Les dangers des écrans sur la santé des enfants font régulièrement l’actualité. Outre les effets sur la santé (développement, obésité, capacités cardio-vasculaires), les activités en ligne peuvent présenter des risques. Au Royaume-Uni, le smartphone semble pourtant être devenu roi dans les mains des enfants britanniques.
Une étude de l’Ofcom (Office of communications), l’autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni, sur le rapport des enfants aux médias, révèle que près d’un quart des enfants du pays âgés de cinq à sept ans possèdent leur propre smartphone. Ils sont également 76 % à utiliser une tablette.
Ces jeunes utilisateurs se tournent notamment vers les réseaux sociaux, dont l’usage a globalement progressé depuis l’année dernière. Il est passé de 30 % à 38 % en un an, avec un intérêt marqué pour WhatsApp, TikTok ou encore Instagram et Discord. Ces smartphones servent aussi à jouer, les jeux en ligne passant d’un pourcentage d’utilisation de 34 % l’année dernière à 41 %.
Le régulateur britannique tire la sonnette d’alarme
Pour le régulateur des télécommunications, ces chiffres doivent être un « signal d’alarme » pour que l’industrie fasse davantage afin de protéger les enfants. À titre d’exemple, l’utilisation de WhatsApp progresse chez les 5 à 7 ans alors que l’âge minimum requis par Meta est officiellement de 13 ans. L’étude révèle que plus de la moitié des enfants de moins de 13 ans ont utilisé les réseaux sociaux, contournant la plupart des règles des grandes plateformes.
« Je pense qu’il s’agit d’un signal d’alarme pour l’industrie. Ils doivent tenir compte des utilisateurs qu’ils ont, et non des utilisateurs que leurs conditions générales indiquent qu’ils ont », explique Mark Bunting, du groupe de sécurité en ligne de l’Ofcom, à la BBC.
« Nous savons depuis longtemps que les enfants, qui n’ont pas l’âge limite pour un grand nombre des applications les plus populaires, utilisent largement ces applications, et les entreprises ont désormais l’obligation légale de prendre des mesures pour assurer la sécurité de ces enfants », ajoute-t-il.
Des parents « résignés »
Ces progressions s’expliquent aussi par un relâchement de l’application des règles par les parents. « Si la préoccupation des parents dans certains domaines a augmenté considérablement, leur application des règles semble diminuer, en partie à cause de leur résignation quant à leur capacité à intervenir dans la vie en ligne de leur enfant », précise l’Ofcom. L’étude ajoute que trois quarts des parents des enfants de 5 à 7 ans qui utilisent Internet affirment qu’ils ont parlé avec eux de la sécurité en ligne (76 %).
Toutefois, seuls 20 % des parents indiquent que leurs enfants leur ont rapporté avoir vu quelque chose en ligne qui les a effrayés ou inquiété. Pourtant, un tiers des 8 à 17 ans assurent avoir vu des contenus inquiétants ou néfastes au cours des douze derniers mois. Notez que les filles sont davantage exposées que les garçons du même âge à des interactions néfastes en lignes. Cela concerne aussi des applications de messagerie (20 % contre 14 %) que les réseaux sociaux (18 % contre 13 %).
À la BBC, des parents évoquent aussi une pression face à la situation et leurs difficultés à garder les enfants à l’écart des réseaux sociaux. Certains se sentent « résignés » et seul un tiers des parents connaissent l’âge minimum requis pour la plupart des plateformes sociales.
Quelles sont les solutions ?
Outre-Manche, le sujet fait débat et Mark Bunting ne rejette pas la faute sur les parents. Il assure avoir « beaucoup de sympathie » pour les parents de jeunes enfants. Et d’ajouter : « Il ne s’agit peut-être pas d’empêcher totalement l’utilisation d’Internet par les enfants de moins de 13 ans, ce qui me semble très difficile dans la société d’aujourd’hui. Mais les parents peuvent parler à leurs enfants de l’utilisation de ces services en toute sécurité. Et nous les encourageons à le faire ».
La solution peut aussi venir de l’école. Toujours d’après l’étude, 90 % des enfants âgés de 8 à 17 ans utilisant Internet se souviennent d’avoir reçu au moins un cours sur la sécurité en ligne à l’école. Parmi eux, 75 % ont déclaré que ces cours leur avaient été utiles. Ce chiffre grimpe à 97 % pour les 30 % d’enfants qui suivent des cours de sécurité en ligne de manière régulière.
Plus que jamais, l’éducation continue et inciter au dialogue entre les parents et les enfants apparaissent comme des solutions pour introduire l’usage d’Internet et des réseaux sociaux. Dans l’Hexagone, on penche plutôt sur de possibles restrictions du temps d’écran pour les plus jeunes.
En France, une étude de l’Association e-Enfance/3018 indiquait que c’est à 5 ans et 10 mois que les enfants commencent à utiliser Internet et que 46 % d’entre eux sont équipés d’un smartphone avant leurs 10 ans.
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