Les États-Unis ont-ils gagné la guerre politique qui les oppose à TikTok ? Depuis des années, le réseau social chinois est dans le collimateur de la justice américaine. Accusé d’entretenir des liens opaques avec le Parti communiste chinois, par l’intermédiaire de sa maison mère ByteDance, TikTok s’est maintes fois retrouvé sur le banc des accusés, avec la menace d’une interdiction pure et simple sur le territoire de l’Oncle Sam.
À la perspective d’une interdiction totale, l’entreprise profitait pourtant d’une porte de sortie : changer de mains pour quitter le joug chinois, et devenir américaine, au moins sur la partie destinée aux États-Unis. Concrètement, l’échappatoire de TikTok pour rester sur le sol américain repose (presque) uniquement sur la perspective d’une nationalisation forcée. Chose à laquelle l’entreprise s’était toujours refusée. Jusqu’à aujourd’hui ?
Un changement d’algorithme discret ?
Selon un rapport de Reuters, des travaux seraient actuellement en cours au sein de l’entreprise chinoise, afin de scinder l’algorithme de TikTok, et de créer une version entièrement dédiée au marché américain, capable de fonctionner indépendamment de Douyin, la version chinoise de l’application, qui appartient, elle aussi, à ByteDance. Le projet est colossal : il pourrait mettre plus d’un an à se concrétiser, avant de réussir à convaincre les législateurs américains de la bonne foi de l’entreprise.
The Reuters story published today is misleading and factually inaccurate. As we said in our court filing, the 'qualified divestiture' demanded by the Act to allow TikTok to continue operating in the United States is simply not possible: not commercially, not technologically, not…
— TikTok Policy (@TikTokPolicy) May 30, 2024
Dans son rapport, Reuters cite une discussion repérée sur Lark, la messagerie interne de l’entreprise. De son côté, TikTok dément la situation. Sur le réseau social X, l’entreprise a expliqué : “L’article de Reuters publié aujourd’hui est trompeur et factuellement inexact“, avant de préciser que la cession exigée par les législateurs américains “n’est tout simplement pas possible : ni commercialement, ni technologiquement, ni légalement. Et certainement pas dans le délai de 270 jours exigés par la loi“.
Interrogé par The Verge, le porte-parole de TikTok, Michael Hughes indique : “Bien que nous ayons continué à travailler de bonne foi pour préserver l’authenticité de l’expérience TikTok, il est tout simplement faux de suggérer que cela faciliterait la cession ou que la cession soit même une possibilité“. Malgré les tentatives de TikTok pour prouver sa bonne foi hors de Chine, notamment à travers le “Projet Texas” qui entendait rétablir la transparence et la confiance de l’entreprise auprès du gouvernement américain, l’entreprise est sur la sellette. Elle n’a en effet que jusqu’au 19 janvier 2025 pour céder le contrôle de l’application à une autre maison mère (sous-entendue américaine), sous peine d’être officiellement interdite aux États-Unis. Une situation d’injustice, estime la firme, qui a attaqué le gouvernement en justice au début du mois de mai, et qui ne semble officiellement pas prête à céder face à l’ultimatum de l’Oncle Sam.
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