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Starliner : l’équipage coincé à bord de l’ISS jusqu’à la fin de l’été ?

Boeing et la NASA n’ont toujours pas terminé d’analyser les données de la capsule, et les deux astronautes arrivés à bord vont devoir prendre leur mal en patience.

Starliner, la capsule spatiale de Boeing conçue pour faire la navette entre la Terre et l’ISS, continue de donner des migraines à son concepteur et à la NASA. Alors que sa toute première escale à bord de la station était censée durer une semaine, cela fait plus d’un mois que ses deux passagers, les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams, sont coincés en orbite… et ils n’ont toujours pas la moindre idée de quand ils pourront enfin rentrer sur Terre.

Les bases de cette affaire ont été posées avant même que cette mission, appelée Crew Flight Test (CTF), ne prenne son envol. Avant le lancement du 5 juin, il a été révélé que la capsule avait souffert de fuites d’hélium inquiétantes. Les porte-parole de Boeing se sont montrés rassurants, en affirmant à qui voulait bien l’entendre que le véhicule serait fin prêt pour son baptême de l’air. Or, cette confiance de façade a vite volé en éclat quand Starliner a enfin atteint l’orbite ; non seulement quatre fuites supplémentaires ont été identifiées, mais cinq de ses propulseurs annexes ont également rencontré des difficultés, forçant Wilmore et Williams à contrôler le véhicule manuellement pendant plus d’une heure.

Un « prolongement de la mission »

Fort heureusement, les deux passagers ont fini par arriver sains et saufs à bon port le 6 juin, pour ce qui devait être un séjour d’une semaine. Mais même s’ils font bonne figure, la situation reste tout de même inconfortable pour Boeing, qui se livre à un exercice de communication pas toujours très convaincant pour sauver la face. À l’heure actuelle, l’avionneur est toujours incapable de donner une date de retour; pourtant, ses responsables martèlent cependant que les deux passagers ne sont absolument pas coincés en orbite. Ils préfèrent parler d’un « prolongement de la mission »… et se réjouissent même de cette opportunité de collecter un maximum de données.

Starliner Boeing Espace Iss
© Boeing

« Nous savions que nous allions apprendre des choses avec ce vol de test. Nous avons déjà appris beaucoup de choses sur le fonctionnement du hardware, sur notre méthodologie, et sur ce que l’on peut améliorer », a déclaré Mark Nappi, vice -président et responsable du programme de vol commercial de Boeing, lors d’une conférence de presse jointe donnée hier par l’avionneur et la NASA. « Plus les ingénieurs récoltent de données, plus ils sont excités », a-t-il ajouté.

Un programme encore flou

Mais force est de constater que le processus n’avance pas particulièrement vite. Steve Stich, responsable du programme de vol commercial de la NASA, a révélé lors de cette même conférence que les dernières analyses concernant les fuites d’hélium n’arriveraient pas avant la fin de la semaine. Il a aussi indiqué qu’un retour sur Terre ne pourra pas être envisagé avant la fin du mois. Sans réussir à cacher totalement un certain malaise qui contraste avec l’enthousiasme des responsables de Boeing.

« Je pense que certaines données suggèrent, si l’on est optimiste, qu’il sera peut-être possible de quitter la station d’ici fin juillet. Mais nous continuerons de suivre les données pas à pas pour déterminer le bon moment », a-t-il déclaré prudemment.

Quoi qu’il en soit, Boeing devra absolument établir un plan d’action avant la mi-août. C’est à cette date que la mission Crew-9 de SpaceX est censée rejoindre la station avec deux astronautes à son bord, et l’équipage du Starliner devra donc plier bagage quelques jours avant le lancement pour laisser la place à la capsule Dragon.

Boeing, un géant industriel en souffrance

Au bout du compte, il s’agit d’une situation assez embarrassante pour Boeing, qui collectionne les casseroles en ce moment. Pour resituer le contexte, la branche aviation civile de l’entreprise est déjà empêtrée dans un vaste scandale à cause des innombrables pépins rencontrés par ses appareils sur les derniers mois, avec des témoignages accablants de nombreux lanceurs d’alerte sur les processus de fabrication et de contrôle qualité.

Elle rencontre aussi de sérieuses difficultés sur le segment aérospatial, notamment autour du Space Launch System (SLS). Le budget de l’énorme fusée censée être une des pierres angulaires du programme Artemis a explosé et les délais se sont accumulés, à tel point que la NASA a été forcée de chercher des alternatives.

Lorsqu’on ajoute les problèmes du Starliner à l’équation, on se retrouve avec un prestataire qui semble de moins en moins fiable, crédible et digne de confiance. Un comble pour un tel titan industriel qui est censé être une valeur sûre du point de vue de ses clients. Même si ses porte-parole font des pieds et des mains pour soigner son image, la cote de Boeing est loin d’être au plus haut en ce moment.

Au-delà du feuilleton Starliner, il sera donc intéressant de voir comment ses relations avec la NASA vont évoluer à moyen terme. Désormais, l’agence réfléchira sans doute à deux fois avant de lui confier un nouveau projet important, ce qui pourrait bénéficier à ses concurrents directs comme ULA et, évidemment, SpaceX. Affaire à suivre.

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