La révolution de l’intelligence artificielle qui se joue en ce moment est en train de faire exploser la demande en termes de puissance de calcul, et plusieurs titans industriels jouent des coudes pour acquérir des montagnes de CPU et surtout de GPU pour entraîner leurs modèles. Mais OpenAI et Microsoft semblent déterminés à survoler les débats et comptent bien s’en donner les moyens grâce à la force de frappe financière sans équivalent de l’entreprise la plus riche du monde.
Selon The Information, le couple se prépare à construire une série de plusieurs supercalculateurs de premier plan à travers un grand projet en plusieurs phases pour alimenter ses ambitions démesurées dans le domaine de l’IA. Mais il y a un élément qui saute particulièrement aux yeux dans cette feuille de route. La cinquième et dernière phase prévoit la construction d’une machine aux proportions tout simplement ahurissantes, baptisée Stargate.
Un budget qui dépasse l’entendement
Ce sobriquet emprunté à la célèbre saga de science-fiction reflète déjà la dimension quasiment futuriste de l’initiative. Et il ne s’agit pas d’une exagération ; si les chiffres avancés par le média américain sont corrects, il s’agira sans doute de l’infrastructure d’informatique haute performance la plus avancée au monde, et de très loin.
En effet, Microsoft aurait débloqué un budget absolument stratosphérique de… 100 milliards de dollars ! Une telle somme permettrait au couple de s’offrir une quantité démentielle de matériel de dernière génération, comme les nouveaux GPU Blackwell présentés par Nvidia le mois dernier.
The Information ne livre aucune indication quant à la puissance de calcul totale d’une telle montagne de silicium, mais on peut affirmer sans trop de risque qu’il surpasserait largement tous les systèmes les plus performants du moment. Même le fameux Frontier, le monstre à 600 millions de dollars qui a été le premier à franchir la barre mythique de l’exaflops — un milliard de milliards d’opérations par seconde — et trône fièrement en tête du classement mondial depuis bientôt deux ans, serait loin de pouvoir rivaliser.
Des problèmes d’énergie et d’approvisionnement
Et ce n’est pas le seul chiffre hallucinant. Toujours selon The Information, l’engin pourrait consommer la bagatelle de… 5 gigawatts. Pour référence, cela correspond à peu près à la puissance cumulée de cinq réacteurs de centrale nucléaire standard.
Une telle quantité d’énergie pourrait permettre de charger environ 500 000 voitures électriques simultanément ou d’alimenter une ville de plusieurs millions d’habitants. Autant dire que l’approvisionnement en énergie sera une problématique centrale. Et à l’heure actuelle, personne ne semble savoir comment Microsoft et OpenAI comptent répondre à ce défi. Il sera intéressant de se pencher sur leur stratégie une fois qu’elle sera rendue publique.
Au-delà de la consommation d’énergie, l’autre question cruciale autour de Stargate est celle de l’approvisionnement. Cela fait déjà plusieurs mois que les usines d’Nvidia fonctionnent à flux tendu, dans un contexte où ses produits sont pris d’assaut par les géants de l’IA. Par conséquent, trouver suffisamment de matériel pour concrétiser un tel projet ne sera pas chose aisée. Il faudra sans doute des années pour réunir suffisamment de puces, à moins que Microsoft ne monte un partenariat exclusif avec le titan du hardware. Mais quoi qu’il en soit, si ce projet arrive à maturité, il risque fort de peser de tout son poids sur les chaînes d’approvisionnement, avec tout ce que cela implique pour le reste de l’industrie.
Un supercalculateur pour les gouverner tous
Pour toutes ces raisons, Stargate reste encore hypothétique à l’heure où ces lignes sont écrites. The Information suggère qu’il pourrait être bouclé à l’horizon 2026, mais pour le moment, aucune source ne permet d’affirmer qu’il a été officiellement validé.
Mais il conviendra tout de même de suivre attentivement l’évolution du dossier, car ce projet pharaonique pourrait faire basculer définitivement les rapports de force dans toute la Big Tech. Il permettrait notamment à OpenAI d’entraîner de nouveaux modèles IA encore plus performants comme GPT-5 ou ceux du projet Arrakis, qui a pris l’eau l’année dernière à cause d’un manque de puissance de calcul. De quoi prendre une avance considérable qui cimenterait son statut de leader sur le versant logiciel de l’IA… au grand dam de la concurrence et d’Elon Musk, qui a très mal vécu le changement de trajectoire d’OpenAI ces dernières années.
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