Mingyang Smart Energy, une entreprise chinoise connue pour avoir conçu une part conséquente des plus grandes éoliennes de la planète, revient sur le devant de la scène avec un nouvel engin colossal. Dans un post LinkedIn repéré par New Atlas, elle a présenté l’OceanX, une gigantesque éolienne offshore flottante capable d’encaisser des vents d’une violence inouïe.
Il suffit de jeter un œil dessus pour identifier sa caractéristique la plus remarquable. Elle comporte non pas un, mais deux mâts inclinés qui sont reliés par un immense câble afin d’en maintenir l’intégrité structurale. Ils sont montés sur un socle commun qui est lui-même fixé sur une plateforme flottante en forme d’Y. Une approche qui, selon le fabricant, permet d’améliorer la stabilité de ce béhémoth d’environ 15 000 tonnes.
Et apparemment, la recette fonctionne ; d’après le site de l’entreprise, l’OceanX peut encaisser des vagues de 30 mètres de haut et surtout vents à près de 80 m/s. Cela correspond à un ouragan de catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson. En d’autres termes, l’éolienne pourrait continuer à faire son office pendant le passage d’une tempête du même calibre qu’Ian, le terrible ouragan qui a dévasté les Caraïbes, Cuba et la Floride en 2022 avec des dizaines de milliards de dollars de dégâts à la clé.
Une méga-éolienne parmi les plus performantes au monde
Les deux pylônes portent chacun leur propre rotor. Individuellement, il s’agit déjà de sacrés engins. Avec un diamètre de plus de 180 mètres par unité, chaque tête de ce colosse bicéphale dispose d’une capacité de 8,3 MW. Ensemble, les deux moitiés peuvent donc atteindre 16,6 MW.
Si l’on considère l’ensemble comme une seule source d’énergie, ce chiffre monstrueux permet à l’OceanX de se placer sans difficulté parmi les éoliennes les plus puissantes du monde. Si elle était déployée aujourd’hui, elle se placerait en deuxième position derrière la DEW-18 MW-260, un titan de 18 MW fraîchement installé par le fabricant chinois Dongfang en juin dernier dans la province du Guangdong. Elle surpasserait en revanche la MySE 16.0-260, l’ancienne tenante du titre qui émarge à 16 MW. Cette dernière a également été conçue par Mingyang.
Le constructeur indique que l’OceanX pourra produire 54 000 MWh par an. Pour référence, la consommation d’électricité annuelle moyenne des Français s’élève à 5 752 kWh par foyer selon les dernières données de RTE. Sur la base de ces chiffres, l’OceanX pourrait subvenir aux besoins d’environ 9400 habitations à elle toute seule si elle était reliée au réseau de l’Hexagone.
Un nouvel exemple du paradoxe énergétique chinois
Cet impressionnant dispositif témoigne une nouvelle fois du rapport paradoxal de la Chine à l’énergie verte. Il s’agit toujours du premier émetteur de dioxyde de carbone de la planète avec 25 à 35 % des émissions globales en fonction des sources. Ce bilan est notamment dû à l’industrie du charbon qui occupe toujours une place prépondérante dans l’infrastructure énergétique du pays. Mais en parallèle, le gouvernement s’est aussi fixé un objectif extrêmement ambitieux : inverser la courbe d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.
À l’heure actuelle, il est encore trop tôt pour déterminer si ce calendrier sera respecté. Mais force est de constater que Xi Jinping et ses troupes ne lésinent pas sur les efforts pour changer cette dynamique, non seulement en légiférant (exonérations de taxes, tarifs préférentiels…), mais aussi en subventionnant massivement les grands acteurs des énergies vertes.
Mingyang et le secteur de l’éolien sont d’excellents exemples de cette dynamique. C’est en grande partie grâce à ce soutien que l’entreprise continue de produire des éoliennes de plus en plus gigantesques année après année et que la Chine domine outrageusement le classement mondial. Selon le cabinet britannique Ember, en 2022, le pays produisait déjà 8,6 % de son énergie totale grâce à l’éolien. Certes, c’est encore très loin de pays comme le Danemark, où cette technologie est à l’origine de plus de 55 % de la production totale. Mais dans l’absolu, cela représentait tout de même 763 TWh d’énergie éolienne — près de deux fois plus que les États-Unis et six fois plus que l’Allemagne, qui occupent respectivement la deuxième et la troisième marche du podium.
On constate aussi un phénomène similaire dans le photovoltaïque, où la Chine est également dominante. Toujours selon Ember, le pays de Xi Jinping produisait déjà 428 TWh d’énergie solaire en 2022 — environ un tiers de la production d’énergie solaire mondiale à l’époque.
Il sera donc intéressant de voir si ces efforts soutenus permettront à la Chine d’atteindre son objectif — ou plutôt, dans quels délais.
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