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La Chine rapporte les tout premiers échantillons de la face cachée de la Lune

Un succès historique pour la sonde Chang’e 6 et pour le programme spatial chinois, qui va sans doute nous permettre d’en apprendre davantage sur les origines du système solaire… et peut-être de la vie sur Terre.

La Chine vient de marquer une nouvelle fois l’histoire de l’aérospatiale. Dans la matinée du 25 juin, la sonde lunaire Chang’e 6 est rentrée sur Terre après une très belle mission de deux mois qui l’a notamment vue se poser sur la face cachée de la Lune. Elle a notamment rapporté de précieux échantillons de cette zone quasiment inexplorée de notre satellite — une grande première dans l’histoire des sciences spatiales.

L’engin avait décollé le 3 mai avant d’arriver à destination au début du mois de juin, au terme d’un alunissage rondement mené. Elle a touché la surface dans le bassin d’Aitken, une zone iconique du pôle sud lunaire. C’est seulement la deuxième fois qu’un engin construit par les humains réussit à se poser sur la face cachée de la Lune — et le premier n’est autre que Chang’e 4, le précurseur de cette sonde.

Car contrairement à la face visible où l’on trouve de nombreuses plaines basaltiques de très grande taille (les mers lunaires), la face cachée de la Lune est un environnement particulièrement accidenté. Cela complique considérablement les manœuvres d’alunissage – d’où le fait que tous les autres véhicules comme ceux des missions Apollo aient systématiquement ciblé la face visible. Ce n’est qu’avec les sondes Chang’e que la donne a enfin changé. La face cachée de la Lune est donc en train de devenir une grande spécialité chinoise, et elle l’a encore prouvé avec ce nouvel alunissage qui représente un grand succès technique.

Le grand mystère de la dichotomie lunaire

Mais cette différence très nette n’est pas qu’un obstacle : c’est aussi un centre d’intérêt majeur pour les planétologues. En effet, la face cachée de la Lune n’est pas seulement plus escarpée. En réalité, elle est fondamentalement différente de l’autre au niveau topologique et géologique.

La croûte y est beaucoup plus épaisse, avec un paysage dominé par des plateaux élevés qui contrastent avec les mers lunaires de l’autre hémisphère. Les cratères y sont également bien plus nombreux et proéminents, ce qui indique que la surface est particulièrement ancienne. Le cratère Apollo où Chang’e s’est posée est d’ailleurs suspecté d’être l’un des plus vieux de toute la surface lunaire.

Change 6 Landing Site
Chang’e 6 s’est posée dans le cratère Apollo, lui-même situé dans le bassin d’Aitken (ou SPA, pour South Pole-Aitken). © CNSA

À l’heure actuelle, personne n’a jamais réussi à déterminer précisément pourquoi les deux faces sont si différentes aux niveaux topologiques et géologiques. Et c’est en partie pour faire la lumière là-dessus que Chang’e a été expédiée sur place. Les planétologues espèrent que les 2 kg de matériel collectés dans le bassin d’Aitken contiendront des éléments probants par rapport à l’origine de cette fameuse dichotomie lunaire qui les intrigue depuis si longtemps.

L’histoire du système solaire… et même de la vie sur Terre

Plus largement, cette enquête pourrait aussi révéler de nouveaux éléments sur l’histoire du système solaire dans son ensemble. On sait que la plupart des cratères de la Lune se sont formés lors d’une période appelée le Grand bombardement tardif, pendant laquelle notre satellite a été véritablement pilonné par des milliers d’autres objets massifs. En revanche, on ne sait pas exactement ce qui a ouvert la porte à un tel déluge.

L’une des hypothèses les plus populaires repose sur un changement d’orbite des géantes gazeuses, Saturne et Jupiter. Leur influence gravitationnelle aurait alors catapulté de grandes quantités de matériel vers le centre du système solaire. En analysant l’âge et la composition chimique des échantillons rapportés par Chang’e, il sera possible de tester la cohérence de cette théorie pour obtenir quelques éléments de réponse solides.

Une perspective très enthousiasmante pour les chercheurs, car les implications de ce scénario dépassent largement le cadre de la Lune. En effet, il est possible que certains de ces astéroïdes aient transporté l’eau et les composés carbonés qui ont permis à la vie d’émerger sur Terre. En d’autres termes, comprendre le timing et la dynamique de cet événement pourrait aussi nous permettre de mieux comprendre nos propres origines.

Maintenant que Chang’e est rentrée au bercail, il sera donc très intéressant de se pencher sur les nombreuses études qui vont sans doute fleurir au fil des analyses.

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