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Hardware : les portables Windows ARM arrivent, et la tension est à son comble

Tous les grands constructeurs se sont rués sur les nouvelles puces Snapdragon X de Qualcomm, et l’arrivée de cette nouvelle génération de machines en juin prochain pourrait complètement redistribuer les cartes dans le domaine des ordinateurs portables.

Microsoft continue de mettre les petits plats dans les grands pour lancer son écosystème d’« ordinateurs IA ». De nombreux constructeurs ont profité de l’événement Surface du 20 mai pour dévoiler une foule de machines flambant neuves, toutes estampillées du nouveau label Copilot +.

La grande nouveauté de cette nouvelle famille d’appareils, c’est que deux grands noms brillent par leur absence dans cette avalanche de communiqués : AMD et Intel, qui semblent avoir été complètement évincés de ce segment de l’écosystème portable. Et pour cause : les deux fondeurs historiques ont été supplantés par Qualcomm, qui promet monts et merveilles avec ses fameux Snapdragon X — des SoC ARM aux performances apparemment étourdissantes.

Microsoft mène la charge

Sans surprise, Microsoft a ouvert le bal avec ses propres machines. Les nouveaux Surface ont eu droit à une petite refonte esthétique et fonctionnelle, notamment avec de nouveaux écrans tactiles HDR aux formats 13,8 et 15 pouces dotés de webcams 1080p dopées à l’IA. Mais au-delà de cette enveloppe séduisante, c’est bien la puce de Qualcomm qui est au cœur de cette première campagne de promotion ; ses différentes variantes deviennent officiellement les plateformes exclusives pour la nouvelle génération de PC Windows avec Copilot+.

Surface Copilot +
© Microsoft

Selon Microsoft, les Snapdragon X Plus et Elite permettront aux nouveaux Surfaces Laptop conventionnels et aux Surface Pro convertibles d’atteindre des niveaux de performances 86 % supérieurs à ceux de la génération précédente, avec une NPU (Neural Processing Unit, une puce spécialisée dans les tâches de machine learning) cadencée à 45 TOPS. Et ce sans sacrifier les performances énergétiques. En effet, l’entreprise revendique jusqu’à 20 h de lecture vidéo en continu avec une seule charge. Des chiffres qui pourraient en faire des utilitaires de tout premier plan, potentiellement capables de rivaliser avec les MacBook qui sont déjà passés sous pavillon ARM depuis belle lurette.

Toute l’industrie prend le train en marche

Mais derrière Microsoft, presque tous les grands constructeurs se sont aussi engouffrés dans la brèche en dévoilant une flopée de nouvelles machines basées sur ce nouveau standard. Certaines marques ont aussi essayé de marquer le coup en annonçant plusieurs machines Copilot + d’un coup. La palme de la productivité revient sans doute à Dell, qui a dévoilé pas moins de 5 machines sous Snapdragon X pour le grand public et les entreprises.

Cela commence avec l’XPS 13, qui sera proposé exclusivement avec un Snapdragon X Elite. Il supportera jusqu’à 64 GB de mémoire vive et jusqu’à 2 TB de stockage PCIe4, et proposera une grande variété d’écrans, de l’IPS 1920 x 1200 à l’OLED tactile 2880 x 1800. Le constructeur revendique aussi un impressionnant 27 heures d’autonomie en streaming vidéo basse luminosité.

Dell Xps 13 Copilot +
Dell XPS 13 © Dell

La gamme Inspiron a aussi droit à deux nouveaux engins, l’Inspiron 14 et l’Inspiron 14 Plus. Ces deux modèles modestes s’adressent plutôt aux étudiants, mais l’entreprise n’a pas encore révélé beaucoup de détails sur les configurations disponibles ; on sait seulement qu’ils seront livrés avec un Snapdragon X Plus. La gamme Latitude, qui s’adresse plutôt aux professionnels, a aussi droit à deux nouveaux modèles, les Latitude 7455 et 5455. Ils auront droit à de beaux écrans (une dalle tactile QHD+ pour le premier et FHD+ 16:10 pour le second), en plus d’une connectique de premier plan avec lecteur de carte uSIM 5G en option et plusieurs fonctionnalités de sécurité additionnelles.

Lenovo, de son côté, a présenté le Lenovo Yoga Slim 7x et le Lenovo ThinkPad T14s Gen 6, deux “PC IA” là encore alimentés par des Snapdragon X Elite.

