La semaine dernière, Elon Musk et ses troupes ont publié les premières images de Noland Arbaugh, le tout premier humain à avoir reçu un implant cérébral Neuralink. Le paient, paralysé des épaules aux pieds depuis un accident de plongée, semblait très satisfait du résultat. Il a notamment dévoilé qu’il était désormais capable de jouer à des jeux comme les échecs en ligne ou Civilization 6, l’excellent jeu de stratégie de Firaxis, par la pensée (voir notre article).
Mais même s’il s’agit déjà d’un tour de force technique qui mérite d’être salué, ces deux activités présentent un point commun : il s’agit de jeux au tour par tour qu’il est possible de pratiquer lentement. On pouvait donc légitimement se demander si l’interface cerveau-machine fonctionnerait aussi bien avec une activité qui demande davantage de réactivité et de précision… et nous avons désormais la réponse.
Récemment, Noland Arbaugh a visité les locaux de l’entreprise, où il était invité pour raconter son expérience aux employés. Neuralink a réalisé un montage de cet échange, et elle y a intégré des images où l’on voit le patient s’adonner à une partie de Mario Kart avec son père (à partir de 18:08 dans la vidéo ci-dessous).
Neuralink was kind enough to open their doors for me to tour their headquarters a few weeks back. It was an amazing experience and a day I'll never forget. This was at a company wide meeting at the end of the day. Thank you to everyone who made this possible. Hope y'all enjoy!… pic.twitter.com/YNa2Jtjhnk
— Noland Arbaugh (@ModdedQuad) March 22, 2024
Un « test de Turing pour interface cerveau-machine »
Ce qui est impressionnant, c’est qu’au premier abord, il n’est pas évident de faire la différence entre les deux joueurs. Les deux véhicules respectivement pilotés par Donkey Dong et Bowser se livrent une lutte acharnée pour les premières places, sans accident de parcours qui pourrait trahir l’identité des joueurs. À la fin de la séquence, le présentateur a révélé que le patient incarnait le personnage de droite. « C’est un peu le test de Turing des interfaces cerveau-machine », explique l’employé de Neuralink. « Si on ne peut pas faire la différence, c’est qu’il s’agit déjà d’un excellent résultat ! », se réjouit-il.
Mais surtout, Noland a réussi à maintenir une avance significative sur les personnages non joueurs, notamment grâce à un tir de carapace bien ajusté qui lui a permis de s’emparer de la deuxième position. Très impressionnant, sachant que cela demande un niveau de dextérité largement plus important qu’un titre comme Civilization, un jeu au tour par tour où le joueur peut prendre son temps pour réaliser chaque action.
Dans l’ensemble, le patient semble très à l’aise, et dispose apparemment d’un contrôle relativement fin sur les systèmes avec lesquels il interagit. Un état de fait qui n’était qu’un doux rêve il y a encore quelques années. « Je pense que la normalité de cet exercice, qui contraste avec l’absurdité absolue de le faire en utilisant une interface cerveau-machine, c’est quelque chose qu’il faut prendre le temps d’apprécier », se réjouit le présentateur.
Des débuts très encourageants
Une interprétation partagée par Noland Arbough, qui décrit une expérience profondément bouleversante. « Cela va sembler complètement fou, mais ça rend le fait d’être paralysé pas si terrible », explique-t-il. « Je prends volontiers tout ce qui me rend plus indépendant, et ce système va permettre à des gens comme moi d’atteindre un niveau d’indépendance qui ne pourra être surpassé qu’avec une guérison complète — et je pense que c’est une possibilité bien réelle ».
Certes, dans l’absolu, il ne s’agit pas encore d’une vraie révolution. Pour rappel, Neuralink n’est pas la première entreprise à permettre à un patient de contrôler un curseur par la pensée. D’autres organisations comme le consortium BrainGate ont déjà produit des systèmes de ce genre auparavant.
Mais sur le papier, Neuralink est l’interface cerveau-machine la plus avancée du marché, avec un nombre d’électrodes supérieur à celui de ses concurrents et un fonctionnement entièrement sans fil. On peut donc s’attendre à ce que cette démonstration ne soit que la première étape d’un processus qui va sans doute produire des résultats de plus en plus impressionnants. Une perspective très encourageante pour toutes les personnes qui souffrent de soucis neurologiques susceptibles d’être pris en charge grâce à cette technologie.
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