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Qualifié d’arme spatiale, un satellite de la Russie fait grimper la tension avec les États-Unis

La Russie a lancé il y a quelques jours un satellite suspecté d’être une arme anti-satellite, ce qui marque une nouvelle escalade dans les tensions déjà très élevées entre Moscou et Washington.

Ce satellite, nommé Cosmos 2576, a été placé en orbite terrestre basse depuis le cosmodrome de Plesetsk, situé à 800 kilomètres au nord de Moscou. Le lancement a été effectué avec le véhicule de lancement Soyouz-2.1b, selon Roscosmos, l’agence spatiale russe. Cette opération, justifiée par les intérêts du ministère de la Défense russe, a suscité de fortes inquiétudes au sein de la communauté internationale, notamment en raison de sa proximité avec plusieurs satellites gouvernementaux américains.

Accusations et contre-accusations

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’ambassadeur américain Robert Wood a déploré le danger que représente cette arme potentielle pour les actifs spatiaux des États-Unis. Ce n’est pas la première fois que la Russie est accusée de militariser l’espace. En 2019, des satellites russes avaient déjà suivi de près un satellite de reconnaissance national américain, lançant même un projectile à haute vitesse. En 2021, la Russie avait aussi testé un missile anti-satellite en détruisant l’un de ses propres satellites, créant au passage un champ de débris important.

Le Pentagone a confirmé que le satellite lancé récemment par la Russie présente des caractéristiques similaires à celles des charges utiles anti-satellites déployées en 2019 et 2021. Le général Patrick S. Ryder, porte-parole du ministère de la Défense US, n’a pas voulu divulguer de détails sur la charge utile du satellite.

En réponse aux accusations américaines, la Russie a dénoncé les États-Unis pour leur rôle dans la militarisation de l’espace. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a accusé le rival américain de transformer l’espace en « une arène de confrontation militaire ». Une rhétorique qui fait écho à la dynamique conflictuelle entre les deux nations, exacerbée par plusieurs différends : invasion de l’Ukraine et de la Géorgie, allégations d’ingérence russe dans les élections américaines.

L’opposition entre les deux puissances s’est également manifestée à l’ONU, où la Russie a opposé son veto à une résolution américano-japonaise visant à interdire le développement d’armes nucléaires dans l’espace. En revanche, la Russie a proposé une résolution condamnant toutes les armes dans l’espace, que les États-Unis ont rejetée comme étant du « gazouillage diplomatique ».

La montée en puissance des armes anti-satellites pose un risque majeur pour la sécurité et la stabilité des opérations spatiales. Avec seulement quatre pays possédant ces capacités (États-Unis, Russie, Chine et Inde), la communauté internationale est de plus en plus préoccupée par la possibilité d’une escalade militaire dans l’espace. Le Traité de l’espace extra-atmosphérique de 1967, qui interdit le placement d’armes de destruction massive en orbite, est l’un des cinq traités régissant les activités spatiales. Pas sûr qu’il soit bien efficace…

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