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NASA : sur Mars, Curiosity découvre un trésor géologique par accident

Le vénérable rover a trébuché sur une roche composée de soufre pur. Son origine reste inconnue pour le moment, mais la NASA estime qu’il s’agit d’une pièce potentiellement importante du grand puzzle de la géologie martienne.

Aujourd’hui, le rover Perseverance est le leader incontesté du programme d’exploration martienne de la NASA. Mais même s’il est passé au second plan depuis l’arrivée de ce dernier, son illustre aîné Curiosity continue aussi de nous rapporter des informations précieuses — et parfois, il le fait même par inadvertance. Dans un billet publié hier, la NASA a révélé que le vénérable engin a trouvé par hasard des roches composées de soufre pur — une grande première sur la Planète rouge.

Les faits se sont déroulés le 30 mai dernier, quand Curiosity abordait une nouvelle journée d’exploration de Gediz Vallis. C’est une région accidentée, enclavée par plusieurs escarpements quasiment impraticables pour les rovers que Curiosity a mis près de trois ans à atteindre.

Le hasard fait bien les choses

Si la NASA s’est infligé un pèlerinage à ce point dantesque, c’est parce que le site est constellé de curiosités géologiques qui regorgent d’informations sur l’histoire de la planète. Et la cette nouvelle découverte montre une nouvelle fois que le jeu en valait la chandelle.

En avançant, l’ambassadeur de l’agence a accidentellement roulé sur un rocher qui a immédiatement été fracturé sous le poids du rover (près de 900 kg). Ses opérateurs ont donc suspendu temporairement les opérations, car ce genre d’incident n’est pas anodin. En effet, Curiosity n’est plus tout jeune ; après 11 ans de bons et loyaux services, certains de ses composants commencent à accuser le coup. C’est notamment le cas des roues qui sont malmenées au quotidien. En 2022, une d’entre elles a commencé à tomber en morceaux.

Roue Curiosity
Une photo d’une roue endommagée de Curiosity. Les dégâts ne sont pas aussi catastrophiques qu’ils en ont l’air grâce à la présence d’une armature métallique, mais la NASA surveille tout de même la situation de près. © NASA/JPL-Caltech/MSSS

La NASA devait donc s’assurer que ce rocher n’avait pas provoqué de dégâts supplémentaires. Fort heureusement, l’inspection n’a pas révélé le moindre problème. En revanche, cela a permis aux opérateurs de réaliser que le rocher en question était loin d’être anodin.

Du soufre pur qui n’a « rien à faire là »

Ses débris contenaient des cristaux jaunâtres dont une analyse a permis de déterminer la composition chimique : il s’agissait de soufre élémentaire, c’est-à-dire presque parfaitement pur.

Pour les chercheurs, il s’agit d’une superbe trouvaille ; c’est un peu comme si vous aviez trébuché sur un lingot d’or sur le chemin du travail. Les composés soufrés sont extrêmement abondants sur Mars, et Curiosity en a déjà trouvé de grandes quantités, mais c’est la toute première fois qu’une agence spatiale en découvre un échantillon avec un tel niveau de pureté.

Si cette découverte enthousiasme autant la NASA, c’est parce que le soufre est connu pour être l’une des clés de voûte de la géochimie de notre planète, mais aussi de la vie complexe telle qu’elle existe sur Terre. Évidemment, il ne s’agit en aucun cas d’une preuve que Mars a un jour hébergé de la vie. Mais la simple présence de cet élément pur au cœur de Gediz Vallis soulève de nombreuses questions plus fascinantes que les autres, notamment parce que les planétologues n’ont pas la moindre idée de ce qu’il fait dans cette région.

« On ne sait pas clairement quelle est la relation entre ce soufre élémentaire et les autres minéraux à base de soufre dans la région, à supposer qu’il y en ait une », indique le communiqué de la NASA. « C’est comme trouver une oasis dans le désert », renchérit Ashwin Vasavada, chercheur au prestigieux Jet Propulsion Laboratory de la NASA. « Ça n’a rien à faire là, et il va désormais falloir l’expliquer. Ce sont ces découvertes inattendues et étranges qui rendent l’exploration planétaire si excitante », se réjouit-il.

Un selfie de Curiosity. © NASA/JPL-Caltech/MSSS

La chasse au trésor continue

Malheureusement, Curiosity n’a pas pu échantillonner sa dernière victime. Le rocher broyé par le rover était trop petit et friable pour être collecté à l’aide de sa foreuse. Mais la bonne nouvelle, c’est que Gediz Vallis est jonchée d’indices potentiels, dont un particulièrement prometteur : un autre rocher plein de soufre nettement plus volumineux, surnommé le « Mammouth ». Après une série de manœuvres complexes pour trouver une place de parking suffisamment proche et stable dans cet environnement glissant et escarpé, le rover a réussi à y effectuer un prélèvement, le 41e depuis son arrivée sur Mars.

Les planétologues attendent beaucoup de cet échantillon – mais il ne se suffira pas à lui-même. Pour se faire une idée plus précise des conditions qui ont conduit à l’apparition de ce soufre pur, Curiosity devra collecter davantage d’informations, notamment à proximité du mont Sharp. C’est un grand relief stratifié qui borde Gediz Vallis, et chacune de ses couches s’est déposée à une époque différente. Du point de vue des chercheurs, il s’agit donc d’une vaste archive géologique qui aidera sans doute à y voir plus clair.

Il n’ya plus qu’à attendre que Curiosity arrive sur place, tout en gardant un œil sur les exploits de son petit frère et collègue Perseverance, qui enchaîne également les superbe trouvailles.

 

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