+36% en un an. En quelques mois, le géant de l’ultra fast fashion Shein a revu ses prix à la hausse dans toute l’Europe, et même aux États-Unis. Selon l’analyse d’un cabinet d’étude britannique Edited, l’entreprise aurait brusquement augmenté ses prix, parfois jusqu’à 60% sur les tarifs initiaux depuis le 1ᵉʳ juin 2023.
Résultat, si l’enseigne était jusqu’à présent connue pour ses prix bas défiant toute concurrence, ses robes accusent désormais une moyenne à 28 dollars (24 livres sterling au Royaume-Uni). Même chose pour les chaussures, avec une augmentation de +61% en un an, pour une moyenne de 41 dollars (contre 25 dollars l’année dernière. Cette hausse peut évidemment s’expliquer par plusieurs facteurs externes, comme l’arrivée de la marque Sketchers sur la plateforme, avec des prix jusqu’à 174 dollars. Mais cette ouverture vers des fabricants tiers, sans doute dans l’objectif de devenir la marketplace de référence de la mode bon marché n’est pas la seule raison à cette hausse des prix.
Augmenter les bénéfices…
Pour Shein l’intérêt de la démarche est plurifactoriel. En augmentant ses prix, l’entreprise prévoirait surtout d’augmenter ses bénéfices avant son introduction en Bourse, rapportent les experts du commerce. Cette dernière pourrait avoir lieu plus tôt que prévu, avec une valorisation de 60 milliards d’euros estimée, et la nécessité pour Shein d’accuser une sérieuse hausse de ses frais généraux, imputables à une cotation boursière.
De plus, Shein va devoir se conformer aux nouvelles exigences de l’Union européenne sur les plateformes en ligne. Sur ce point en particulier, l’entreprise semble avoir fait le choix d’anticiper une éventuelle taxe forcée sur l’ultra fast fashion. Pour rappel, l’entreprise pourrait bientôt être contrainte d’appliquer 10€ de malus sur chacun de ses vêtements vendus en Europe, un moyen de compenser en partie les dégâts éthiques et environnementaux de mon modèle économique. Shein n’est d’ailleurs pas la seule concernée, puisque d’autres plateformes comme Temu, AliExpress, ou encore Primark sont aussi dans le viseur de la justice européenne et française.
Mais pas les droits des travailleurs
En augmentant dès aujourd’hui ses prix, l’enseigne s’offre une plus grande marge de manœuvre, et pourra se permettre d’encaisser plus facilement une éventuelle taxe si cette dernière vient à être officiellement adoptée. Pas question, en revanche pour le moment, de remettre en cause un modèle économique ultra-controversé, aussi bien sur le plan éthique et social qu’environnemental. Contacté par Reuters, Shein a refusé de commenter.
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