Face à une critique assassine et une réputation de production invendable, Lionsgate doit prendre des mesures drastiques. En juin dernier, Francis Ford Coppola doit présenter son nouveau projet lors du Festival de Cannes. Le cinéaste l’a financé avec ses deniers personnels, les sociétés de productions n’y croyaient pas. Un péplum de science-fiction qui aura nécessité plusieurs décennies de travail, mais qui paraissait trop ambitieux pour s’illustrer dans les salles obscures. Peu de temps avant sa première cannoise, le métrage a été montré à des distributeurs, tous se seraient montrés réticents. Certains commentaires partagés à l’époque soulignaient la difficulté de commercialiser un tel mastodonte cinématographique.
Le réalisateur du Parrain et Dracula avait néanmoins ce qu’il fallait pour surprendre, on pouvait s’attendre à une belle surprise dans les cinémas du monde entier. Reste que quelques semaines avant sa sortie, Megalopolis n’avait toujours pas de distributeur dans le pays de l’Oncle Sam. S’il a rapidement été annoncé que Le Pacte se chargerait de promouvoir et transporter le métrage porté par Adam Driver dans les cinémas de l’Hexagone, les États-Unis semblaient faire la sourde oreille.
L’avant-première cannoise a été l’occasion pour le public de glaner ici et là de premières impressions. Elles n’étaient pas bonnes. “La cata-Coppola” pour Télérama, “pire empire” pour Rolling Stone ou encore un “péplum rétrofuturiste imbitable et brumeux” pour les envoyés spéciaux de Libération, les mauvais présages se réalisaient. Finalement, à la mi-juin 2024, Lionsgate annonce s’emparer du projet. Mais comment promouvoir un tel récit quand les critiques sont au mieux perplexes, au pire, assassines ?
@journaldugeek C’est quoi le problème avec la nouvelle bande-annonce de Megalopolis ? #journaldugeek #Megalopolis #lionsgate
Génie incompris ?
Lionsgate a publié il y a quelques jours une bande-annonce aux allures de gros coup de communication. Elle comprenait des extraits de critiques de chefs-d’œuvre de Coppola, du Parrain à Apocalypse Now en passant par Dracula. Le Parrain y est qualité de film “bâclé et complaisant”, Apocalypse Now est “creux dans son essence” ou encore l’adaptation de l’ouvrage de Bram Stroker “un triomphe du style au fond”. Lionsgate voulait rappeler que ces œuvres n’ont pas toujours été adulées à leur sortie, et laisser entendre qu’il en sera de même pour Megalopolis.
Problème, la plupart des critiques utilisées sont introuvables et de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette pratique. Owen Gleiberman, qui travaillait pour Entertainment Weekly au moment de la sortie de Dracula compte parmi les journalistes dont les propos ont été cités. Il déclare à Variety, à propos des critiques falsifiées : “Même si vous faites partie de ces gens qui n’aiment pas les critiques, ne nous méritons pas qu’on nous mette des mots dans la bouche. Le scandale derrière tout cela, c’est que toute la bande-annonce repose sur un faux récit”. D’autres citations semblent avoir été tirées de critiques de films tout à fait différents, à l’image de la phrase “un triomphe du style sur le fond” qui a été écrite pour le Batman de 1989.
“Nous avons fait une erreur”
Face à ce tollé, Lionsgate a été forcé de rétropédaler. La bande-annonce a été supprimée du compte YouTube de la firme, un communiqué a été publié. On peut y lire : “Nous présentons nos excuses les plus sincères aux critiques impliqués ainsi qu’à Francis Ford Coppola et American Zoetrope pour cette erreur inexcusable dans notre processus de sélection. Nous avons fait une erreur. Nous sommes désolés”. La séquence reste accessible via des comptes tiers, et permet de se figurer de l’approche de Lionsgate.
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