En janvier 2022, l’astéroïde 1994 PC1, de la taille du Golden Gate Bridge le célèbre pont de San Francisco, a été détecté en direction de la Terre. De quoi générer une sérieuse inquiétude concernant une collision ! Toutefois, des astronomes chinois ont rapidement déterminé que l’astéroïde passerait à une distance de deux millions de kilomètres, soit cinq fois la distance entre la Terre et la Lune. Ouf ! Une conclusion rendue possible grâce à une manœuvre inédite d’un satellite chinois Jilin-1, qui se destine normalement à l’observation de la Terre.
La course aux technologies spatiales
Ce satellite, opérant en orbite basse, a été reconfiguré pour observer les profondeurs de l’espace et enregistrer des images de 1994 PC1 avec une précision sans précédent. En ajustant la position orbitale du satellite et en modifiant les paramètres d’exposition des capteurs optiques, les chercheurs chinois ont réduit l’erreur de positionnement de l’astéroïde à seulement 33 kilomètres, une amélioration spectaculaire par rapport aux précédentes estimations.
Selon un article publié en avril dans la Chinese Journal of Deep Space Exploration, cette réussite marque une avancée majeure dans la capacité de la Chine à surveiller les objets célestes qui pourraient être dangereux. Les chercheurs ont annoncé leur intention de poursuivre des expériences similaires pour améliorer encore la surveillance des astéroïdes qui s’approcheraient d’un peu trop près du plancher des vaches.
Alors que cette mission révèle les capacités impressionnantes de la Chine en matière d’observation spatiale, elle a également exacerbé les craintes des pays occidentaux, en particulier des États-Unis. La constellation Jilin-1, composée de plus de 100 satellites, est actuellement le plus grand réseau d’observation terrestre en opération. Outre ses capacités de détection d’astéroïdes, elle a démontré sa puissance en capturant des images haute résolution de cibles militaires, comme un chasseur F-22 américain en vol et une fusée au moment de son décollage.
Cette montée en puissance technologique est perçue par les responsables américains comme une menace croissante pour la sécurité nationale. Lors d’un forum sur la sécurité spatiale organisé par l’Institut Mitchell pour les études aérospatiales en mars dernier, le général Chance Saltzman, chef des opérations spatiales américaines, a dit ses préoccupations concernant la capacité de la Chine à créer des « réseaux de destruction » via ses satellites d’intelligence, de surveillance et de reconnaissance (ISR).
La Chine lance environ 100 satellites par an, la majorité d’entre eux étant conçus pour des opérations de guerre spatiale plutôt que pour des usages commerciaux. La mission de suivi de l’astéroïde 1994 PC1 a montré que la Chine est désormais capable de détourner ses ressources spatiales pour des objectifs de sécurité globale, alors que les idées similaires envisagées par la NASA et l’Agence spatiale européenne restent encore à l’état de projet.
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