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La police demande à Google de révéler l’identité d’utilisateurs YouTube

Une série d’ordonnances judiciaires aux États-Unis soulève de sérieuses préoccupations en matière de vie privée et de libertés civiles. Des enquêteurs ont exigé de Google la divulgation d’informations personnelles de dizaines de milliers d’utilisateurs ayant visionné des vidéos spécifiques sur YouTube : de quoi interroger sur la constitutionnalité de telles demandes et leur impact sur les droits des citoyens.

Des enquêteurs fédéraux aux États-Unis ont ordonné à Google de fournir des informations détaillées sur les spectateurs de certaines vidéos YouTube, selon des documents judiciaires obtenus par Forbes. Cette demande concerne des tutoriels sur l’utilisation de drones pour la cartographie et des logiciels de réalité augmentée, regardés par environ 30.000 personnes dans une période spécifique de janvier 2023.

Une tendance inquiétante en matière de surveillance numérique

Les autorités ont communiqué sous couverture avec un présumé blanchisseur d’argent, lui envoyant des liens vers les vidéos pertinentes, avant d’exiger de Google l’identification des spectateurs. Les informations requises incluaient noms, adresses, numéros de téléphone et historique de navigation pour les comptes Google, ainsi que les adresses IP des utilisateurs non inscrits chez Google ayant accédé aux vidéos.

Des experts en surveillance et en protection de la vie privée, interrogés par la publication, ont souligné que ces demandes pourraient violer les premier et quatrième amendements de la Constitution américaine, qui protègent respectivement la liberté d’expression et limitent les recherches et saisies non raisonnables. La légitimité de telles requêtes judiciaires repose sur une zone grise légale, souvent contestée en justice, menant parfois à des batailles juridiques au long cours.

Le rapport souligne une certaine tendance à utiliser les mandats de recherche numériques comme des « filets de pêche digitaux », une pratique jugée inconstitutionnelle par plusieurs experts. Albert Fox-Cahn, du Surveillance Technology Oversight Project, dit toute son horreur devant la capacité des agences gouvernementales de transformer des mandats de perquisition en vastes campagnes de surveillance numérique, ce qui met en péril les protections constitutionnelles.

De même, John Davisson, du Electronic Privacy Information Center, rappelle que nos activités en ligne peuvent révéler des informations extrêmement privées, et l’accès de la police à ces informations sans motif valable renverse les présomptions fondamentales de la vie privée.

Dans d’autres cas documentés, comme une enquête à Portsmouth (New Hampshire), les autorités ont demandé des informations sur les comptes ayant visualisé ou interagi avec des live streams YouTube lors de menaces spécifiques, révélant ainsi une utilisation élargie de la surveillance numérique pour contrer des menaces dans l’espace public.

Malgré la controverse, Google a affirmé appliquer un processus rigoureux pour examiner la légalité de chaque demande des forces de l’ordre, en se battant régulièrement contre les demandes jugées trop larges ou inappropriées. L’entreprise cherche de la sorte à équilibrer le respect de la vie privée de ses utilisateurs et le soutien aux forces de l’ordre (elle n’a pas le choix de répondre aux mandats).

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Source : Forbes

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