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DSA : l’Europe rappelle Elon Musk à l’ordre… et en prend pour son grade

Les tensions continuent entre l’Europe et le magnat américain, dont le réseau social fait l’objet d’une grande enquête de la Commission européenne.

Elon Musk s’est encore disputé avec les institutions européennes autour du contenu mis en avant sur son réseau social. Après avoir été interpellé par l’intermédiaire d’une lettre ouverte qui a fait couler beaucoup d’encre, le sulfureux milliardaire s’en est pris au Commissaire européen Thierry Breton avec son tact habituel.

Les bases de ce feuilleton ont été posées la semaine dernière, quand Donald Trump a annoncé la tenue d’une « interview majeure » conduite par Musk lui-même, partisan revendiqué du candidat à la présidentielle. L’interview a été diffusée en direct sur X — une nouvelle plutôt inattendue. Pour rappel, l’ancien président avait déserté la plateforme, encore appelée Twitter à l’époque, après en avoir été temporairement banni suite à son implication dans le fameux incident du Capitole en janvier 2021.

En prévision de cet événement, le Commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a publié une lettre ouverte dans laquelle il rappelait à l’homme le plus riche du monde que son réseau restait soumis à la législation européenne. Plus spécifiquement, il faisait référence au Digital Services Act (DSA), un texte qui vise entre autres à endiguer la propagation du « contenu qui fait la promotion de la haine, du désordre, de la violence, et de certains types de désinformation ».

« Un grand public implique de grandes responsabilités », a écrit Breton sur Twitter en préambule de sa lettre. « Étant donné que le contenu concerné est accessible aux utilisateurs de l’UE et qu’il est aussi amplifié dans notre juridiction, nous ne pouvons pas exclure d’éventuelles retombées dans l’UE », a-t-il ajouté en faisant planer la menace de « mesures provisoires » — un terme générique qui pourrait désigner un blocage temporaire du réseau en cas de dérive.

Une réponse virulente

Comme on pouvait s’y attendre, ce sermon n’a pas été du goût de Musk. Ce partisan revendiqué de la « liberté d’expression absolue » entretient des rapports conflictuels avec Bruxelles quelque temps déjà. L’année dernière, la Commission a lancé une enquête sur le réseau social pour non-respect de ce même Digital Services Act. Et sans surprise, le patron de SpaceX et Tesla a répliqué avec un meme injurieux qui se passe de traduction.

Même si la formule a été plus délicate, le camp de Donald Trump s’est promptement aligné derrière son nouveau champion, qui ne cesse de clamer son soutien à l’ex-président républicain depuis plusieurs semaines. « L’Union européenne devrait s’occuper de ses propres affaires au lieu de tenter de s’immiscer dans l’élection présidentielle américaine », a déclaré un porte-parole de la campagne cité par le Financial Times.

Mais ce qui est plus étonnant, c’est que le reste des institutions européennes n’a pas franchement fait bloc derrière Thierry Breton. Toujours selon le Financial Times, il n’a jamais reçu l’aval de la présidente Ursula Von Der Leyen avant de publier la lettre de la discorde, qui semble avoir mis l’institution dans l’embarras. « Le timing et la formulation de la lettre n’ont été ni coordonnés ni convenus avec la présidente ni avec les [commissaires] », a indiqué la Commission.

On se retrouve donc dans une drôle de situation. Car si Breton est entièrement habilité à superviser l’application du DSA en toute indépendance, il est tacitement admis que les Commissaires sont censés se coordonner entre eux avant de prendre ce genre d’initiative. Et à l’heure actuelle, il est difficile de savoir comment interpréter cette divergence.

Trump et Musk unis contre l’UE

La position de la Commission pourrait témoigner d’une volonté de prendre ses distances avec cette affaire afin d’éviter de jeter de l’huile sur le feu, dans un contexte où de nombreux politiciens européens s’inquiètent des conséquences potentielles d’un retour de Trump au pouvoir. Pour rappel, au pic des tensions avec la Russie, il avait aussi encouragé le pays de Vladimir Poutine à « faire ce qu’il voulait » avec les pays qui ne contribuaient pas suffisamment au budget militaire de l’OTAN à son goût. Plus largement, lors de son premier mandat, il avait régulièrement manifesté une certaine hostilité à l’égard du Vieux continent, notamment en imposant des droits de douane sur certains produits stratégiques.

Et forcément, la question est aussi arrivée sur la table lors de ce fameux débat particulièrement décousu. Selon Politico, Musk a tendu la perche à Trump en lui demandant ce qu’il pensait des « nombreuses tentatives de censure et d’imposition de la censure, même sur les Américains d’autres pays ». L’ex-président n’a pas mordu à l’hameçon, mais il n’a pas manqué l’occasion de se lancer dans une diatribe sur les vices qu’il attribue aux institutions européennes. « Ils profitent grandement des États-Unis au niveau commercial », a-t-il persiflé avant d’embrayer sur la question de la Défense. « Pourquoi les États-Unis payeraient-ils un montant disproportionné pour défendre l’Europe, plus que l’Europe elle-même ? Ça n’a pas de sens », a-t-il conclu après un dernier tacle appuyé. « Ils ne sont pas aussi durs que la Chine, mais ils sont mauvais », cite Politico.

Les tensions entre Trump, Elon Musk armé de son canal de communication tout-puissant et l’Europe ne vont donc sans doute pas s’apaiser à court terme, notamment sur la question de la liberté d’expression et sur la façon dont elle s’applique aux réseaux sociaux. Il conviendra donc de suivre attentivement l’évolution de ces rapports de force à l’approche de l’élection américaine qui se tiendra en novembre prochain, car le résultat aura forcément des répercussions importantes sur les relations entre l’Europe et l’Oncle Sam, et potentiellement sur le futur des réseaux comme X dans nos contrées.

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Source : Politico

6 commentaires
  1. durant les mutliples élections, on a eu pareil en France avec les sites d’informations, des gros vidéastes twitch / youtube, des chaines de tv qui censurent, font du bashing permanent, donnent des indications de votes et bizarrement aucun n’a été sanctionné / réprimandé, aucun n’a reçu une lettre de l’UE ou d’organisme de régulation.

    d’un autre la liberté d’expression ne veut pas dire imposer à tous sa vision unique et de museler ceux qui veulent participer à la discussion.

    1. Elon Musk tout comme Trump leur font peur donc l’UE essaie de les museler mais je ne crois pas que cela marchera et c’est tant mieux. J’espère que Trump sera réélu en novembre car cela peut nous aider à reprendre notre souveraineté. Ce n’est peut être pas le meilleur Président mais il vaut largement mieux que Macron etcette dinde de Kamala Harris.

  2. Comme d’habitude. L’Europe s’écrase lamentablement lorsqu’un de ces representants se fait insulter.
    Les règles implicites n’existent pas et ne peuvent servir d’excuse. BRETON à totalement le pouvoir de défendre l’application du DSA en toute autonomie donc l’Europe DOIT réagir.

  3. La liberté d’expression est un concept américain. La déclaration des droits de l’homme ne la garantie pas, relisez-la.

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