronique. En plus de son âge au moment de sa mort, parfaitement cohérent avec celui de la sépulture, tout cela correspond parfaitement aux déformations observées sur le squelette du défunt.

Techniquement, il reste encore quelques doutes vis-à-vis de l’identité de ce mystérieux macchabée. Christophe Besnier, responsable des fouilles à l’Inrap, s’est d’ailleurs montré assez prudent lors de la présentation des résultats. Mais globalement, les spécialistes impliqués semblent sûrs de leur fait. Dominique Garcia, le président de l’Inrap cité par Le Monde, estime que les concordances chronologiques et anatomiques offrent déjà une « solidité statistique remarquable ».

D’autres trésors archéologiques à étudier

Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un résultat remarquable qui vient récompenser le travail formidable des archéologues. Mais ces derniers n’en ont pas encore terminé avec de Notre-Dame, loin de là. Au total, plus d’une centaine de sépultures ont été découvertes, et certaines d’entre elles mériteront également des analyses plus poussées. L’équipe en mentionne notamment une qui est particulièrement intrigante : elle contenait les ossements d’une femme. Une exception totalement unique dans le cadre de ces fouilles, qui n’ont dévoilé que des squelettes masculins jusqu’à présent.

Il conviendra donc de continuer à suivre le déroulement de ces fouilles historiques ; en plus de nous aider à panser la plaie de l’incendie, chacune de ces découvertes nous offre un point de vue inédit sur l’histoire de notre belle France, et il ne fait aucun doute que Notre-Dame a encore des tas de secrets à révéler.

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