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Voyager 1 : un nouveau sauvetage périlleux prolonge la vie de la sonde légendaire

Le système de propulsion vieillissant de la sonde menaçait de lui faire perdre le contact avec la Terre, forçant la NASA à entreprendre une opération de maintenance risquée pour la sauver.

Avec presque un demi-siècle d’activité au compteur, Voyager 1 n’est plus toute jeune, et ça se sent. Après sa résurrection miraculeuse au terme d’une opération de sauvetage palpitante plus tôt dans l’année, le véhicule a rencontré des problèmes de propulseurs qui menaçaient sa capacité à s’orienter pour communiquer avec la Terre. La NASA a donc dû procéder à une nouvelle opération sous haute tension pour prolonger la vie de la sonde légendaire.

Cela fait déjà quelques années que Voyager 1 est dans une situation relativement précaire, notamment à cause de son réacteur nucléaire qui commence à montrer des signes de faiblesse. La sonde n’est plus capable de produire suffisamment d’énergie pour alimenter l’ensemble de ses instruments, forçant les opérateurs à faire des choix tranchés.

La propulsion, un sous-système vital qui bat de l’aile

Il y a cependant certains sous-systèmes que la NASA ne peut pas se permettre de perdre, sous aucun prétexte. Le plus important d’entre eux est sans doute le système de communication ; sans lui, Voyager serait incapable de renvoyer les données collectées vers la Terre, rendant l’engin fondamentalement inutile.

Mais pour communiquer avec une sonde spatiale située à plus de 24 milliards de kilomètres de la Terre, il faut bien plus qu’une simple antenne. À cette distance, l’émetteur doit être orienté très précisément en direction de notre planète, faute de quoi ses opérateurs seraient incapables de capter le signal. Même si Voyager 1 est déjà bien lancée et qu’elle n’a plus besoin d’accélérer, les propulseurs continuent donc de jouer un rôle déterminant.

Le problème, c’est qu’ils sont eux aussi en mauvais état. Cela fait déjà une vingtaine d’années que les tubes qui approvisionnent les propulseurs ont commencé à se boucher, suite à la détérioration progressive des valves qui séparent les réservoirs des chambres de réaction. Ce n’était donc plus qu’une question de temps avant que Voyager ne perde sa capacité à s’orienter, et par extension à communiquer.

La bonne nouvelle, c’est que les ingénieurs de l’époque avaient anticipé ces tracas. Ils ont doté chaque sonde Voyager de trois sous-systèmes de propulsion distincts — deux consacrés à l’orientation, et un pour les corrections de trajectoire. En 2002, quand un premier tube a commencé à se boucher, la NASA a donc pu passer le relais au deuxième système d’orientation. Quand cette deuxième branche a aussi commencé à s’obstruer, en 2018, les opérateurs ont pris la décision de rediriger toutes les ressources vers le système initialement conçu pour les corrections de trajectoire.

Un changement de propulseur sous haute tension

Ces opérations ont permis de repousser l’inévitable en augmentant la durée de vie de Voyager-1 de plusieurs années. Mais le temps a continué son impitoyable marche en avant, et tout récemment, la dernière partie du système de propulsion a aussi commencé à montrer des signes de faiblesse. Bouché par les résidus, le diamètre du tube achemine le carburant a atteint le seuil critique de 0,035 mm, ce qui est plus fin qu’un cheveu humain.

L’équipe du JPL s’est donc retrouvée face à une situation très difficile qui l’a forcée à improviser. La mort dans l’âme, elle a décidé de revenir au premier système de contrôle d’orientation qui était en meilleur état. Mais cette fois, les ingénieurs ne pouvaient pas simplement désactiver un système pour passer à l’autre.

En effet, la capacité de l’engin à produire de l’énergie a diminué considérablement depuis la dernière transition. Pour économiser de l’énergie, l’équipe au sol a notamment été forcée de désactiver certains des radiateurs qui permettent de maintenir les différents sous-systèmes à une température adéquate. Une décision lourde de conséquences qui a fortement compliqué la remise en service des propulseurs annexes. En effet, un redémarrage à froid aurait été extrêmement imprudent ; cette opération aurait instantanément pu détruire ce qui restait du premier système de propulsion, sonnant le glas de cet engin légendaire qui arpente le cosmos depuis presque un demi-siècle.

Le souci, c’est que Voyager 1 n’a plus assez d’électricité à disposition pour réactiver ces radiateurs vitaux sans couper les vivres à un autre système. Une équation quasiment insoluble, car ce n’est pas le seul sous-système dans un état précaire. En effet, la NASA ne souhaitait absolument pas désactiver les quelques instruments de bord encore opérationnels, car une fois mis en hibernation, il était fort probable qu’ils ne réussissent jamais à redémarrer.

Les ingénieurs du prestigieux Jet Propulsion Lab ont donc échafaudé un plan très audacieux pour résoudre ce problème ô combien épineux. Ils ont décidé de couper temporairement le radiateur principal qui permet à la sonde de résister au froid mordant de l’espace interstellaire, afin de libérer assez de ressources pour réchauffer le système de propulsion pendant une petite heure afin de pouvoir le relancer.

Il s’agissait d’une opération très risquée. Il était tout à fait possible que ce radiateur principal ne redémarre pas après la transition, ce qui aurait condamné la mission. En outre, il n’y avait aucune garantie que le premier système de propulsion donne des signes de vie, ce qui aurait été un immense crève-cœur.

Un sursis avant une fin inévitable

Fort heureusement, l’opération à haut risque s’est parfaitement déroulée. Grâce à cet apport de chaleur salvateur, les propulseurs ont réussi à sortir de leur torpeur, permettant à Voyager 1 de se réaligner pour communiquer avec la Terre. Le radiateur principal a également repris du service. La sonde va donc pouvoir continuer son aventure quelque temps.

Mais même si le JPL a fait preuve d’une ingéniosité remarquable jusqu’à présent, notamment lors du dernier sauvetage qui tenait carrément du « miracle », il commence réellement à arriver à court de solutions.

Les opérations de maintenance vont encore devenir de plus en plus compliquées. « Toutes les décisions que nous devrons prendre à l’avenir nécessiteront beaucoup plus d’analyses et de prudence qu’auparavant », a déclaré Suzanne Dodd, cheffe de projet Voyager au Jet Propulsion Laboratory.

Aussi impressionnant soit-il, ce nouveau sauvetage n’a là encore fait que repousser l’inévitable. Voyager 1 a certes gagné un petit sursis, mais ses jours restent comptés, car les innombrables problèmes dont il souffre ne vont faire qu’empirer. Et même avec la meilleure volonté du monde, ce n’est plus qu’une question de temps avant que cet engin rende son dernier souffle.

Il conviendra donc de profiter comme il se doit des dernières aventures de cette sonde légendaire qui a marqué l’imaginaire collectif au fer rouge, notamment grâce à des contributions historiques comme la fameuse photo intitulée « pale blue dot ».

Pale blue dot
En plissant les yeux, on peut repérer un “pale blue dot” au milieu d’une trainée claire; il s’agit de la Terre vue par Voyager depuis les confins du système solaire. © NASA / JPL-Caltech

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Source : NASA

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