Bacon, sauce barbecue, chips… les aliments goût fumé seront bientôt interdits en France

C’est la fin de la sauce barbecue et des chips goût bacon. L’Europe a en effet prévu d’interdire la commercialisation de huit composants utilisés dans l’industrie agro-alimentaire pour donner aux produits transformés et ultratransformés un goût fumé. Ils devraient ainsi disparaître des rayons d’ici à deux ans.

Quels produits sont concernés ?

En novembre dernier, un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) livrait une conclusion pessimiste à la Commission européenne. Après 15 ans d’études sur le sujet, huit arômes fumés utilisés dans l’industrie agroalimentaire sont pointés du doigt pour leur toxicité. Il s’agit des :

• proFagus Smoke R714 (SF‐001)
• Zesti Smoke Code 10 (SF‐002)
• Smoke Concentrate 809045 (SF‐003)
• Scansmoke SEF7525 (SF‐004)
• SmokEz C‐10 (SF‐005)
• SmokEz Enviro‐23 (SF‐006)
• proFagus Smoke R709 (SF‐008)
• Fumokomp (SF‐009)

Chacun de ces arômes résulte de la combustion à très haute température de différents bois, et est utilisé à l’état liquide par les industriels pour conférer artificiellement un goût de fumée à des produits de plus en plus nombreux : fromage, lardons, bacon, charcuterie, mais aussi sauces barbecue, alternatives végétales à la viande ou encore chips aromatisées. Jusqu’à présent, l’ensemble de ces composants primaires profitaient d’une autorisation spécifique de l’Union européenne, qui approuvait leur mise sur le marché.

Pourquoi interdire le goût fumé ?

À quelques rares exceptions, la plupart des produits que l’on retrouve en grande surface ne sont pas réellement fumés au feu de bois, comme il était courant de le faire autrefois dans un but de conservation. Il s’agit en réalité d’arômes de fumée, ajoutés artificiellement aux aliments pour leur conférer cette saveur par des moyens de trempage ou d’aspersion. Or, ces composants sont obtenus au moyen d’une combustion de copeaux de bois appelée pyrolyse. Plutôt connu sur les fours électriques, le processus de pyrolyse, lorsqu’il est ingéré, pourrait comporter des risques de génotoxicité, et donc endommager l’ADN.

Pour cette raison, mais aussi parce que la plupart des industriels ne respectaient pas les normes d’étiquetage obligatoires sur le marché, les États membres ont finalement tranché, en levant l’autorisation qui entourait la commercialisation de ces produits. Le retrait sera progressif, et devrait se faire sous deux ans pour les produits ultra-transformés comme les sauces, les chips ou les plats préparés. Pour les autres produits fumés artificiellement, le délai sera allongé à cinq ans.

Quelques exceptions

Rassurez-vous, il sera toujours possible de manger des produits fumés. À condition que le fumage ait été réalisé de manière traditionnelle au feu de bois, le saumon, le fromage ou encore la viande ne seront pas concernés par l’interdiction. Pour le reste des aliments fumés par aspersion en revanche, les industriels craignent un préjudice économique important. La Commission européenne, quant à elle, se veut plus rassurante : “Des alternatives à ces arômes vont être cherchées par les industriels pour mettre sur le marché des produits avec des goûts proches“. Concrètement, le changement pourrait être invisible à l’échelle du consommateur, et concerner uniquement la méthode de fumage.

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