Cela fait déjà quelques années que les réseaux sociaux sont pris d’assaut par une nouvelle génération d’ « influenceurs » qui n’ont rien à voir avec des humains en chair et en os, et pour cause : ils sont produits entièrement par des systèmes d’IA générative.
Le concept peut paraître complètement aberrant, mais il fonctionne à merveille. Certaines de ces célébrités virtuelles comptent des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, et génèrent donc des revenus faramineux pour leurs créateurs. Certains ont même signé des contrats extrêmement juteux avec de grandes marques de luxe comme Prada, Dior ou Calvin Klein. Et si cette tendance vous laisse perplexe, vous n’êtes pas au bout de vos surprises : des mannequins générés par l’IA vont bientôt pouvoir s’affronter lors d’un concours de beauté d’un nouveau genre.
L’élection de la première « Miss AI »
Cet événement, baptisé World AI Creator Awards (WAICA) est ouvert à tous les créateurs qui gèrent un mannequin créé grâce à un système d’IA générative et les mettent en avant sur les réseaux sociaux en tant qu’influenceurs virtuels. Ils seront jugés sur leur apparence, mais aussi et surtout par rapport à leur succès sur des plateformes comme Instagram (nombre d’abonnés, interactions avec les fans…). La lauréate (ou plutôt, son créateur) remportera un prix de 5000 $ ainsi qu’une campagne de promotion sur Fanvue et un contrat avec une agence de marketing.
Pour départager ces entités et élire la Miss IA 2024, les organisateurs ont fait appel à quatre juges. Les deux premiers sont des humains en chair et en os. Il s’agit de Sally-Ann Fawcett, historienne des concours de beauté et auteure d’un livre sur le sujet, et d’Andrew Bloch, un consultant en marketing et en relations publiques spécialisé dans les réseaux sociaux et l’influence numérique.
Les deux autres, en revanche, sont des personnalités virtuelles. Il s’agit d’Aitana Lopez et Emily Pellegrini, deux mannequins IA qui ont généré des centaines de milliers de dollars de revenus sur Fanvue. Il s’agit d’un réseau qui propose de payer des modèles, des musiciens ou d’autres créateurs en échange de contenu exclusif. Ces derniers mois, c’est devenu la plateforme de prédilection des créateurs d’influenceurs synthétiques.
Les « Oscar de l’économie de la création IA »
Les concours de beauté traditionnels, comme Miss France ou Miss Univers, ont fait l’objet de critiques de plus en plus sévères au fil du temps. Les opposants y voient un concept anachronique et malsain qui contribue à l’objectification de la gent féminine, et participe à entretenir des standards irréalistes. Dans ce contexte, on peut légitimement s’interroger sur le bien-fondé d’un tel concours, sachant que ces outils d’IA générative permettent de créer des représentations de femmes physiquement “idéales” qui contribuent à alimenter cette conception très primitive et superficielle de la beauté.
Les organisateurs et les juges du concours, en revanche, ont une interprétation très différente de la situation. Ils ne le voient pas comme un concours de beauté à proprement parler ; pour eux, il s’agit plutôt d’une manière de récompenser les chefs de file d’un nouveau mouvement artistique. « Ce n’est pas une question de beauté au sens stéréotypé du terme », explique un porte-parole à Forbes. « Il s’agit de soutenir et d’encourager le talent artistique et la beauté du travail des créateurs. »
Mais l’objectif de cette démarche n’est pas franchement philanthropique pour autant. L’équipe en charge de la compétition espère surtout se positionner comme un acteur majeur de ce nouvel écosystème, comme en témoigne une petite phrase très éloquente du fondateur de Fanvue Wil Monanage. « Nous voulons que les WAICA deviennent les Oscar de l’économie de la création IA », explique-t-il dans un communiqué. Un pari qui pourrait rapporter gros, sachant que les analystes prévoient un futur radieux à cette industrie qui devrait bientôt peser des milliards de dollars.
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On pensait que l’IA détruirait l’humanité par la guerre façon Skynet. En réalité elle va créer des partenaires artificiels idéaux et accélérer la chute de la natalité.