La NASA vient d’annoncer l’abandon pur et simple du programme d’exploration lunaire VIPER, à cause d’une augmentation des coûts qui est malheureusement devenue incompatible avec le budget déjà serré de l’agence.
La star de ce programme devait être un rover scientifique autonome. À ce jour, la NASA n’a jamais déployé de véhicule de ce genre sur la Lune. Elle s’est limitée aux buggys lunaires Lunar Roving Vehicles (LRV). Ils ont rendu de fiers services aux astronautes des missions Apollo 15, 16 et 17, mais ils ne sont pas capables de collecter des données scientifiques précieuses comme Curiosity et Perseverance le font sur Mars.
C’est pour combler ce vide que la NASA a imaginé le Volatiles Investigating Polar Exploration Rover, un engin à quatre roues qui devait être déployé au niveau du pôle sud lunaire. C’est une région qui intéresse particulièrement les astronautes, notamment parce qu’on y trouve de grandes quantités de glace d’eau. Toutes les agences spatiales qui prévoient d’établir des avant-postes sur notre satellite, dont la NASA, songent donc très sérieusement à s’installer dans cette région. VIPER était censé préparer le terrain à ces initiatives. Il était prévu qu’il passe une centaine de jours à fouiller la région pour localiser un maximum de gisements de glace.
Un abandon à 450 millions de dollars
En théorie, il aurait dû partir pour sa grande aventure dès l’année prochaine. Mais à l’occasion d’une téléconférence qui s’est tenue dans la soirée du 17 juillet, la NASA a annoncé que le rover ne quittera finalement jamais la Terre : le programme a été purement et simplement annulé. Une décision surprenante sachant que l’agence y a investi 450 millions de dollars et que le véhicule était déjà entièrement assemblé. Il ne lui restait plus qu’à passer une batterie de tests environnementaux pour vérifier sa capacité à supporter l’impitoyable environnement lunaire.
Comment expliquer cette décision, dans ce cas ? Selon Joel Kerns, administrateur adjoint de la branche exploration de la NASA, elle est entièrement budgétaire. Il aurait encore fallu débourser quelques dizaines de millions de dollars supplémentaires pour que l’engin arrive à maturité, sans parler du lancement. Un gros problème, sachant qu’il n’y avait plus du tout de place pour VIPER dans les livres de comptes. Les dirigeants ont donc décidé de le sacrifier pour limiter l’ampleur des dégâts. Ils espèrent que cette décision permettra d’économiser 84 millions en coûts de développement.
Joel Kearns et Nicola Fox, administratrice adjointe du directoire scientifique de la NASA, ont lourdement insisté sur le fait qu’ils étaient très contents du travail de l’équipe chargée de concevoir le VIPER, et que ces ingénieurs ne doivent en aucun cas prendre cette décision personnellement.
« Nous avions entièrement confiance en l’équipe. Ce n’est vraiment qu’une question de coût et de budget très serré », martèle Kearns. « Cela n’a rien à voir avec la qualité du travail de l’équipe », renchérit Fox. « Ils ont travaillé avec diligence, y compris pendant la pandémie, pour construire ce rover ».
La NASA cherche un repreneur
Désormais, la NASA prévoit de consulter ses partenaires industriels afin d’en trouver un qui accepterait de racheter VIPER, ce qui est très inhabituel. Si aucun prétendant ne se manifeste, le rover va être désassemblé et transformé en stock de pièces détachées, afin de pouvoir réutiliser certains de ses instruments scientifiques lors des prochaines missions lunaires.
La NASA se console toutefois en expliquant qu’au niveau strictement scientifique, l’abandon de VIPER n’est pas catastrophique, car l’engin était partiellement redondant. « Au fil du temps, nous serons en mesure de remplir les objectifs scientifiques initialement attribués à VIPER à travers d’autres missions », explique Kearns. On peut notamment citer le Lunar Terrain Vehicle, ou LTV pour les intimes, un engin conçu pour déployer un équipage d’astronautes à la surface de la Lune. Sa particularité, c’est qu’il est aussi possible de le piloter à distance. Cela permettra à la NASA de le convertir en rover scientifique pour explorer le pôle sud lunaire une fois qu’il aura rempli son rôle de navette.
La dernière victime d’un sérieux bourbier budgétaire
Globalement, l’abandon de VIPER illustre parfaitement la précarité financière actuelle de la NASA. Son budget scientifique a fondu d’un milliard de dollars sur l’année 2025, mettant le directoire scientifique face à des choix cornéliens. Cette dynamique va sans doute impacter d’autres programmes sur les prochaines années, dont certains encore plus importants que VIPER.
On peut citer Chandra, le formidable télescope à rayons X. Même si on lui doit certains des résultats scientifiques les plus importants de l’astronomie moderne, comme la toute première détection des ondes gravitationnelles théorisées par Einstein, la NASA a été forcée de pulvériser son budget pour équilibrer ses comptes. Un crève-cœur pour les astronomes, car à ce jour, l’agence n’a pas prévu de lui construire un remplaçant. Son départ laisserait donc un vide immense, avec tout ce que cela implique pour le futur de l’astrophysique.
On peut aussi mentionner la mission Mars Sample Return, qui doit récupérer les inestimables échantillons du rover martien Perseverance au début de la prochaine décennie. Or, ce programme a également commencé à tourner au fiasco. Une explosion du budget et une planification très approximative ont forcé la NASA à modifier considérablement les paramètres de la mission, et à l’heure actuelle, on ne sait toujours pas exactement comment elle va se dérouler.
Il faudra donc croiser les doigts pour que la NASA réussisse à assainir ses comptes sur les prochaines années, afin qu’elle puisse continuer sa mission ô combien importante dans de bonnes conditions.
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pour 1 millions tu fais la même mais bon c’est la nasa ils aiment claquer des sommes indécente puis se demande pourquoi il leur manques des fonds ^^