Quinze milliards de tampons sont utilisés chaque année dans le monde, mais les études scientifiques sur leur composition restent rares. Si la présence de polluants éternels, les PFAS, avait déjà été pointée du doigt, un nouveau consortium de chercheurs et de chercheuses dirigé par l’université de Berkeley en Californie vient de révéler une enquête inquiétante. Pour la première fois, une étude s’est intéressée aux taux de concentration de certains produits toxiques et métaux lourds dans les produits menstruels de consommation courante. Publiée au début du mois de juillet, cette dernière révèle la présence de plus de seize métaux, dans des produits pourtant homologués, commercialisés en Europe et aux États-Unis.
Des tampons à l’arsenic 🎶
Du plomb, du mercure, de l’arsenic, mais aussi du cadmium, du chrome et du zinc, le constat est alarmant. D’autant plus que sur la question du plomb par exemple, les règlementations sont nombreuses à l’échelle européenne. Une fois n’est pas coutume, la santé sexuelle et menstruelle semble passer sous les radars de la légalité, sans que cela n’émeuve les pouvoirs publics. Pour la responsable de l’étude Jenni A. Shearston, le danger est d’autant plus important que tous les tampons visés par l’étude contenaient des métaux lourds, avec une concentration maximale enregistrée à 52,000 ng/g pour du zinc.
Le constat est alarmant. D’abord parce que “il n’y a pas de niveau d’exposition au plomb qui soit sans danger pour la santé“, indique Jenni A. Shearston, qui précise “nous ne savons pas encore si le plomb peut s’échapper du tampon, ni s’il peut être absorbé par le corps, ni en quelle quantité“. Ensuite parce que la présence de métaux lourds dans les tampons menstruels relève d’un problème de santé publique. Selon l’étude, 52% à 84% des personnes menstruées utilisent des tampons aux États-Unis. En Europe, ce chiffre tombe à 20%, avec une large prédominance des serviettes menstruelles (qui sont touchées par les mêmes compositions hasardeuses).
Les marques estampillées “bio” ou “naturelles” n’échappent pas au phénomène. Si ces dernières enregistrent un taux de plomb moins élevé, elles présentent de plus grandes quantités d’arsenic. Seule consolation, l’Europe semble s’en tirer mieux que les États-Unis sur le sujet, sans toutefois faire office de bon élève.
Peu d’alternatives
Contactées par les médias américains, les grandes marques de tampons comme Tampax de Procter & Gamble, Kotex de Kimberly-Clark ou encore Playtex de Edgewell Personal Care n’ont pas souhaité réagir à l’enquête. Fabriqués à partir de coton et de pulpe de bois, la concentration des métaux lourds cités par l’étude provient sans doute d’une absorption par les plantes avant leur récolte pour la fabrication des tampons. C’est d’ailleurs la même chose pour la présence de glyphosate, qui intervient en grande quantité dans les pesticides utilisés pour la culture du coton, et se retrouve dans la composition finale. Quant aux produits toxiques repérés par les chercheurs et les chercheuses, il s’agit sans doute d’ajouts à visée antimicrobienne ou anti-odeurs.
En France, depuis le 1ᵉʳ avril 2024, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes exige davantage de transparence de la part des fabricants de protections menstruelles. Les tampons, serviettes, coupes ou culottes menstruelles doivent désormais mentionner clairement leur liste de composants, avec “pour chacun d’eux, le détail des substances et matériaux incorporés“, ainsi que les possibles effets secondaires ou indésirables.
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Quand est ce qu’on va les classer en tant que dispositif médical ???
La législation est totalement incohérente…
Pourtant les pansements sont classés depuis des années mais les tampons qui sont en contact avec des muqueuses et ce manière prolongé et périodique ne le sont toujours pas… à moins que tout le monde s’en fout juste parce que c’est un accessoire féminin ?