“L’invention des langues est à l’origine de tout. Les histoires ont été invitées pour fournir un monde aux langues et non l’inverse”. C’est ainsi que J.R.R Tolkien décrit dans une lettre son approche concernant Le Seigneur des Anneaux et ses appendices. Éminent philologue, l’auteur britannique a fait éclore de nombreux dialectes pour accompagner ces héros dans leurs quêtes. Il se présente d’ailleurs moins comme l’artisan de l’histoire de la Terre du Milieu que comme son traducteur. L’usage de ces langues est d’ailleurs ce qui donne de l’épaisseur à la mythologie de la Terre du Milieu, favorise la vraisemblance de cet univers fantasmé. Paru le 21 août dernier chez Bragelonne, Le Dictionnaire Tolkien convoque plus de 60 contributeurs qui analysent l’univers de Tolkien à travers ce qui le fascinait : les mots. Voici trois langues importantes dans l’univers de l’auteur.
Le ouistrain ou la langue universelle
C’est la langue la plus répandue en Terre du Milieu durant le Troisième Âge. Pour accompagner l’écriture de ses ouvrages, Tolkien a fait naître une belle histoire. Il explique avoir trouvé Le Livre Rouge — un épais volume écrit par Frodon et Bilbon après leurs aventures respectives — et avoir adapté ces récits en Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit. Le Livre Rouge est écrit en ouistrain, l’évolution de la langue de Numénor aux contacts d’autres dialectes de la Terre du Milieu après la destruction de l’île. On y trouve quelques éléments elfiques, il est aussi adopté par de nombreux peuples comme les Hobbits qui s’en emparent pour créer leur propre dialecte. La plupart des noms de lieux et de personnages sont en ouistrain hobbitique, Fondcombe, Sacquet…
Le sindarin, la langue des Elfes
Parmi toutes les langues imaginées ou évoquées par Tolkien, celles des Elfes sont de loin ces favorites. Ce sont d’ailleurs les plus développées, il consacrera une partie de sa vie à la création d’une véritable grammaire et d’un lexique riche. Le quenya est la langue des Vanyar (aussi connu sous le nom des Elfes Clairs) et le déclencheur d’une envie de créer des langues pour enrichir son univers. C’est néanmoins le sindarin qui constitue le langage le plus courant pour ces êtres immortels en Terre du Milieu. Tolkien explique l’avoir “délibérément construit pour ressembler phonologiquement au gallois”. S’il lui arrive d’emprunter directement des mots aux langues dont il s’inspire, l’auteur les utilise surtout pour concevoir la structure de ses langues inventées. Le vocabulaire sindarin est particulièrement riche, et il se retrouve dans le nom des personnages emblématiques de l’imaginaire de Tolkien. Elrond par exemple, peut signifier “dôme des étoiles”. Le prénom Galadriel signifie quant à lui “Dame des Arbres”.
Le noir parler, la langue du Mordor
Tolkien n’a édité qu’une trentaine de mots de cette langue inventée par Sauron pour s’adresser à ses disciples. Pourtant, c’est l’un de ses plus célèbres dialectes puisque l’inscription sur l’Anneau Unique est en noir parler dans sa forme pur. “Ash nazg durbatulûk, ash nazg gimbatul, Ash nazg thrakatulûk agh burzum-ishi krimpatul” se traduit ainsi “Un anneau pour les gouverner tous. Un anneau pour les trouver. Un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier”. Les Orques vont quant à eux utiliser une forme dégradée de ce langage guttural qui symbolise le mal qui nécrose la Terre du Milieu.
Pour en apprendre plus sur les langues imaginées par Tolkien mais aussi ses inspirations et la manière dont son imaginaire a façonné la fantasy et plus largement les récits de l’imaginaire, Le Dictionnaire Tolkien est paru le 21 août dernier chez Bragelonne. Il consiste en plus de 800 pages de notices, répertoriés par ordre alphabétique sous la direction de Vincent Ferré. Un ouvrage passionnant qui ne s’adresse pas qu’aux adorateurs du Seigneur des Anneaux, qui saura trouver un écho chez les néophytes désireux d’en apprendre plus sur la Terre du Milieu.
Découvrir le Dictionnaire Tolkien dirigé par Vincent Ferré
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