Huit mois se sont écoulés depuis qu’un patient a reçu la toute première puce Neuralink, l’interface cerveau-machine médicale conçue par l’entreprise d’Elon Musk. Et apparemment, le programme est en train de passer à la vitesse supérieure : le dispositif a été implanté à un deuxième patient, et la startup prévoit d’en opérer plusieurs autres avant la fin de l’année.
Entre deux prises de bec lunaires avec Nicolas Maduro, le président vénézuélien fraîchement réélu dans des circonstances pour le moins louches, le sulfureux magnat a pris le temps de s’exprimer une nouvelle fois dans le podcast à succès du chercheur Lex Fridman. Au cours de cet échange de huit heures (!), il a notamment donné quelques nouvelles de ce second patient.
Quid des électrodes ?
Son identité n’a pas encore été révélée, mais on sait qu’il ou elle souffre d’un traumatisme de la moelle épinière comparable à celui du premier participant, NolanD Arbaugh. Ce dernier, qui avait été paralysé suite à un accident de plongée, avait pu récupérer une partie de son autonomie grâce à la puce. Dans les vidéos promotionnelles diffusées par Neuralink pour documenter le processus, on pouvait notamment le voir manipuler son ordinateur ou affronter son père sur Mario Kart sans aucune interface physique, exclusivement par la pensée.
Et si l’on se fie aux propos de Musk, la deuxième personne semble bien partie pour arriver aux mêmes résultats. « Je ne veux pas lui porter la guigne, mais cela semble s’être extrêmement bien passé avec le deuxième implant », a déclaré Musk selon Reuters. « Il y a beaucoup de signaux, beaucoup d’électrodes. Cela fonctionne très bien. »
Un peu plus tard, il a précisé qu’un total de 400 électrodes étaient actives. Un chiffre pas anodin. Par le passé, l’entreprise a longuement expliqué que les fils ultrafins implantés directement dans le cerveau pour connecter le dispositif contenaient plus de 1000 électrodes. On se retrouve donc avec un écart important dont l’origine est assez mystérieuse. Les 600 autres électrodes ont-elles dysfonctionné ? N’ont-elles simplement pas été activées ?
Pour l’instant, le mystère reste entier. Et c’est bien dommage, car ces fameuses électrodes font partie des éléments qui ont donné beaucoup de fil à retordre à l’entreprise — et c’est le cas de le dire. Pour rappel, Arbaugh avait rencontré de sérieux soucis à ce niveau. Après son opération, tous les fils porteurs d’électrodes n’avaient pas réussi à rester en place très longtemps ; près de 85 % d’entre eux se sont résorbés et ne pouvaient donc plus faire le lien entre le cerveau et la puce !
Heureusement, les ingénieurs ont réussi à corriger le tir sans procéder à une nouvelle opération. Ils ont simplement procédé à des ajustements du logiciel de contrôle, notamment pour augmenter la sensibilité des électrodes restantes. Une bonne nouvelle pour le patient, mais cela signifie aussi que l’entreprise est désormais attendue au tournant : elle doit impérativement trouver un moyen d’empêcher ces fibres de se déplacer. Mais les solutions potentielles ne se bousculent pas au portillon. Impossible, par exemple, d’ancrer les fibres dans le cerveau, car elles pourraient alors provoquer des lésions dangereuses.
Huit autres patients avant la fin de l’année
Pour résoudre le problème, Ars Technica expliquait que l’entreprise allait désormais implanter les fils plus profondément (8 mm contre 3 à 5 mm chez Arbaugh). Musk n’a pas révélé si ce changement de procédure avait déjà été mis en place lors de ce deuxième essai clinique. Si c’est le cas et qu’environ 60 % des électrodes se sont tout de même résorbées, cela représenterait évidemment un gros problème.
Même s’il est encore trop tôt pour affirmer quoi que ce soit à ce sujet, c’est une question particulièrement importante dans le contexte actuel. En effet, l’entreprise veut largement accélérer la cadence dans un futur proche.
Musk s’attend à ce que Neuralink opère huit patients supplémentaires avant la fin de l’année. Il y a quelques mois, il avait aussi annoncé vouloir réaliser 20 000 opérations de ce type avant la fin de la décennie. Or, la firme ne pourra difficilement atteindre ces objectifs si les électrodes ne se comportent pas comme prévu. Il conviendra donc de suivre les prochaines annonces de Neuralink sur les détails de la procédure avec une attention toute particulière.
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Faut quand même arrêter sur un point : “Musk n’a pas révélé si”. C’est juste un perroquet de luxe !!! Il s’y connait autant en physiologie du cerveau que sur les autres sujets sur lesquels il déblatère. C’est son entreprise Neuralink et son département R&D avec des gens spécialisés qui ont parlé des solutions.