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La station spatiale commerciale de Jeff Bezos passe plusieurs tests critiques

Blue Origin espère finaliser son concept de station spatiale privée Orbital Reef à temps pour profiter du vide laissé par la retraite de l’ISS. Les récents tests du système de support de vie montrent que le projet est sur la bonne voie.

Traditionnellement, toutes les stations spatiales ont systématiquement été gérées par des acteurs gouvernementaux. Mais cet état de fait est en train de changer avec l’avènement du New Space, cette nouvelle ère de l’aérospatiale portée par des entreprises privées. Récemment, la NASA a donné des nouvelles d’un de ses représentants les plus en vue ; Orbital Reef vient de passer plusieurs tests critiques qui vont le rapprocher considérablement de la phase concrète.

Orbital Reef est un projet né d’une alliance entre la startup Sierra Space et Blue Origin, la firme de Jeff Bezos. Son objectif, c’est de déployer des stations spatiales privées qui pourront accueillir tout un tas d’activités scientifiques, industrielles et touristiques différentes.

Mais avant d’en arriver là, il faut déjà s’assurer que cette infrastructure dispose du minimum vital pour héberger des humains. Dans le contexte de l’espace, un parle de système de support de vie. Ce terme générique désigne tous les équipements qui permettent aux astronautes de subvenir à leurs besoins biologiques : de l’oxygène pour respirer, de l’eau pour s’hydrater, des toilettes pour se soulager, et ainsi de suite.

Le recyclage, la clé de la vie en orbite

C’est là-dessus que Sierra et Blue Origin travaillent en ce moment. Et si l’on se fie au rapport de la NASA, le processus avance bien. D’après un communiqué, les deux partenaires ont récemment procédé à des tests qui ont permis de valider un point central du support de vie : le système régénératif.

Ce dernier permet de produire de l’air pur et de l’eau potable directement à bord d’une station spatiale, comme c’est déjà le cas à bord de l’ISS. Cette dernière est équipée d’un système appelé WRS, pour Water Reovery System, qui a pour mission de collecter et de purifier tous les fluides produits par les humains, comme la sueur et l’urine, à l’aide d’un processus de filtration et de distillation sophistiqué. Une perspective qui pourrait sembler peu ragoûtante au premier abord, mais qui permet en fait de produire de l’eau très pure, parfaitement compatible avec la consommation humaine ou l’irrigation de cultures.

En parallèle, l’air est aussi recyclé à l’aide d’une combinaison de différentes techniques. À bord de l’ISS, les astronautes ont recours à un système d’électrolyse qui permet de scinder des molécules d’eau en hydrogène et en oxygène à l’aide d’un courant électrique.

Cette électrolyse est souvent utilisée en complément d’un autre dispositif qui fait intervenir la réaction de Sabatier. Elle permet de convertir de l’hydrogène et du dioxyde de carbone, qui doit de toute façon être extrait pour maintenir une atmosphère respirable, en méthane et en eau. Cette dernière peut être utilisée en l’état ou électrolysée pour produire de l’oxygène. Avec toutes ces techniques, on obtient un environnement qui est quasiment autosuffisant en eau et en oxygène ; au lieu de tout acheminer depuis la Terre, il suffit de réapprovisionner les stocks de temps en temps pour compenser les pertes de matériel qui sont inévitables, mais assez faibles.

Quatre tests critiques passés avec succès

Le communiqué de la NASA ne donne aucun détail technique sur les méthodes qu’Orbital Reef compte employer pour atteindre cet objectif — rien d’étonnant, puisqu’il s’agit sans doute d’une technologie propriétaire. Mais l’agence explique tout de même que la coentreprise a réussi à valider quatre points critiques de son système régénératif, ce qui représente un pas en avant conséquent.

Désormais, Blue Origin et Sierra vont donc pouvoir se focaliser davantage sur la structure en elle-même. Pour rappel, Orbital Reef compte vendre des stations modulaires, qui pourront être agrandies et complétées à loisir en fonction des besoins du client. Mais pour maximiser le potentiel commercial de cette infrastructure spatiale, il faudra que les modules soient bien plus spacieux et confortables que ceux de de l’ISS, qui a été construite à une époque où ces considérations n’entraient absolument pas en ligne de compte. Par conséquent, cela va encore demander de gros efforts d’ingénierie.

Vers une vraie économie de l’orbite basse

Mais le jeu en vaut la chandelle. Car si la firme arrive à commercialiser son produit dans un délai relativement court, elle pourra bénéficier d’une opportunité assez exceptionnelle : la retraite de la vénérable ISS, actuellement prévue fin 2031.

En effet, le départ de cette dernière risque fort de déclencher un vaste appel d’air. À l’exception de la station chinoise Tiangong, il n’y aura vraisemblablement plus d’infrastructure qui permettra de mener des travaux scientifiques en microgravité ; des entreprises privées pourraient donc sauter sur l’occasion pour combler ce vide. Dans la foulée, elles pourraient aussi commencer à déployer des stations conçues pour héberger des civils fortunés à la recherche d’une expérience hors normes, comme un hôtel spatial de luxe ou un casino orbital sur le modèle du Crystal Palace de Cyberpunk 2077.

Rendus de la future station orbital reef de blue origin
© Blue Origin

Il sera donc très intéressant de suivre les progrès d’Orbital Reef, mais aussi des autres entreprises qui commencent d’ores et déjà à poser les bases de ce nouveau marché. De nombreux analystes estiment que ce concept va sans doute jouer un rôle déterminant dans la création d’une économie orbitale en bonne et due forme, et que cette niche industrielle pourrait rapidement peser des milliards de dollars.

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Source : NASA

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