Le sexe fait rarement bon ménage avec les plateformes grand public. À l’image de la plateforme uTip, obligée de mettre la clé sous la porte à causes de restrictions anti-pornographie, ou encore de Twitch qui a autorisé la nudité pendant 24 heures, avant de rapidement retourner sa veste, Etsy vient à son tour de serrer la vis concernant la sexualité. Les nouvelles politiques de ventes de l’entreprise, discrètement mises à jour et partagées par le média américain Mashable viennent en effet de porter un coup fatal aux fabricants de jouets sexuels.
Etsy serre la vis sur la sexualité
Depuis le 29 juillet 2024, la nouvelle réglementation Etsy durcit le ton concernant les représentations sexuellement explicites et les jouets sexuels. Concrètement, la plateforme interdit toujours la pornographie, mais se veut plus sévère en matière de nudité. Désormais, il est interdit de montrer des personnes nues ou partiellement nues. Une restriction qui s’applique aussi aux tenues jugées trop moulantes ou transparentes par l’entreprise, qui se réserve le droit de supprimer les produits ne respectant pas sa politique de vente.
Côté organes génitaux, l’heure est au conservatisme. En plus d’interdire les vulves, les pénis et les anus réalistes, Etsy prohibe aussi le sillon interfessier et les tétons, uniquement féminins. Seules les représentations non réalistes sont autorisées, sous conditions.
Ce qui est interdit dans les nouvelles CGU d’Etsy
- Contenus pornographiques imprimés, réalistes ou non
- Nudité complète ou suggérée avec des vêtements trop moulants et/ou transparents, floutés ou censurés
- Représentation des organes génitaux, ainsi que de l’anus, le sillon fessier et des aréoles / tétons féminins (pour les dessins et contenus non réalistes : organes génitaux autorisés, sans positions sexuelles, ni excitation visible, ni fluides)
- Représentation d’actes sexuels illégaux (nécrophilie, inceste, zoophilie…), même suggéré
- Vente de produits fétichisés ayant été utilisés (ex : culottes usagées)
- Vente de photos ou vidéos fétichisées, y compris sans représentation sexuelle (ex : pieds, mains)
- Vente de jouets sexuels destinés à être insérés dans le corps, ou conçus pour y insérer des organes génitaux
- Vente de produits et jouets sexuels conçus pour être appliqués sur les organes génitaux
Interdire les sextoys, mais pourquoi ?
La plus grosse nouveauté concernant cette mise à jour des conditions de vente Etsy concerne les jouets pour adultes. Ces derniers étaient jusqu’à présent autorisés sur la plateforme, permettant à de nombreux créateurs artisanaux de profiter d’une vitrine internationale pour leur travail. La plateforme vient de signer l’arrêt de mort de bon nombre d’entre eux, en interdisant désormais tous les objets destinés à être insérés dans le corps (dildos, godemichets et plugs anaux donc), ainsi que tous les objets destinés à accueillir un organe génital (masturbateur), et tous ceux destinés à être appliqués sur les parties intimes (ce qui devrait théoriquement inclure les stimulateurs clitoridiens, ainsi que les lubrifiants et autres cosmétiques intimes).
Pas de jaloux, l’interdiction, confirmée par Alice Wu Paulus, directrice confiance et sécurité dans un post communutaire de l’entreprise concerne donc tout le monde. L’ensemble des vendeurs et des vendeuses ont été informés en amont, ils doivent désormais être en conformité avec ces nouvelles directives, sous peine d’être bannis de la plateforme.
Quelques accessoires restent autorisés
En officialisant sa nouvelle politique, Etsy signe la fin d’une importante communauté de créateurs et créatrices dédiés à la sexualité et aux jouets pour adultes. Seuls quelques accessoires restent autorisés, conformément aux directives de l’entreprise concernant la vente de contenu explicite. Les accessoires BDSM (type harnais, menottes, fouets…) restent autorisés, de même que le mobilier sexuel (fauteuil tantra, croix de Saint-André…). Les représentations sexuelles non réalistes sont tolérée, mais ne doivent pas montrer de signe d’excitation, de positions sexuelles ou de fluides.
De plus, la vente de produits explicites est strictement encadrée : tag obligatoire, interdiction d’apparaître dans une zone publique du profil des vendeurs… de quoi pousser les créateurs et les créatrices à rapidement changer de crèmerie… s’ils en ont les moyens. Pour les autres, il sera toujours possible de contourner les interdictions en jouant sur les mots et les usages.
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