Des chercheurs suédois ont développé un nouveau type de pacemaker injectable qui peut stabiliser le rythme cardiaque d’un patient en situation d’urgence vitale, sans devoir passer par une opération chirurgicale.
Pour maintenir une circulation sanguine stable, il est crucial que le cœur batte à un rythme relativement stable et suffisamment élevé. Lorsque la fréquence des battements augmente ou diminue sans raison apparente ou qu’elle est très irrégulière, on dit que le patient souffre d’arythmie cardiaque. C’est une situation qui est prise très au sérieux par le corps médical, et pour cause : en l’absence prise en charge, cela peut déboucher sur un tas de complications très sévères, et potentiellement fatales.
Des solutions salvatrices mais limitées
Lorsque l’arythmie est diagnostiquée suffisamment tôt, un cardiologue peut recommander un pacemaker, un petit dispositif implanté au contact du cœur qui en stabilise la fréquence à l’aide de petites décharges électriques régulières. Certains modèles peuvent même jouer le rôle de défibrillateur afin de sauver un patient sujet à des arrêts cardiaques.
C’est généralement une très bonne solution lorsque le problème est déjà documenté ; ces appareils sont remarquablement fiables, et l’opération qui permet de les implanter présente un risque relativement faible par rapport aux autres procédures chirurgicales impliquant le muscle cardiaque.
Mais cela reste une opération sérieuse qui doit impérativement être réalisée dans un environnement stérile, avec des instruments spécialisés, et par un professionnel qualifié. Cela signifie que les urgentistes n’ont pas la possibilité d’en installer un directement sur le terrain, même en situation d’urgence vitale. Il n’y a donc pas d’autre choix que de transporter le patient à l’hôpital en quatrième vitesse tout en le stabilisant le mieux possible à l’aide de divers médicaments injectables, et éventuellement d’un défibrillateur externe.
Un pacemaker d’urgence avec une électrode en gel
Mais cela pourrait changer grâce à la dernière invention des chercheurs de la prestigieuse Université de Lund, en Suède : ils ont développé une alternative portable et compatible avec les scénarios d’urgence.
La particularité de ce pacemaker d’urgence, c’est qu’il se présente sous la forme d’un gel. Il est injecté directement au contact du cœur à l’aide d’une aiguille extrêmement fine. Cette substance est truffée de nanoparticules conductrices qui, une fois en contact avec le tissu cardiaque, s’agglomèrent pour former un polymère qui se comporte comme une électrode. Il suffit alors d’insérer un petit câble extrêmement flexible (pas question de risquer d’endommager le cœur) pour relier cette surface de contact à un appareil externe, comme un téléphone portable équipé d’une application spécialement prévue à cet effet. Ce dernier peut alors fournir des petites impulsions électriques destinées à stabiliser l’organe, comme un stimulateur cardiaque traditionnel.
Selon les auteurs de l’étude, le gel reste en place pendant environ 5 jours. C’est un délai largement suffisant pour transférer le patient dans un établissement de soin capable de le prendre en charge. Au terme de cette période, il se dissout et est évacué spontanément par les voies naturelles. Il n’y a donc pas besoin d’une intervention chirurgicale pour le retirer. Sur le papier, il s’agit donc d’un outil très prometteur.
Une preuve de concept très prometteuse
Pour vérifier cette éventualité, les chercheurs ont commencé par tester le dispositif sur des animaux — en l’occurrence, des poissons-zèbres et des embryons de poulet. Les résultats ont été très encourageants ; ils ont observé que le gel adhérait très bien au cœur sans entraver ses mouvements. De plus, aucune toxicité ou effet secondaire néfaste n’a été observé avant ou après l’évacuation.
Satistisfaits par cette preuve de concept, l’équipe va désormais passer à des animaux dont l’anatomie est plus proche de la nôtre, comme des cochons. Ces derniers sont des cobayes idéaux dans ce contexte, car leur cœur ressemble tellement à celui des humains qu’il est même possible de le transplanter d’une espèce à l’autre.
Si ces tests se déroulent comme prévu, l’équipe pourra attaquer sereinement la dernière ligne droite avec un essai clinique. En cas de succès, cela débouchera sans doute sur un dispositif médical en bonne et due forme en bonne et due forme qui pourrait bien devenir un élément incontournable de l’arsenal des secouristes.
Le texte de l’étude est disponible ici.
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