Epic Games, le développeur bien connu derrière le battle royale Fortnite, a récemment annoncé une série de changements significatifs concernant la distribution de ses jeux sur les appareils mobiles. Après avoir perdu son procès contre Apple, la firme a tout de même obtenu de l’Europe une nouvelle loi lui permettant d’installer son store alternatif sur les appareils iOS. Le constructeur des iPhone n’a eu d’autre choix que d’autoriser à la fois ces stores mais aussi les méthodes de paiement concurrentes.
Epic Games annonce aujourd’hui son intention de retirer Fortnite et d’autres titres de certains magasins d’applications mobiles, qualifiés de « collecteurs de loyers » par la société. Cette décision touche notamment le Samsung Galaxy Store. Epic Games justifie ce retrait en déclarant vouloir soutenir les stores qui offrent de meilleures conditions à tous les développeurs, même si cela implique de renoncer à des accords avantageux pour ses propres jeux. On rappelle que la commission prise par la plupart des revendeurs est de 30%, tandis qu’Epic Games ne prend qu’une commission de 12% sur le prix du produit, le reste étant reversé aux développeurs.
Cette stratégie vise clairement à rediriger le trafic de Fortnite vers sa propre boutique numérique sur iOS et Android, prévue pour être lancée en Europe cette année, grâce aux nouvelles régulations de l’UE, et mondialement sur Android. En se retirant des plateformes majeures et en se concentrant sur des plateformes tierces comme AltStore, Epic Games espère échapper aux commissions élevées imposées par des géants comme Apple et Google. La promesse pour le moment est d’en faire bénéficier les joueurs, en leur proposant un prix moins élevé.
Epic Games prend position
Ce retournement de situation est particulièrement ironique. Epic Games a longtemps critiqué Apple pour ses pratiques jugées anticoncurrentielles. En retirant ses jeux de certaines plateformes pour se concentrer sur sa propre boutique, Epic pourrait être perçue comme cherchant à établir une position monopolistique similaire. Cette démarche pourrait limiter les propositions d’achat pour les utilisateurs qui ne souhaitent pas passer par des stores alternatifs, en particulier si elle conduit d’autres développeurs à suivre son exemple et à quitter les plateformes établies au profit d’une plus grande indépendance mais moins de visibilité.
De plus, le retrait de Fortnite du Samsung Galaxy Store marque une rupture notable avec un partenaire historique. Malgré cette décision, Epic assure qu’elle continuera à supporter pleinement les appareils de la marque. Cependant, cette rupture signale un changement stratégique majeur et un désaveu des pratiques de Samsung, notamment concernant le sideloading qui est le point de discorde entre les deux entreprises aujourd’hui.
Que pensera l’Union Européenne de cette pratique ?
La tension entre la quête d’indépendance d’Epic Games et les accusations d’anti-concurrentialité qu’elle risque de susciter illustre un dilemme complexe dans le monde de la distribution des applications. Les nouvelles régulations européennes offrent à Epic une opportunité de contourner les restrictions des géants de la technologie, mais elles posent également la question de savoir si cette nouvelle stratégie est véritablement bénéfique pour l’écosystème des développeurs en général, ou si elle ne fait que remplacer une domination par une autre.
En fin de compte, si Epic Games réussit à imposer son modèle de distribution, cela pourrait redéfinir les règles du jeu pour les développeurs d’applications. Cependant, la manière dont cette stratégie sera perçue par les régulateurs et les consommateurs reste à voir. D’autant plus que Fortnite n’est pas la seule application concernée selon les rumeurs. Rocket League, Postparty ou encore Sideswipe pourraient également se joindre au mouvement.
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