Lenovo Yoga Copilot+
Lenovo Yoga Slim 7x © Lenovo

Acer, en revanche, avance un peu plus timidement ; pour l’instant, la marque n’a présenté qu’une seule machine Copilot+ équipée d’un Snapdragon X, à savoir le nouveau Swift 14 AI. Cet ultrabook est doté d’un écran tactile IPS WQXGA (2560×1600) de 14,5 pouces avec une belle webcam 1440p monté sur le même châssis en aluminium fin et léger que ses cousins de la gamme Swift. Mais contrairement à ces derniers, il pourra embarquer un Snapdragon X Pro à 10 cœurs ou Elite à 12 cœurs, avec son GPU Adreno et son NPU Hexagon, épaulé par 32 GB de mémoire vive LPDDR5X-8533 au maximum et un SSD NVMe PCIe Gen 4 d’1 TB.

Acer Swift 14 Ai Copilot +
Acer Swift 14 AI © Acer

Asus a adopté la même stratégie, avec une seule machine Copilot+ dévoilée jusqu’à présent : le Vivobook S 15. Il conservera le superbe écran OLED que l’on trouvait sur la génération actuelle sous processeur Intel, à savoir une dalle OLED HDR de 15,6 pouces (2880 x 1620) au format 16:9, mais avec des bordures encore plus fines qu’auparavant. Il sera aussi disponible en deux versions Snapdragon X Plus et Elite, avec 32 GB de mémoire vive et 1 TB de stockage PCIe 4, et bénéficiera des dernières normes sans fil (Wi-Fi 8 et Bluetooth 5.4).

Asus Vivobook S 15 Copilot+
Asus Vivobook S 15 © Asus

Même constat chez Samsung, qui a dévoilé un Galaxy Book4 Edge très prometteur doté d’une superbe dalle AMOLED 2X 120 Hz, et chez HP, qui a profité de l’occasion pour ressusciter sa gamme Omnibook avec un Omnibook X doté d’un Snapdragon X Elite et d’un bel écran tactile multipoint de 14 pouces renforcé au Gorilla Glass.

Un nouveau standard parti pour durer ?

Toutes ces machines seront disponibles dès le lancement officiel des Snapdragon X et du label Copilot+, à la mi-juin 2024. Pour les amateurs d’informatique, c’est une échéance qu’il conviendra de surveiller avec une attention toute particulière. Cela fait des années que Microsoft essaie tant bien que mal de lancer un grand changement paradigme dans le domaine des ultraportables avec un passage sous ARM, une architecture théoriquement bien plus adaptée à ce genre de machines que l’architecture x86 utilisée par Intel et AMD — notamment grâce à son excellente gestion de l’énergie.

Jusqu’à présent, la maison-mère de Windows n’a jamais réussi à produire des ordinateurs ARM dignes de ce nom, car les obstacles techniques étaient nombreux. On peut notamment citer le problème de l’émulation. Tout l’écosystème Windows est basé sur une architecture x86 qui est fondamentalement incompatible avec les puces ARM, et la capacité à émuler ces logiciels non optimisés pour cette plateforme est donc un élément indispensable pour répliquer l’expérience PC telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Il sera donc intéressant de voir si toutes ces machines rencontrent le succès attendu. Cela pourrait enfin marquer le grand changement de paradigme tant attendu par Microsoft, avec une nouvelle génération de machines véloces, très légères et très économes en énergie susceptibles de s’inscrire dans la durée.

Vers une grande redistribution des cartes ?

Il conviendra aussi d’étudier les retombées de cette situation sur Intel, qui propose plusieurs puces basse consommation spécifiquement taillées pour les ultrabooks. C’est en grande partie pour cette raison qu’elle a développé son architecture à deux types de coeurs, avec ces fameux E-cores conçus pour traîter les tâches peu exigeantes en utilisant un minimum d’électricité.  La firme de Pat Gelsinger aura-t-elle encore intérêt à produire ce genre de CPU si leurs concurrents ARM répondent aux attentes ? La question mérite d’être posée.

Le cas échéant, on peut aussi s’interroger par rapport au futur d’AMD sur le segment portable . La consommation très raisonnables des CPU Ryzen par rapport aux Intel Core était jusque-là l’argument phare de l’écurie orange, mais même ces excellences puces ne pourront pas rivaliser avec des chips ARM sur ce terrain. Si les Snapdragon X sont aussi exceptionnels qu’annoncé, cela pourrait forcer ces deux entreprises à changer de stratégie pour se concentrer sur les puces haute performance destinées aux machines gaming et aux workstations portables, avec une toute nouvelle segmentation du marché des ordinateurs mobiles à la clé. 

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3 commentaires
  1. X86 c’était les années 70, maintenant tout est fini. Encore une fois, MERCI Apple d’avoir tapé un bon coup de bâton sur la fourmilière, maintenant les choses peuvent enfin avancer. On peut espèrer que la planète sera remplie de datacenters basé sur ARM, ce sera plus écologique et ça, c’est OBLIGATOIRE avec tout ce qui arrive!

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