En 2022, la fusillade d’Uvalde, au Texas, tirait un bilan macabre : après avoir fait irruption dans son ancienne école primaire, Salvador Ramos (18 ans à l’époque) avait ouvert le feu sur les élèves et l’équipe enseignante avec un fusil d’assaut AR-15. Avant d’être abattu par les forces de l’ordre, le tireur avait eu le temps de faire 21 victimes (dont 19 enfants), et 17 blessés.
Sans grande surprise, les jeux vidéo et les réseaux sociaux n’ont pas tardé à s’imposer comme les coupables idéaux. Après le deuil, certains survivants de la fusillade d’Uvalde ainsi que les proches des victimes ont accusé les divertissements numériques d’avoir agi comme un catalyseur. Deux ans après les évènements, une action en justice a été lancée, afin d’établir un lien direct entre la tuerie survenue en 2022, et la passion de Salvador Ramos pour les jeux de tir à la première personne.
Meta et Activision attaqués
Pour obtenir la justice qu’ils réclament, les plaignants accusent Meta, Activision et Daniel Defense (un fabricant d’armes) de former “un monstre à trois têtes“, qui aurait exposé “en connaissance de cause” le tireur aux armes à feu, en le conduisant à les percevoir comme “un moyen de régler ses problèmes“, et en le poussant à les utiliser dans la vraie vie.
“Activision est le distributeur d’armes d’assaut le plus prolifique et le plus efficace aux États-Unis”
Dans le viseur de la justice, on retrouve tout particulièrement Instagram, qui par le biais de sa maison mère Meta, est accusé de permettre “aux industriels de l’armement d’entrer en contact avec des consommateurs“, y compris les plus jeunes. Quant à Activision, racheté par Microsoft en 2023, les plaignants exhortent le studio “d’arrêter d’entraîner et d’habituer des enfants à tuer” par l’intermédiaire de ses jeux. Il est notamment question de la franchise Call of Duty.
L’éternel faux-débat
Pour Activision, la plainte se trompe de cible : “des millions de personnes jouent aux jeux vidéo dans le monde sans commettre ensuite des actes horribles“. Il faut dire que régulièrement, les jeux vidéo sont pointés du doigt pour précipiter les vices des adolescents, exacerbant leur violence et concrétisant leur passage à l’acte. Le phénomène n’est d’ailleurs pas nouveau : en 1999, la fusillade du lycée Columbine posait déjà des questions similaires, accusant le jeu Doom des mêmes vices.
Reste que contrairement à ce qui est régulièrement pointé du doigt par les conservateurs, les jeux vidéo (pas plus que les réseaux sociaux d’ailleurs) ne créent pas de violences chez les internautes. Ils ne font en réalité qu’exacerber des problèmes de comportement et de santé mentale déjà présents, servant au mieux de catalyseur à un mal-être latent. De plus, accuser les contre-cultures des maux adolescents n’est pas un phénomène nouveau. Les comics, la télévision et les romans ont eu droit au même traitement, avant de finalement s’imposer comme des pans plus “acceptables” de la culture.
Les armes plutôt que les jeux vidéo ?
Derrière le débat Activision-Uvalde, c’est le libre accès aux armes à feu qui est pointé du doigt. Dans un communiqué, l’ESA (Entertainment Software Association) déplore : “Nous décourageons les accusations sans fondement liant ces tragédies au jeu vidéo, qui nuisent aux efforts visant à se concentrer sur les problèmes fondamentaux en question et à se prémunir contre de futures tragédies. De nombreux autres pays ont des taux de jeu vidéo similaires à ceux des États-Unis, mais nous ne voyons pas de taux similaires de violence armée“.
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