D’après TheNextWeb, la startup suisse Apheros vient de lever 1,85 million de dollars (environ 1,67 million d’euros) pour s’attaquer à un problème qui pèse de plus en plus lourd sur le secteur de la tech : le refroidissement des datacenters.
Ces derniers sont des éléments cruciaux de l’écosystème numérique moderne. Ils centralisent des serveurs, des systèmes de traitement et des supports de stockage dont dépendent tous les services numériques dont nous bénéficions aujourd’hui. Et leur importance ne va faire qu’augmenter dans le futur, avec la démocratisation du cloud computing haute performance et la montée en puissance des systèmes basés sur l’intelligence artificielle.
Mais cette dépendance pose aussi une ribambelle de problèmes. Le plus évident, c’est que tous ces équipements ont tendance à consommer des quantités d’énergie astronomiques. C’est évidemment tout sauf idéal dans le contexte actuel de crise environnementale, mais pas seulement; même en faisant abstraction de cette dimension “développement durable”, c’est aussi une contrainte qui devient de plus en plus difficile à négocier d’un point de vue strictement technique.
La chaleur, l’ennemi numéro un des data center
En effet, les data centers de pointe produisent de telles quantités de chaleur que les ingénieurs doivent constamment développer des systèmes de refroidissement toujours plus performants. Or, même si nous sommes encore relativement loin d’atteindre un point de rupture à ce niveau, il devient tout de même urgent de trouver des solutions nettement plus efficaces que celles qui existent aujourd’hui.
Plusieurs entreprises et institutions se sont déjà lancées à la poursuite de cet objectif depuis plus de dix ans, y compris en France. Certains tentent de régler le problème en exploitant directement la chaleur produite par ces équipements. Par exemple, le centre aquatique de la commune de Bailly-Romainvilliers, en Seine-et-Marne, est chauffé par le datacenter voisin opéré par Natixis. Des projets similaires ont aussi vu le jour dans les pays voisins, et notamment au Royaume-Uni.
Mais même si cette approche produit d’excellents résultats, elle ne résout pas le problème de base : le vrai enjeu, c’est d’augmenter l’efficacité des transferts de chaleur qui permettent de refroidir les serveurs.
Une mousse métallique diablement efficace
C’est là qu’intervient Apheros, une startup suisse née au prestigieux ETH de Zurich. Elle développe de nouvelles solutions de refroidissement basées sur un nouveau type de mousse métallique.
D’un point de vue thermodynamique, cette approche repose sur des bases solides, car les métaux présentent une conductivité thermique largement supérieure à celle de l’air qui est typiquement utilisé pour extraire la chaleur des composants dans la majorité des datacenters. C’est notamment pour cette raison que les adeptes de l’overclocking extrême ont souvent recours à des interfaces à base de métal liquide.
Mais le produit d’Apheros dispose d’un gros avantage par rapport à ces produits : sa structure. L’efficacité des transferts de chaleur est intimement liée à la superficie de l’interface; plus elle est importante, plus on peut y faire circuler de chaleur. Or, les mousses disposent typiquement d’une porosité très importante. L’abondance de ces minuscules orifices fait augmenter la surface de manière exponentielle par rapport à un matériau plus dense.
Cela se manifeste par un transfert nettement plus efficace vers le système de refroidissement déjà existant, surtout lorsqu’on ajoute la composante métallique à l’équation. D’après la co-fondatrice et PDG Julia Carpenter citée par VentureBeat, cette solution peut augmenter les transferts de chaleur d’environ 90%.
Une solution peu chère et polyvalente
Évidemment, la startup n’a pas révélé la composition de sa mousse, puisqu’il s’agit d’un secret à vocation commerciale. TheNextWeb précise toutefois qu’elle peut être adaptée à différents types de métaux. Il s’agit donc d’un matériau polyvalent qui, en théorie, peut convenir à une large gamme de systèmes différents.
Il s’agit aussi d’une solution plutôt économique. Dans son interview à VentureBeat, Carpenter explique que cette mousse représente moins de 5% du prix total d’un système de refroidissement standard. Ce point pourrait grandement faciliter l’adoption du produit par les entreprises une fois qu’il arrivera sur le marché.
Il conviendra donc de suivre la trajectoire de cette startup qui vient de bénéficier d’une perfusion financière substantielle, mais aussi de toutes les autres entreprises qui travaillent sur ce genre de solution. Le refroidissement à grande échelle est un problème d’ingénierie fascinant et souvent sous-estimé à cause de sa discrétion, alors qu’il joue pourtant un rôle crucial dans notre écosystème technologique moderne. Il sera donc intéressant de voir comment ces technologies cruciales vont évoluer pour répondre aux besoins des nouveaux datacenters qui sont en train de pousser comme des champignons après la pluie un peu partout dans le monde.
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Des nouveaux ventirads pour les pc conventionnelle ?
Je ne suis pas certain de comprendre la physique derrière le concept. Oui, la porosité augment la surface de contact et l’échange thermique, mais l’extraction de la chaleur piégée dans les micro-alvéoles est bien plus difficile en utilisant une flux d’air classique. D’autre part, la masse thermique d’un matériau alvéolé est bien plus faible qu’un matériau plein. Si quelqu’un peut (in)valider ma théorie de comptoir…