Son corps produit de l’alcool, il échappe à la conduite en état d’ivresse

Selon l’AFP, un homme belge de 40 ans arrêté au volant de son véhicule avec un taux d’alcool largement supérieur à la limite légale a récemment été relaxé par un tribunal belge pour une raison particulièrement surprenante. S’il a réussi à échapper à toute poursuite, c’est parce qu’il est atteint d’une maladie intestinale rare qui se manifeste par une production d’alcool par l’organisme.

À l’origine, le dossier ressemblait à une affaire de conduite en état d’ivresse tout ce qu’il y a de plus classique. Après un contrôle de routine, les forces de police locales lui ont imposé un test d’alcoolémie qui a rendu un verdict assez accablant : 0,91 milligramme d’alcool par litre d’air expiré, ce qui correspond à environ 2 grammes par litre de sang. Un chiffre environ quatre fois supérieur à la limite légale de 0,5 g/L, la réglementation belge étant similaire à celle de la France à ce niveau.

L’intéressé affirmait cependant qu’il n’avait pas consommé la moindre goutte d’alcool — une explication quoi n’a évidemment pas convaincu ses interlocuteurs. Il a toutefois appel de cette décision, et bien lui en a pris ; trois médecins indépendants ont finalement confirmé sa version en certifiant qu’il est atteint d’une maladie rare et très mal documentée, le syndrome d’auto-brasserie (ou ABS, pour auto-brewery syndrom).

C’est quoi, le syndrome d’auto-brasserie ?

Cette affliction est directement liée à la ribambelle de micro-organismes qui peuplent le système digestif, et plus spécifiquement les intestins. Chez les personnes atteintes d’ABS, on y trouve notamment différents types de levure qui transforment les glucides en éthanol à travers un processus de fermentation alcoolique, comme Saccharomyces cerevisiae. Cette dernière est plus connue sous le nom de « levure de bière » puisqu’elle est utilisée depuis l’antiquité pour produire ce breuvage.

Ces micro-organismes ne sont généralement présents dans le système digestif que de manière transitoire ; elles y passent lorsque l’individu consomme certains aliments, mais n’y reste pas sur le long terme. En revanche, elles semblent se sentir comme chez elles dans les entrailles de certains individus. Il existe plusieurs pistes pour expliquer ce phénomène, comme l’usage excessif d’antibiotiques, le diabète ou différents types de maladie génétique. Mais à ce jour, personne ne sait exactement ce qui pousse ces bactéries à s’installer durablement, car la maladie est excessivement rare et donc très peu étudiée.

Quoi qu’il en soit, une fois qu’elles ont investi les intestins, ces bactéries s’en donnent à cœur joie. Elles font fermenter tous les sucres qui passent à leur portée. Cela se traduit par une production d’alcool qui peut être tout à fait significative. En cas de régime alimentaire chargé en glucides, le patient peut se retrouver dans un état d’ivresse caractérisée sans avoir ingéré la moindre goutte d’alcool.

Le conducteur échappe à la condamnation

Toujours d’après l’AFP, l’avocat du conducteur explique que ce dernier n’était absolument pas au courant de sa condition. Un argument jugé recevable par le tribunal, dans la mesure où les symptômes (vertiges, maux de tête, nausées…) peuvent tous être attribués à d’autres maladies ou à un mode de vie jugé peu sain. Il n’est donc pas évident de les relier au symptôme d’auto-brasserie, et ce dernier a tendance à passer inaperçu. Par conséquent, le juge chargé de l’affaire a estimé le 22 avril qu’il ne serait pas juste de lui imputer la responsabilité de son infraction.

Maintenant qu’il en est conscient, il devra cependant prendre ses précautions, notamment en s’astreignant à un régime très pauvre en glucides. L’AFP ne donne cependant aucun détail quant à une éventuelle prise en charge médicale.

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