Depuis 2022, les entreprises du monde de la tech licencient à tour de bras. Si cela a commencé avec Twitter et Amazon, toutes les sociétés du secteur de l’informatique et même du jeu vidéo ont suivi le mouvement. Désormais, l’industrie vidéoludique connait l’une de ses crises les plus importantes de son histoire. L’année dernière, ce sont plus de 10 000 postes qui ont été supprimés sur une période de 12 mois.
En 2024, le record est tristement battu, et de loin. En seulement 3 mois, on recense près de 8000 employés congédiés et la tendance ne semble pas encore faiblir. Les causes sont multiples, les excuses nombreuses et les joueurs ne savent plus où donner de la tête.
Récap des licenciements de 2024
Qu’ils soient dans le secteur de l’édition, de la fabrication de console, dans le développement ou encore dans le service, ils sont tous – ou presque – passés par la case licenciement. Ceux qui n’avaient pas communiqué à ce sujet en 2023 le font maintenant et les résultats sont plus que dramatiques. Voici un récap des principaux renvois survenus cette année :
- Unity : 1800 employés
- Twitch : 500 employés
- Discord : 170 employés
- PlayTika : 300 à 400 employés
- Lost Boy Interactive : 125 employés
- Thunderful : 100 employés
- Riot Games : 530 employés
- Microsoft : 1900 employés
- Eidos Montréal : 97 employés
- SEGA of America : 61 employés
- Supermassive Games : 90 employés
- PlayStation : 900 employés
- Electronic Arts : 670 employés
Pourquoi les studios de jeux vidéo licencient ?
Une telle crise dans le jeu vidéo peut paraitre étonnante. En effet, il s’agit aujourd’hui de la première industrie culturelle au monde, devant la musique ou encore le cinéma. Avec plus de 3 milliards de joueurs dans le monde, le secteur engrange près de 200 milliards de dollars de revenus en un an. Avec une activité aussi florissante, qu’est-ce qui peut pousser les entreprises à autant licencier ?
Une raison est principalement invoquée par les studios. Durant la pandémie de Covid-19, le jeu vidéo a été l’une des seules industries culturelles à connaitre une croissance, et phénoménale qui plus est (+20% environ). Durant deux ans, les acteurs du secteur ont misé sur cette croissance pour multiplier les projets, donner libre cours à leurs idées de jeu, recrutant ainsi énormément de personnes pour leur donner vie. Mais le jeu vidéo s’est heurté à un mur, celui du retour à la vie normale.
Si les jeux n’ont pas forcément été moins rentables, la demande est tout de même redescendue de manière drastique. Tous les projets qui avaient pris du retard ont été lancés, l’année 2023 et sa densité exceptionnelle en sorties de jeux vidéo en témoignent. Une fois tous ces titres finis, le monde embauché a peiné à retrouver une place au sein des entreprises, qui ont préféré s’en séparer plutôt que de relancer des projets à la pelle.
De plus, certains groupes souffrent du syndrome du “poste doublon”. Cette problématique intervient lorsqu’une entreprise en rachète une autre, dans le but de fusionner, ou au moins de regrouper leur direction. Certaines positions font alors acte de redondance, ce qui donne lieu à la suppression des postes répétitifs. À grande échelle (Embracer Group, PlayStation, Xbox) cela peut affecter des centaines de personnes à travers des dizaines de studios différents. On ne peut évidemment pas nier que la réduction des coûts et la recherche de bénéfices peuvent également être des raisons sous-jacentes, bien moins assumées, pour tous ces postes supprimés.
Où en est Nintendo ?
Nintendo va-t-il céder aux sirènes du licenciement ? Rien n’est moins sûr. La firme est réputée pour prendre soin de son image. On l’imagine peu prendre la direction des licenciements alors que, par le passé, Nintendo a déjà refusé de se séparer de ses employés, même sous la pression de bénéfices peu satisfaisants.
D’une part, il est possible que le studio se soit particulièrement bien organisé durant toute la pandémie pour rester dans ses plans initiaux et ne pas outrepasser ses ambitions. La feuille de route de Nintendo est toujours très précise, et chaque choix semble prêt depuis des années. D’autre part, il est également possible que la firme rogne sur d’autres coûts pour contrebalancer cette période de creux. Cela peut passer par l’annulation de projets et la redirection des employés sur d’autres jeux, ou encore la diminution des salaires des hauts responsables comme ça a été fait en 2013.
Il se peut également que tout aille bien dans le meilleur des mondes chez Nintendo. La Nintendo Switch voit ses chiffres de vente légèrement baisser depuis quelques mois, mais rien qui ne doive alerter les finances de la société pour l’instant. La vente des produits dérivés et accessoires se porte à merveille, et le film Super Mario Bros. a permis de réinjecter énormément d’argent dans le système l’année dernière.
Aucune de ces hypothèses n’a été confirmée par Nintendo et l’entreprise la plus riche du Japon ne compte sûrement pas faire de déclaration. Enfin, il faut prendre en compte que Nintendo n’a pas fait d’acquisition de studio depuis un moment. Toutes les équipes que la firme possède sont bien en place dans l’entreprise, elle n’est donc pas soumise à cette cause du “poste doublon” et de la “réorganisation”.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
les licenciement ne touchent quasiment que des studios occidentaux…
pourquoi?
va t on au devant d’un nouvel effondrement comme en 83 ?
Peut-être que les studios orientaux n’ont pas eu une grosse période de rachat de boîtes, limitant le besoin de virer les postes doublon, comme Nintendo par exemple donc ils maîtrisent très bien leur masse salariale.
Peut être que les studios orientaux n’ont pas considéré le confinement comme un nouveau paradigme, mais juste un accident de parcours qui n’allait pas tout redéfinir.