C’est la fin de la shrinkflation. Véritable promesse gouvernementale depuis l’année dernière, l’arrêté du 16 avril 2024 vient d’être publié au Journal Officiel ce samedi 4 mai. Désormais, il oblige les distributeurs à informer clairement les consommateurs sur les produits dont la quantité a diminué, sans que le prix baisse. Le procédé n’a rien de nouveau, et permet régulièrement aux industriels de réduire leurs coûts sans augmenter significativement le prix de vente (qui a augmenté en moyenne de 20% en deux ans). Il y a quelques semaines, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’était indigné de cette “arnaque”, en promettant d’y mettre fin.
La shrinkflation, c’est quoi ?
Aussi appelée “réduflation” dans la langue de Molière, la shrinkflation est la contraction de “shrink” (rétrécir) et “inflation”. Il s’agit d’une stratégie commerciale où le fabricant diminue la quantité de produit, par exemple en enlevant quelques gâteaux du paquet ou en rétricissant leur taille de manière imperceptible à l’œil nu, sans diminuer le prix final. Concrètement, vous vous retrouvez avec moins de produit pour un prix toujours aussi élevé. Rien de très innovant sur le papier : l’inflation touche tout le monde. Pour autant, l’absence de transparence sur le sujet peut facilement induire les consommateurs et les consommatrices en erreur.
Un étiquetage obligatoire
À partir du 1ᵉʳ juillet prochain, il sera désormais obligatoire pour les distributeurs d’apposer une mention visible sur les emballages en cas de shrinkflation. Cette dernière devra indiquer clairement : “Pour ce produit, la quantité vendue est passée de X à Y et son prix au kilo, gramme ou litre a augmenté de X% ou X euros“.
Annoncé il y a quelques semaines par la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, cet étiquetage devra rester visible pendant deux mois “à compter de la date de la mise en vente du produit dans sa quantité réduite“. En cas de manquement, les fabricants s’exposent à une amende de 3 000 euros pour une personne physique et 15 000 euros pour une personne morale. Un “signal fort pour les industriels”, estime l’ONG Foodwatch, qui n’est pas vu d’un très bon œil par les principaux concernés. En fin d’année dernière, le spécialiste de la distribution Philippe Goetzmann, estimait dans une lettre ouverte auprès de la fondation Jean Jaurès que non seulement la shrinkflation était pratiquée de manière “marginale”, mais aussi qu’elle était le symptôme d’un “impossible débat sur la baisse des volumes“.
Shrinkflation : oui, il faut informer les consommateurs du changement de conditionnement des produits, surtout si ça masque l'inflation !😱😱 Mais c'est au fabricant de l'écrire sur ses emballages. Alors, une charte les engageant à le signaler eux-mêmes ? Chiche @oliviagregoire ? pic.twitter.com/4zOYkiK6FA
— Michel-Edouard Leclerc (@Leclerc_MEL) April 19, 2024
De leur côté, les distributeurs regrettent les conditions d’application de cet arrêté. D’abord parce que c’est à eux que reviendra la responsabilité de pointer du doigt les produits concernés. “C’est au fabricant de l’écrire sur ses emballages“, a estimé Michel-Edouard Leclerc, sur son compte X. Ensuite parce que les options de contournement sont nombreuses : pour éviter la mention shrinkflation, il suffira pour les fabricants de changer légèrement leur recette, ou de commercialiser un “nouveau” produit quasiment identique.
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Ah il joue bien son jeu monsieur Leclerc. Mais précise-t-il que les augmentations de prix dans les magasins Leclerc sont essentiellement dût à la volonté de son enseigne, qui elle presse très durement ses fournisseurs pour que ces derniers ne bougent pas leur prix à la hausse ? En gros, tout ce qui augmente, ça va dans la poche de Leclerc. Ah, et spoiler, c’est pareil chez la concurrence (carrefour, auchan, system U…).
Autrefois les contenants étaient relativement standardisés, on emballait 100g, 250g, 500g, 1Kg.
Mais une directive européenne a cassé tout cela.
Désormais les industriels emballent ce qu’ils veulent 113g, 240g, 412g, 992 g etc..
Cela favorise la shrinkflation car les consommateurs n’ont pas envie de recalculer le prix au kilo.
Il est souvent indiqué dans les rayons mais en tout petit et les consommateurs qui étaient habitués à des contenances relativement standardisés n’ont pas l’envie ni le temps de s’irriter les yeux à lire ces indications pour chaque article, car en plus il devrait lire la composition, s’inquiéter du nutriscore et/ou de l’impact pour la planète.
Il a autre chose à faire.
Philippe Goetzmann, estimait dans une lettre ouverte auprès de la fondation Jean Jaurès que non seulement la shrinkflation était pratiquée de manière “marginale”…
on voit qui ne fait pas soi-même ses achats !