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Le talc est un « cancérigène probable » selon l’OMS – faut il s’inquiéter ?

Cette classification est basée sur des études peu concluantes, et il convient de se méfier des interprétations hâtives.

Vendredi dernier, l’Organisation mondiale de la santé a classé le talc comme un « cancérigène probable » pour les humains. Une décision qui relance le débat sur la pertinence de cette liste.

À première vue, ce minéral naturel n’a rien de bien intimidant. Il est couramment utilisé un peu partout sur la planète, notamment dans l’industrie cosmétique et le soin des bébés. C’est aussi un ingrédient non actif de nombreux produits pharmaceutiques, un agent de préservation dans l’agroalimentaire, et un composant de nombreux plastiques, peintures, céramiques… Mais selon l’OMS, cette abondance ne rend pas le talc inoffensif pour autant, puisqu’il rejoint désormais la très longue liste des substances qui sont « probablement » à l’origine d’un certain nombre de cancers.

Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Cette décision s’appuie en grande partie sur les résultats d’une étude publiée dans le Lancet, et citée par l’Agence internationale de recherche sur le Cancer (IARC). « Plusieurs études ont montré une augmentation de l’incidence des cancers ovariens chez les humaines qui déclarent utiliser de la poudre pour bébé dans la région du périnée », stipule le rapport (pdf). Une tendance comparable a été documentée chez les rongeurs.

Cette interprétation a aussi été renforcée par des analyses physiologiques et structurales qui ont exploré les voies métaboliques à travers lesquelles le talc pourrait conduire à un cancer. Les auteurs de ces travaux estiment avoir obtenu des « preuves mécanistiques solides ».

La faute au talc… ou à l’amiante ?

Mais les conclusions ne sont pas aussi claires qu’on pourrait le croire en lisant seulement ces quelques lignes. Pour commencer, l’IARC reconnaît explicitement que les analyses sur le potentiel cancérigène du talc chez les humains n’ont produit que des « preuves limitées ». C’est notamment parce qu’il existe une incertitude sur le composé chimique à l’origine de cet effet.

Par le passé, ce produit était très régulièrement contaminé par de l’amiante — une substance dont le potentiel cancérigène est aujourd’hui unanimement reconnu, contrairement à celui du talc. Or, les deux sont des minéraux silicatés dont les gisements peuvent être situés très près l’un de l’autre. Lors de l’extraction, des traces d’amiante peuvent donc s’infiltrer dans le talc. Et une fois qu’elle y est présente, il est extrêmement difficile de l’en extraire, d’où la présence régulière de traces dans les produits de consommation à base de talc.

Mine Talc
Lorsque de l’amiante se glisse dans du talc au cours de l’extraction, il est très difficile d’extraire ce contaminant universellement considéré comme cancérigène. © philippeelusse – Pixabay

C’est heureusement beaucoup plus rare aujourd’hui grâce à la mise en place de normes plus strictes. Mais cela reste suffisamment fréquent pour que l’IARC prenne la peine d’en parler dans son rapport. « Même si l’évaluation s’est concentrée sur du talc qui ne contenait pas d’amiante, la contamination ne peut pas être totalement exclue dans la plupart des études sur l’exposition des humains », indique l’agence.

De plus, la plupart de ces analyses reposaient sur la bonne foi des personnes interrogées — un paramètre qui peut introduire énormément de variabilité dans une étude. Par conséquent, les auteurs estiment qu’il est impossible d’affirmer que le talc est effectivement cancérigène en tant que tel. « Des biais dans la façon dont l’usage du talc est rapporté dans les études épidémiologiques n’ont pas pu être exclus avec un degré de confiance raisonnable. Par conséquent, une causalité directe n’a pas pu être pleinement établie », indique le rapport.

Une classification souvent critiquée

Il convient aussi de préciser que l’IARC n’est pas franchement réputée pour la clarté de ses évaluations. L’échelle à quatre niveaux qu’elle utilise (cancérigène avéré, probable, possible, et indéterminé) a parfois suscité des réactions dubitatives chez certains experts.

Pour l’illustrer, on peut se pencher sur le cas de l’aspartame, qui a été classé « cancérigène possible » par l’OMS l’année dernière. Officiellement, il se retrouvait donc au même niveau que l’extrait de feuille entière d’aloe vera, le carburant utilisé dans la marine marchande, ou encore… les champs électromagnétiques associés aux radiofréquences produites par les téléphones mobiles.

De la même façon, le talc se retrouve désormais dans la même catégorie de carcinogénicité que les composés à base de plomb, la consommation de viande rouge, ou encore le travail de nuit. Un fourre-tout assez hétéroclite qui n’aide pas franchement le public à y voir clair, et qui doit être interprété avec prudence.

Faut-il s’inquiéter ?

En résumé, la décision de l’OMS relève davantage du principe de précaution que de la vraie alerte de santé publique. En l’état, il est impossible d’affirmer que le talc est fondamentalement cancérigène.

Malgré tout, certaines personnes, en particulier celles qui souffrent d’une prédisposition génétique pour le cancer, pourraient tout de même choisir de s’en passer en attendant des études plus concluantes. Un positionnement partagé par la Société américaine contre le cancer. « Jusqu’à ce que plus d’informations soient disponibles, les personnes préoccupées par le lien entre la poudre de talc et le cancer pourraient choisir de limiter ou d’éviter l’usage de produits qui en contiennent ».

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1 commentaire
  1. Oui enfin, ce genre de commentaires peut aussi TRÈS facilement s’appliquer aux pesticides et autres, beaucoup se sont fait décimer par des études biaisées.
    La différence ? Les journaleux présentent les choses de manière biaisée, et donc amènent les gens à avoir des a priori.

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