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La première course de voitures pilotées par l’IA était aussi chaotique que prévu

Les spectateurs du premier grand prix de l’Autonomous Racing League ont assisté à de nombreux pépins techniques. Mais il s’agit tout de même d’une première encourageante pour le futur de l’IA appliquée à la conduite.

Ce week-end, les fans de sports mécaniques ont pu assister aux grands débuts de l’Autonomous Racing League, une ligue de course automobile réservée aux véhicules autonomes pilotés par des algorithmes d’intelligence artificielle. La première épreuve s’est déroulée samedi sur le circuit de Yas Marina à Abou Dhabi… et ceux qui espéraient du grand spectacle ont dû être extrêmement déçus.

La Formule 1 et la Super Formula ne sont certes pas aussi visuellement impressionnantes que le rallye ou le supercross, par exemple. Mais ces disciplines jouissent tout de même d’une aura particulière, notamment parce que les pilotes sont aussi des athlètes de très haut niveau. Pour pousser ces machines remarquablement rapides dans leurs retranchements pendant plus d’une heure, ils doivent faire preuve d’une combinaison d’endurance physique, de réflexes foudroyants et de précision chirurgicale qui n’ont rien à envier à certains olympiens.

Mais malheureusement, cette recette qui fait tout le sel des grands prix a brillé par son absence ce week-end. En effet, au début des essais, la plupart des voitures autonomes ont eu toutes les peines du monde à boucler un tour complet… ou même à passer des virages pourtant assez rudimentaires.

Des pépins en pagaille

En effet, chaque tournant semble avoir été une vraie épreuve pour ces pilotes virtuels alimentés par des caméras, des radars et des lidars. La voiture de l’écurie FlyEagle, par exemple, a donné un violent coup de volant sans raison apparente, déviant ainsi de sa trajectoire avant de s’immobiliser. Celle de l’écurie Polimove a également mal abordé un tournant ; elle est partie dans un dérapage incontrôlé, puis s’est arrêtée net en plein milieu de la piste.

Mention honorable à l’équipe Kinetiz, dont l’engin a percuté la rambarde de plein fouet après avoir tourné beaucoup trop tôt. Mais la palme revient à la collision entre les voitures de Fly Eagle et de Polimove (voir l’image en tête d’article).

Heureusement, la suite des essais s’est mieux déroulée. Après que les ingénieurs aient eu l’occasion de recalibrer leurs systèmes, toutes les écuries ont réussi à enregistrer un chrono qualificatif. Et certains étaient même assez respectables. La voiture de Polimove, par exemple, a bouclé son tour de référence en 2 minutes et 0,635 seconde. Pour référence, pendant la saison 2023, les voitures de Formule 2 se sont qualifiées avec un temps de 1 mn 35 secondes sur ce même circuit.

Malheureusement, la course en elle-même n’a pas non plus été épargnée par les incidents techniques. Après quatre tours, la voiture du leader Polimove a perdu le contrôle. Conformément à la procédure, les commissaires de course ont donc sorti le drapeau jaune, qui impose aux autres concurrents de ralentir et interdit temporairement les dépassements pour éviter un suraccident. Le problème, c’est que ces pilotes virtuels ont pris la règle au pied de la lettre : les deux voitures suivantes se sont tout simplement arrêtées derrière celle de Polimove. Cet incident a débouché sur une interruption technique, et le nombre total de tours a été réduit de 16 à 7. Finalement, c’est l’Université Technique de Munich (TUM) qui s’est imposée.

Un permis probatoire

Vous l’aurez compris : en termes de spectacle, ce premier grand prix n’était pas franchement une grande réussite, malgré l’enthousiasme communicatif des commentateurs. Et cela vaut aussi au niveau strictement sportif. Il est évident que Max Verstappen et ses collègues devront patienter un bon moment avant de pouvoir s’inspirer de l’IA pour repousser les limites de leur discipline, comme c’est par exemple déjà le cas aux échecs.

Mais c’est aussi une interprétation extrêmement réductrice. Car pour le moment, l’objectif n’était clairement pas de pulvériser les chronos. Il s’agissait plutôt d’une preuve de concept, et à ce niveau, le contrat est rempli. Il faut relativiser et se rappeler que le pilotage par l’IA est une discipline encore balbutiante. Comparer ces IA aux pilotes humains reviendrait à opposer un sprinteur professionnel à un bambin qui vient tout juste d’enchaîner ses trois premiers pas ; même si ce dernier n’avait aucune chance de battre le champion en l’état, on peut tout de même l’applaudir pour ses efforts. Après tout, même Usain Bolt a commencé sa carrière à quatre pattes !

Un vecteur d’innovation

Et comme avec un jeune athlète prometteur, il sera très intéressant de suivre le développement de ces voitures de course conduites par l’IA. Car même si la course des algorithmes risque d’avoir du mal à séduire le grand public, ce genre d’événement est aussi et surtout un vecteur d’innovation. Les progrès des ingénieurs vont également bénéficier aux autres véhicules autonomes qui vont probablement se démocratiser sur les prochaines décennies. Vue sous cet angle, cette course était donc un succès.

Daniil Kvyat, un ancien pilote de F1 passé par l’écurie Red Bull, partage en tout cas cette interprétation. Entre les essais et la finale, il a diverti le public avec une course d’exhibition contre la voiture de Fly Eagle. Il s’est imposé sans forcer, mais s’est dit assez impressionné par les progrès de la discipline et surtout par son potentiel.

« Nous assistons à un événement historique aujourd’hui, et c’est super d’en faire partie », a-t-il déclaré après sa démonstration. « Il y a peu, c’était difficile d’imaginer des voitures de course pilotées par des IA, et maintenant elles font du très bon travail. C’est une belle avancée pour le futur et très intéressant pour tous les ingénieurs impliqués ».

La rediffusion de la course est disponible sur YouTube.

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4 commentaires
  1. C’est quoi des “des algorithmes d’intelligence artificielle”
    Je ne suis pas expert mais c’est la premiere fois que je lis ca et comme vous avez deja fait l’erreur d’utiliser “IA” dans des articles ou ca n’en etait pas. J’ai un doute sur le vrai mode de conduite.

    1. Bonjour,
      En l’occurrence, il s’agit d’algorithmes de machine learning (un réseau de neurones virtuels pré-entraîné, ici l’inférence est réalisée à partir des données capturées par les caméras, radars et lidars).
      Si vous avez identifié des articles où j’ai utilisé le terme “IA” de manière erronée, n’hésitez pas à m’en faire part pour que je puisse lever l’ambiguïté ou corriger une éventuelle erreur.
      Bien cordialement,

  2. Je trouve au contraire que c’est très prometteur. Les IA ont fais des temps ridicules par rapport au meilleurs humains MAIS leurs temps sont bien meilleurs que ce que feraient des conducteurs lambda non entrainés.
    Les IA s’amélioreront très vite et n’oublions pas que les budgets de ces écuries sont ridicules comparés aux budgets des ténors de la discipline.

  3. Je ne comprends pas cette obsession de vouloir rendre des voitures autonomes. Cela revient à considérer que l’humain n’est qu’un bon à rien qu’il faut remplacer par une machine “pour rendre les routes plus sûres”. Quand l’intelligence artificielle aura fait suffisamment de progrès pour qu’on puisse déployer des solutions autonomes à grande échelle, on interdira aux humains de conduire parce qu’ils représenteront un risque supérieur à celui d’un véhicule autonome. Ce sera inscrit dans les lois et il ne sera pas possible d’y déroger. Mais quand on sera rendra compte de cette privation de liberté, il sera trop tard.

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