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Cette plante extrême peut-elle transformer Mars en une deuxième Terre ?

Des chercheurs chinois ont conclu que Syntrichia caninervis était bien équipée pour survivre sur l’impitoyable planète rouge, et qu’elle pourrait permettre à l’humanité de terraformer des mondes extraterrestres.

La Terre regorge d’espèces incroyablement résistantes qui sont capables de supporter des conditions de température, de pression, de sécheresse, d’acidité, de toxicité ou même de radioactivité extrêmes. L’exemple le plus célèbre est sans doute le tardigrade, un micro-organisme capable de survivre au vide impitoyable de l’espace. Ce véritable tank biologique a toutefois de la concurrence du côté des végétaux, en particulier du côté des bryophytes — un groupe qui rassemble notamment ce que l’on appelle communément les mousses.

Ces organismes sont connus pour leur résilience remarquable à bien des niveaux. En l’absence d’eau, elles peuvent passer dans un état de dormance puis se réveiller comme si de rien n’était une fois que les conditions sont plus favorables. Si le mercure monte ou descend rapidement, pas de souci ! Elles peuvent supporter des variations de température qui seraient mortelles pour la plupart des autres végétaux. Elles sont aussi très résistantes à différents agents toxiques : ni les métaux lourds ni les radiations ne leur font peur, grâce à des mécanismes de détoxification et de régénération très performants. Pour couronner le tout, elles sont aussi capables de se nourrir dans des environnements où la plupart des autres espèces n’arrivent même pas à trouver la moindre molécule de matière première, comme la surface des rochers ou des sols en apparence stériles.

Grâce à ces superpouvoirs, ce groupe extrêmement ancien a joué un rôle central dans le développement du vivant. La contribution initiale des mousses a significativement altéré le climat et le cycle des nutriments, permettant à des tas d’autres espèces de proliférer dans des environnements autrefois déserts pour arriver à l’immense biodiversité que l’on connaît aujourd’hui.

Une résistance extrême aux environnements hostiles

Dans une étude récente, des chercheurs chinois se sont intéressés aux limites physiologiques de Syntrichia caninervis. Cette espèce de bryophyte honore la tradition de ses ancêtres préhistoriques, puisqu’elle continue à vivre dans des environnements très difficiles comme les déserts de Chine, les plaines arides de la Mongolie, les étendues gelées de la Sibérie… et même l’Antarctique. En partant de ce constat, des chercheurs se sont posé une question fascinante : cette plante pourrait-elle survivre sur Mars ?

Pour vérifier cette hypothèse, les auteurs l’ont poussée dans ses retranchements avec une batterie de tests très exigeants qui auraient eu raison de la majorité des autres plantes. Les premiers concernaient la température ; les chercheurs ont constaté que S. caninervis peut récupérer sans problème après avoir passé un mois à -196 °C.

La plante est aussi capable de supporter des doses de radiations phénoménales. A 500 Gy, soit 100 fois la dose létale pour un humain moyen dans un délai de deux semaines, non seulement la plante n’a pas dépéri, mais son métabolisme a même accéléré ! Et pour atteindre la DL50, soit la dose létale pour 50 % des cobayes, il a fallu pousser jusqu’à… 5000 Gy, ce qui est plusieurs centaines de fois supérieur à la dose reçue par les victimes d’Hiroshima.

Syntrichia Caninervis Résistance
© Li et al.

À partir de là, les chercheurs ont entrepris de lui concocter une petite simulation des conditions martiennes. Les plantes ont été placées dans un environnement à -60 °C la nuit et 20 °C le jour, ce qui correspond aux conditions de la surface de Mars au niveau de l’équateur. La composition de l’atmosphère été altérée pour correspondre à celle de Mars, avec 95 % de dioxyde de carbone, un peu d’azote et d’argon, et quelques traces d’oxygène, de vapeur d’eau et de méthane. Le tout a été placé à une pression d’environ 750 Pa, environ 130 fois moins que sur la Planète bleue. Enfin, les plantes ont été soumises à des doses de rayonnements UV relativement élevées, puisque la fine atmosphère de la Planète rouge n’est pas capable de les filtrer aussi efficacement que la nôtre.

Au terme de l’expérience, le verdict était sans appel. Une fois replacés dans des conditions plus favorables, les échantillons déshydratés sont revenus à la vie sans problème après quelques semaines. Les plantes non déshydratées ont mis un peu plus de temps à s’en remettre, puisque le gel de l’eau contenue dans les cellules a tendance à provoquer des dégâts structuraux très importants — mais elles sont aussi sorties indemnes de cette torture prolongée. Par conséquent, les chercheurs en ont conclu qu’elle pourrait éventuellement proliférer sur Mars… et même contribuer à la rendre habitable !

Un agent de terraformation potentiel ?

Ce processus, appelé terraformation, a déjà été exploré à maintes reprises par d’innombrables œuvres de science-fiction, aussi bien dans la littérature qu’au cinéma ou dans les jeux vidéo. Évidemment, nous sommes encore loin du niveau d’avancement technologique nécessaire pour réaliser une telle entreprise dans le mondé réel — mais cela n’a pas empêché certains de proposer des approches plus ou moins extravagantes. Elon Musk, par exemple, a fait les gros titres en 2019 lorsqu’il a suggéré de faire exploser des bombes nucléaires sur les pôles de la Planète rouge pour vaporiser ses calottes glaciaires, libérant ainsi des quantités massives de vapeur d’eau et de dioxyde de carbone dans l’atmosphère pour démarrer le processus.

La stratégie présentée dans cette étude est certes bien moins extravagante, mais les auteurs estiment quand même S. caninervis comme une « plante pionnière prometteuse pour la colonisation d’environnements extraterrestres », à commencer par la planète favorite du grand manitou de SpaceX. « En regardant vers l’avenir, nous espérons que cette mousse prometteuse pourrait être amenée sur Mars ou sur la Lune pour tester la possibilité de colonisation et de croissance de plantes dans l’espace », ajoutent les auteurs.

Syntrichia Caninervis Mars
© Li et al.

Que ce scénario soit réaliste ou pas, cette expérience de pensée mène fatalement à d’autres questions importantes : si nous étions en mesure de lancer le processus de terraformation sur Mars, serait-ce bien légitime de le faire ? Éthiquement parlant, en a-t-on le droit ? Il s’agit d’une question intrinsèquement philosophique à laquelle il n’existe sans doute pas de bonne réponse objective. Ce qui est certain, c’est que l’humanité ne s’est pas toujours montrée très clairvoyante par rapport à l’impact de ses actions sur le long terme, et il conviendra donc de prendre un maximum de précautions avant de prendre une telle décision. Mais si notre espèce décide un jour de passer à l’acte, la piste des mousses sera sans doute un moindre mal par rapport à celle du grand bombardement proposé par Musk !

Le texte de l’étude est disponible ici.

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Source : Phys.org

1 commentaire
  1. J’attend leurs solutions pour relancer le noyau de Mars afin de retrouver un champ magnétique pour protéger la dite nouvelle atmosphère ^^

Les commentaires sont fermés.

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