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La « route solaire » de Tourouvre s’éteint

Inaugurée en grande pompe en décembre 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, l’expérience de la route solaire de Tourouvre, dans l’Orne, a tourné court. Les travaux de démantèlement ont commencé cette semaine, ce qui marque la fin de cette expérience pionnière dans le domaine des énergies renouvelables. Composée de panneaux photovoltaïques, cette route, présentée comme un symbolise de l’avenir de la transition écologique, n’a jamais atteint les objectifs escomptés et se solde par un échec retentissant.

Le projet, développé par le constructeur Colas et sa filiale Wattway, avait pour ambition de transformer la route D5 à la sortie de Tourouvre en une source significative d’énergie renouvelable. S’étendant initialement sur un kilomètre, la route solaire devait générer suffisamment d’électricité pour alimenter plusieurs maisons et l’éclairage public du village. Cependant, dès les premières semaines d’exploitation, les problèmes techniques se sont multipliés : affaissement de la chaussée, encrassement des panneaux, nuisances sonores et délamination. Ces défauts ont conduit à des fermetures fréquentes de la route, ce qui n’a pas manqué de susciter de la frustration et le mécontentement parmi les habitants.

La route qui n’a jamais tenu ses promesses

Les résultats décevants de la production d’électricité ont été un autre coup dur. En 2022, la route solaire ne fournissait de l’électricité que pour trois logements, bien loin des attentes initiales. En tout, elle a produit 366,2 MWh en six ans, soit à peine 61 MWh par an. Le projet, qui avait coûté 5 millions d’euros, n’a jamais été rentable. Les autorités locales, résignées, ont finalement décidé de mettre un terme à cette expérimentation coûteuse et infructueuse.

L’annonce de la démolition de la route solaire a été faite lors du conseil municipal de Tourouvre le 15 février 2024. Les travaux, commencés le 27 mai, doivent se terminer le 7 juin. Les tractopelles ont déjà commencé à enlever les coffrets électriques et à détruire le muret longeant la route. Les panneaux solaires seront retirés prochainement, mettant un point final à cette innovation avortée.

Malgré cet échec, le directeur du développement commercial de Wattway Colas, Arnaud de Sainte-Marie, reconnaît chez Actu.fr les difficultés rencontrées mais insiste sur l’importance des leçons tirées. La technologie des dalles solaires continue d’évoluer et est maintenant utilisée pour des applications moins contraignantes comme les pistes cyclables, les parkings et les trottoirs. Dix versions de dalles différentes au cours de ces six ans ont été testées, précise-t-il.

La route solaire de Tourouvre restera malgré tout dans l’histoire comme un projet plein d’ambition, mais quelque peu prématuré. Franck Poirier, maire de Tourouvre-au-Perche, résume ce sentiment : « Nous savions que la route serait détruite, mais pas quand. »

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7 commentaires
  1. Voilà ce qui arrive lorsqu’on laisse une bande de financiers spéculateurs et de bureaucrates qui n’ont probablement jamais ouvert un bouquin de physique de leur vie ou suivi un cours technique pour la plupart d’entre eux, aux manettes de l’économie d’un pays.
    Et le pire c’est que ça continue inlassablement.

  2. Il faut être zinzin pour penser que ce truc allait fonctionner. Deja où est l’angle de 30° sur la route ? les poussières, les coups de freins… etc

    Pourquoi ne pas déjà commencer par mettre des panneaux solaire sur les aires d’autoroutes…

    5M€, abusé de craquer l’argent comme cela. Faites des choses simples avec des technos éprouvées et évolutives.

  3. J’aimerais bien qu’on ressorte les commentaires qui avaient été postés sous l’article du JdG, pour l’annonce de cette route, qu’on se remémore un peu les différentes positions des lecteurs de l’époque, histoire de rigoler.

      1. Merci pour le lien.
        Le Commercial nous explique le retour d’expérience de ce projet pilote qui n’aurait jamais dû sortir du champ clos de l’expérimentation. Mais dans cet objectif, on se rappellera que Michelin avait construit sa propre route : plus économe (on pourra se demande l’intérêt du “muret” construit en dur couvert d’images naïves) et plus sûr.
        En fait, le seul intérêt était l’activisme.
        Quand au maire qui nous explique que de toute façon, la “route” aurait été démontée mais on ne savait pas quand, est-ce un hommage à Devos ? 😉

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