Après les influenceurs et les influenceuses issus de la télé-réalité, la DGCCRF s’attaque à la food. L’influenceur culinaire Alexis Thiebaut a été condamné en début de semaine à 3500€ d’amende pour “pratique commerciale trompeuse en raison de publications Instagram n’indiquant pas leur intention commerciale“. Une grande première sur le marché, qui pourrait faire office de jurisprudence à l’avenir.
https://twitter.com/dgccrf/status/1802619323162193989
Roi de la food et des placements de produits cachés
Connus sur les réseaux sociaux comme “Le Paris d’Alexis“, Alexis Thiebaut compte près de 434 000 abonnés sur Instagram et 135 400 sur TikTok. Depuis déjà quelques années, l’influenceur parisien s’attèle à faire découvrir à ses abonnés les meilleurs restaurants de la capitale. Entre établissements chics et bonnes adresses cachées, ses publications les plus populaires cumulent plus de 2,8 millions de likes.
Le problème, c’est qu’au milieu de ses découvertes culinaires, l’influenceur a plusieurs fois omis de préciser que les restaurants mentionnés, via son compte Instagram notamment, relevaient de partenariats rémunérés. Une pratique illégale, et particulièrement scrutée depuis le passage de la loi dite “influence” votée en 2023.
Pourquoi c’est important ?
La condamnation d’Alexis Thiebaut n’est pas la première du genre. Depuis un an, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes épingle un à un les créateurs et créatrices de contenu qui ne respectent pas la loi, surtout dans le cadre de placements de produits et partenariats rémunérés, qui profitaient jusqu’à il y a peu d’un vaste flou juridique, à faveur des contrevenants.
Si les influenceurs “classiques” ont déjà fait l’objet de condamnation, c’est la première fois qu’un influenceur culinaire est épinglé, et pour cause : les contenus sponsorisés non déclarés faisant la promotion de restaurants ou d’établissements de bouche sont difficiles à pointer du doigt. Entre un repas offert, un simple traitement de faveur à table et une collaboration commerciale contractualisée, la différence est parfois ténue, et les influenceurs jouent sur le flou de la pratique. Autant d’ailleurs que les restaurateurs, pour qui la venue d’une personnalité peut déclencher un véritable phénomène sur les réseaux sociaux. On se souvient de l’engouement soudain pour le crookie (un croissant fourré à la pâte à cookie) de l’établissement Louvard situé dans le IXe arrondissement de la capitale, après une publication devenue virale sur TikTok.
Le “name and shame”, toujours aussi efficace
Alexis Thiebaut est le quinzième influenceur épinglé par la DGCCFR pour pratiques commerciales trompeuses. Il s’est engagé à payer l’amende, et à se mettre en conformité avec la loi sur l’ensemble de ses prochaines publications. Rappelons que le gendarme de la concurrence est un habitué du “name and shame“, qui consiste à divulguer publiquement les noms des contrevenants pour les dissuader de récidiver. Dans un métier en grande partie basé sur l’image, ce type de sanction vaut souvent plus qu’une simple amende.
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