À la mi-mars, SpaceX a procédé au troisième lancement de sa mégafusée Starship, avec des résultats plutôt encourageants. À l’issue de cette mission, Elon Musk a affiché son ambition d’accélérer la cadence et de réduire les délais entre les prochains décollages, et cela semble bien parti. Sur Twitter/X, l’entreprise a annoncé qu’elle prévoyait de procéder au prochain tir le 5 juin prochain, environ deux mois et demi après la dernière échéance. Si tout se passe bien, ce colosse de métal devrait donc s’élancer depuis la Starbase, dans le sud du Texas, dans un peu plus d’une semaine, profitant d’une fenêtre de lancement qui s’ouvrira à 14 h (heure française).
Ce calendrier demeure cependant provisoire. Comme à chaque fois, SpaceX va devoir attendre d’obtenir la fameuse autorisation de vol délivrée par la FAA, l’agence américaine de régulation de l’aéronautique. Le fait que l’entreprise ait déjà arrêté une date suggère toutefois que le processus est en bonne voie. À moins d’un souci technique ou météorologique, il y a donc de fortes chances pour que le quatrième ait bien lieu à cette date.
SpaceX focalisé sur la rentrée atmosphérique
SpaceX a aussi donné quelques détails sur le programme de cette nouvelle mission. Lors du troisième vol, les ingénieurs cherchaient notamment à atteindre une attitude compatible avec une insertion en orbite terrestre basse, à savoir 235 km au-dessus du niveau de la mer. Un but qui a été atteint, même si l’entreprise a délibérément choisi de ne pas mettre le dernier coup d’accélérateur nécessaire pour circulariser l’orbite et stabiliser le Starship en dehors de l’atmosphère.
Maintenant qu’on sait que le véhicule est capable de s’élever ainsi, le prochain objectif sera de prouver qu’il est aussi capable de redescendre vers la surface de la Terre sans accroc. « Le quatrième vol de test va détourner notre attention de l’orbite vers la démonstration de la capacité à retourner et à réutiliser le Starship et le booster Super Heavy », mentionne le manifeste de la mission. « Les objectifs principaux seront d’exécuter une mise à feu de décélération et un amerrissage en douceur dans le golfe du Mexique avec le Super Heavy, et de réussir une rentrée atmosphérique contrôlée avec le Starship. »
Une mise à jour des systèmes de contrôle et de propulsion
Pour rappel, c’est justement cette phase critique qui a posé problème lors du troisième vol. à cause d’une perte de contrôle qui a empêché le Starship de rester dans la position optimale pour encaisser ces températures infernales, l’engin n’a pas survécu à la rentrée dans l’atmosphère. Les ingénieurs ont attribué ce dysfonctionnement aux valves responsables du contrôle du roulement. Elles ont apparemment été gelées et bouchées pendant la descente, privant ainsi le véhicule de sa capacité à se stabiliser.
Le booster, de son côté, a souffert d’un problème de propulsion. 6 de ses 13 moteurs Raptor se sont éteints prématurément et n’ont pas pu se remettre en route à temps. Le Super Heavy n’a donc pas pu freiner suffisamment, et s’est désintégré à environ 450 mètres de la surface. Là encore, les ingénieurs pensent avoir déterminé la source du problème. Il s’agissait apparemment d’un blocage du système de filtration qui a empêché les ergols liquides de se déplacer correctement jusqu’à la chambre de combustion.
Pour y remédier, SpaceX a procédé à plusieurs modifications des deux étages. « Les boosters Super Heavy vont être dotés de matériel supplémentaire à l’intérieur des réservoirs d’oxygène pour améliorer ses capacités de filtration », explique le dernier rapport de l’entreprise. Ce document mentionne aussi des modifications matérielles et logicielles au niveau des moteurs Raptor eux-mêmes, afin d’améliorer la fiabilité de la remise à feu lors de la descente finale. SpaceX a aussi retravaillé les valves du Starship qui ont fait défaut lors du troisième vol. En plus d’en ajouter de nouvelles pour améliorer la redondance du système de contrôle, leur structure a été modifiée pour les rendre moins vulnérables à ces blocages.
Des enjeux considérables
La remise à feu des moteurs du Super Heavy est prévue à T+6:43, soit un peu moins de sept minutes après le décollage. Nous devrions donc être fixés sur le devenir du booster assez rapidement.
Pour ce qui est du Starship lui-même, il faudra attendre un peu plus longtemps. Le début de la phase critique, à savoir la rentrée atmosphérique, est prévu à T+47mn. À partir de là, il devra lutter contre ces contraintes mécaniques énormes pour conserver son orientation pendant un peu plus de 20 minutes sous haute tension ; c’est lors de cette fenêtre de temps que l’on saura de quoi ces valves modifiées sont capables. En cas de succès, il terminera sa descente avec une pirouette pour se réorienter une dernière fois afin de se poser en douceur dans l’océan. Le cas échéant, SpaceX pourra commencer à réfléchir à la récupération et à la réutilisation du matériel, qui sont censés être des arguments majeurs de ce véhicule révolutionnaire.
Il ne reste donc plus qu’à patienter jusqu’au 5 juin et à croiser les doigts pour que les deux étages rentrent au bercail en un seul morceau, ce qui serait déjà un vrai tour de force technique. L’heure exacte sera sans doute annoncée dans les jours à venir, sous réserve que la FAA délivre son autorisation à temps et que les prévisions météo soient compatibles avec un lancement.
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Toujours admiratif pour ces prouesses techniques. J’aurai aimé voir la conquête de Mars avant de mourir .