La fameuse éclipse solaire totale du 8 avril est désormais passée, mais les curieux auront encore une autre occasion d’assister à un événement astronomique remarquable avant la fin de l’année. D’ici au mois de septembre, il sera possible d’observer une explosion nucléaire massive à environ 3000 années-lumière de la Terre.
Ce flash lumineux proviendra de la constellation Corona Borealis, et plus précisément d’un couple d’étoiles un peu particulier qui y réside. Toutes les deux sont en fin de vie. La première est une géante rouge, une étoile qui s’est mise à gonfler après avoir quasiment épuisé les réserves de carburant nécessaires au bon fonctionnement de sa fournaise. Elle est donc incapable de retenir son atmosphère, qui se dissémine petit à petit dans le milieu interstellaire. La seconde est une naine blanche, un stade encore plus avancé de la mort stellaire où les réactions thermonucléaires du cœur ont complètement cessé. Dans ces conditions, l’étoile se recroqueville sur elle-même pour ne laisser qu’un vestige de cœur extrêmement dense et dépourvu de toute atmosphère.
Un tango gravitationnel aux conséquences cataclysmiques
Ces deux étoiles mourantes font partie d’un système binaire, c’est-à-dire qu’elles orbitent l’une autour de l’autre (ou, plus précisément, autour d’un centre de gravité commun) à une distance très faible dans un vaste tango cosmique. En effet, les deux partenaires sont si proches l’une de l’autre que le matériel qui fuit de la géante rouge s’agglomère à proximité de la naine blanche sous l’effet de la gravité dans ce qu’on appelle un disque d’accrétion.
Mais ce processus ne continue pas indéfiniment. Plus le disque grandit, plus la température et la pression du système augmentent jusqu’à atteindre un point critique ; les atomes d’hydrogène se mettent alors à fusionner brusquement. Cela déclenche une réaction en chaîne pendant laquelle la température augmente brusquement de plus de 100 millions de degrés Celsius, avec un point d’orgue particulièrement spectaculaire : une violente explosion thermonucléaire appelée nova.
Une mine d’or pour les astronomes
À l’échelle d’une vie humaine, ces novas sont rares : elles ont lieu environ tous les 80 ans. Or, selon les prédictions des astronomes, la prochaine échéance devrait arriver d’ici quelque mois à peine — vraisemblablement avant le mois de septembre. Par conséquent, tous les spécialistes sont désormais sur le pied de guerre, et se préparent déjà à braquer leurs instruments les plus performants sur Corona Borealis. Même le fameux James Webb, le télescope le plus performant du monde, sera de la partie. Un détail qui en dit long sur l’importance de cette observation.
En effet, ces novas récurrentes sont des objets d’étude absolument fabuleux, car elles permettent d’étudier plusieurs mécanismes très importants à la fois. Pour commencer, ces systèmes binaires regorgent d’informations sur le cycle de vie des étoiles. Les astronomes peuvent recueillir des données précieuses sur les dernières étapes de l’évolution stellaire en observant ces étoiles en fin de vie, mais aussi sur les processus qui permettent à de nouvelles étoiles de naître, puisque ces explosions contribuent à enrichir le milieu interstellaire en disséminant des tas d’éléments lourds. Tous ces phénomènes jouent un rôle clé dans la dynamique globale du cosmos.
Au-delà de la cosmologie pure, ces événements sont aussi très intéressants en termes de physique fondamentale. Les caractéristiques de ces explosions, ainsi que la nature et le comportement du matériel éjecté, regorgent d’informations qui peuvent aider les spécialistes à mieux comprendre les phénomènes de fusion nucléaire et les vents stellaires qui contribuent à façonner notre univers.
Une nova visible à l’oeil nu
Et la cerise sur le gâteau, c’est que les professionnels ne seront pas les seuls à pouvoir profiter de la vue. D’après Joachim Krautter, un astronome à la retraite, l’explosion sera si violente qu’elle sera visible à l’œil nu depuis la Terre ! Pendant un instant, le couple d’étoiles sera à peu près aussi brillant que l’Etoile du Berger. « Il faudra simplement sortir et regarder dans la direction de Corona Borealis », explique-t-il dans une interview à l’AFP.
Pour les astronomes amateurs, il s’agira donc d’une formidable opportunité d’assister à un feu d’artifice cosmique qui ne survient qu’une seule fois par vie humaine. ll faudra cependant être plutôt réactif, puisque le flash ne durera pas plus de quelques jours au maximum. Si vous espérez profiter du spectacle, mieux vaut préparer votre télescope préféré dès à présent !
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.