La sortie de Road House aura été mouvementée. En janvier dernier, peu de temps avant la sortie du métrage sur Prime Video, Doug Liman s’invitait dans les colonnes de Deadline pour partager sa frustration. Tandis qu’il travaillait depuis plusieurs années sur un remake du film des années 80 à destination des salles obscures, le rachat de la MGM a finalement transporté le métrage avec Jake Gyllenhaal directement dans les rayons de Prime Video. Si l’entreprise se voulait rassurante au moment du rachat en 2021, plusieurs projets se sont vus privés de sortie au cinéma. Doug Liman expliquait à l’époque :
“Amazon m’a demandé, ainsi qu’à la communauté cinématographique, de leur faire confiance. Les déclarations publiques concernaient leur soutien aux cinémas, puis ils ont fait volte-face et ont utilisé Road House pour vendre du matériel de plomberie”.
Le cinéaste avait accompagné ces déclarations d’une promesse : il ne sera pas là pour présenter le film. “Je voulais protester silencieusement contre la décision d’Amazon. Mais Amazon fait du mal à bien plus que moi et mon film”. S’il a finalement accompagné Gyllenhaal sur la scène lors de l’avant-première au festival South by Southwest, l’affaire avait eu un certain retentissement. Avant la sortie de son nouveau film, The Instigators, le réalisateur revient sur l’incroyable succès d’audience et les retombées financières. Interrogé par IndieWire, il explique :
“Mon problème, c’est que nous avons fait le film pour que MGM l’emmène au cinéma, tout le monde a été payé comme s’il allait être diffusé au cinéma. Puis Amazon est revenu sur cette décision et personne n’a reçu de compensation. 50 millions de personnes ont vu Road House. Je n’ai pas touché un centime. Jake Gyllenhaal et le producteur Joel Silver non plus. C’est mal”.
Un cas d’école
Lors d’une sortie au cinéma, les acteurs, réalisateurs et producteurs touchent des bonus en fonction des performances du métrage au box-office mondial. Le plus souvent, c’est sous la forme de paliers à franchir que cette rémunération prend forme. Dans le cas du streaming, c’est un peu plus compliqué. Dans un premier temps, car les plateformes entretiennent le mystère quant aux audiences réelles de leurs productions, dans un second temps, parce que les bénéfices engrangés par une production sont plus difficiles à évaluer. Tandis que c’est l’achat d’un billet qui définit le succès d’un film, les plateformes ne peuvent que compter sur les abonnements.
Cette opacité était d’ailleurs à l’épicentre de la grève des acteurs et des scénaristes qui a eu lieu l’année dernière. Doug Liman ajoute néanmoins que tous les acteurs du secteur ne procèdent pas de la même manière. Il explique au sujet d’Apple TV+ (qui produit son nouveau film) : “Dans le cas d’Apple, dès le début, nous avons dit que nous le faisions pour le streaming. Nos contrats rémunéraient le streaming, nous sommes tous rémunérés pour qu’il soit disponible en streaming. Il y a ce que l’on appelle un rachat de streaming, Apple a été honnête dès le début”. Si de tels accords avaient été conclus pour Road House, une compensation aurait été versée après le succès incontesté du métrage d’action. Contacté par IndieWire, Amazon Studios n’a pas encore apporté une réponse à ces déclarations de Doug Liman.
Une nouvelle chance ?
En mai dernier, Prime Video a annoncé une suite pour Road House. Jake Gyllenhaal va reprendre du service, mais la participation de Doug Liman reste incertaine. Le cinéaste n’est pas rattaché au projet et il paraît assez peu probable qu’il le soit. On peut néanmoins s’attendre à ce que chacune des personnes impliquées dans cette suite se voit cette fois proposer un contrat répondant aux exigences des syndicats WGA et SAG-AFTRA concernant les droits résiduels et le streaming. Quant à Doug Liman, il dévoilera son nouveau film The Instigators le 9 août sur Apple TV+. Il met en scène Matt Damon et Casey Affleck.
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