L’armée de l’air américaine a récemment révélé qu’elle avait organisé un combat aérien unique en son genre l’année dernière, et pour cause : il opposait un pilote de chasse en chair et un os à un deuxième appareil entièrement piloté par un algorithme à base d’intelligence artificielle.
C’est un concept sur lequel les États-Unis travaillent déjà depuis quelques années, en complément du développement des nouvelles générations de drones de combat. En fait, l’armée de l’air a déjà mené plusieurs simulations de ce genre, avec des résultats assez spectaculaires. Par exemple, en 2020, un algorithme dopé à l’IA a déjà battu des pilotes expérimentés à plate couture lors de l’AlphaDogfight, une compétition organisée par la DARPA pour sélectionner les systèmes les plus performants.
Un constat déjà édifiant par rapport au potentiel de l’IA dans ce domaine. Mais ces expériences comportaient une limite importante : elles ont eu lieu dans des environnements complètement virtuels. Il s’agissait donc de victoires assez « artificielles », pour citer le rapport de l’époque. En effet, rien ne permettait d’affirmer que ces pilotes virtuels seraient aussi performants en conditions réelles, aux commandes d’un véritable avion de chasse.
Le premier test en conditions réelles
C’est pour faire la part des choses une fois pour toutes que les responsables du programme ont décidé d’organiser ce test grandeur nature — le tout premier de ce genre selon la DARPA, l’agence gouvernementale responsable du développement des technologies militaires de pointe au pays de l’Oncle Sam.
Il opposait un célèbre chasseur F-16 à un X-62A, une version modifiées de ce dernier. La particularité de ce modèle, c’est que l’ensemble de ses équipements électroniques peut être ajusté à la volée pour répliquer les performances et le comportement en vol d’un grand nombre d’autres aéronefs différents, ce qui en fait une plateforme de test très polyvalente. Les deux appareils embarquaient chacun un humain à bord — mais ils ont hérité de rôles très différents. Alors que le premier pilotait sa machine comme il le ferait lors d’un véritable affrontement, l’autre n’avait qu’un rôle de supervision. Il était simplement là pour prendre les commandes en cas de dysfonctionnement du système autonome.
Évidemment, ils ne se sont pas tirés dessus à balles réelles. Mais les manœuvres, en revanche, étaient parfaitement conformes à celles qu’un pilote doit pouvoir réaliser lors d’un engagement réel. Selon ArmyRecognition, les deux avions ont commencé par tester des manœuvres défensives standard, avant de passer au répertoire offensif et de terminer avec des « confrontations directes à grande vitesse ».
Plus de détails à venir
Malheureusement, la vidéo de la DARPA ne dit pas qui en est ressorti vainqueur. On ne sait donc pas si le chasseur autonome a pulvérisé son adversaire comme il l’avait déjà fait lors des simulations, ou si l’humain a réussi à lui tenir la dragée haute.
La bonne nouvelle, c’est que nous serons peut-être fixés assez rapidement. D’après Interesting Engineering, le média spécialisé The War Zone va bientôt révéler de nouvelles informations relatives au programme. Il conviendra donc de guetter ce rapport, car avec un peu de chance, il comprendra davantage de détails sur les interactions entre les deux appareils. On peut aussi espérer y trouver des précisions sur l’état de ce programme qui témoigne de la montée en puissance du machine learning dans cette industrie, avec tout ce que cela implique pour les rapports de force stratégiques entre les différentes grandes puissances militaires.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.