Cela fait déjà plusieurs mois que la NASA essaie tant bien que mal de sauver Voyager 1, une sonde légendaire qui fait partie des engins les plus importants de l’histoire de l’exploration spatiale. Depuis le 14 novembre 2023, cet explorateur hors-norme ne parvient plus à communiquer correctement avec l’agence ; au lieu des données scientifiques et de télémétrie habituelles, les opérateurs ne reçoivent plus qu’un flot continu de charabia sans queue ni tête.
L’équipe qui veille sur Voyager fait tout son possible pour soigner cette espèce d’AVC informatique. Mais les chances d’y parvenir s’amenuisent à chaque jour qui passe. En février dernier, la responsable Suzanne Dodd admettait qu’il faudrait désormais un « miracle » pour sauver l’engin… et contre toute attente, c’est peut-être ce qui est en train de se passer, car un membre de son équipe vient de trouver un indice qui pourrait faire toute la différence.
Un ordinateur de bord dans la tourmente
En procédant par élimination, l’équipe avait déjà réussi à se rapprocher de la source du problème. Les ingénieurs sont quasiment sûrs que le coupable est le FDS (Flight Data Subsystem), un des trois ordinateurs de bord de l’engin. Son rôle est de formater et de conditionner les données collectées par Voyager avant qu’elles ne soient adressées au module de communication chargé de les renvoyer vers la Terre. Plus spécifiquement, le problème semble venir d’un bit corrompu dans la mémoire de l’ordinateur. Un constat regrettable, car il s’agit d’un organe vital de ce dinosaure spatial. C’est là que résident tout le code et les variables qui permettent à l’engin de fonctionner.
Il s’agit pourtant d’un système redondant, c’est-à-dire que Voyager en embarque deux exemplaires strictement identiques. Ce jumeau existe spécifiquement pour prendre le relais en cas de panne. Mais malheureusement, il n’est plus capable d’assumer ce rôle, car il a flanché il y a plus de quarante ans déjà. Pour sauver Voyager 1, il ne reste donc qu’une seule option : identifier précisément les maux du seul FDS restant et tenter d’y remédier.
Un paquet cadeau inespéré
Or, même en connaissant cette information, c’est un diagnostic extrêmement difficile à poser. Voyager 1 est un engin à l’âge canonique qui pourrait avoir rencontré une ribambelle de dysfonctionnements différents. La mémoire pourrait avoir été corrompue par la défaillance d’un composant électronique, mais il pourrait aussi s’agir d’un souci d’ordre logiciel ou même d’un incident isolé provoqué par une particule de haute énergie. Mais au début du mois, une lueur d’espoir a enfin émergé de nulle part.
Depuis le début de la mésaventure de Voyager, la NASA lui envoie régulièrement des commandes appelées « pokes » à la sonde pour tester différentes séquences de son système d’exploitation. Elle espère ainsi en trouver une qui ne ferait pas intervenir la région corrompue de la mémoire. Cela ne permettrait pas de résoudre le problème, mais au moins de le contourner pour reprendre le contrôle de la sonde.
Jusqu’à présent, ces efforts n’avaient produit aucun résultat exploitable. Mais cela a changé le 3 mars. Après un nouveau poke, les ingénieurs de la NASA ont remarqué un détail potentiellement important. Une section précise du FDS renvoyait un signal tout aussi incompréhensible que le reste du flux de données, mais dans un format légèrement différent.
À l’origine, l’équipe ne savait que faire de cette information, et elle a donc failli tomber aux oubliettes. Mais un ingénieur spécialisé dans les communications radio a eu un éclair de génie qui a changé la donne. Après moult efforts, il a réussi à décoder ce nouveau signal et a constaté qu’il contenait un véritable trésor : en ouvrant ce paquet cadeau, il a trouvé une copie de l’intégralité de la mémoire du FDS !
Enfin une piste concrète pour soigner la sonde
Pour la NASA, c’est une vraie bénédiction. En effet, il s’agit pratiquement de la seule ressource où l’on peut espérer trouver des informations concrètes et exploitables sur l’état de santé de Voyager 1. Pour y parvenir, l’équipe a commencé à comparer méticuleusement ces données aux derniers relevés de la mémoire qui sont arrivés avant l’incident du 14 novembre 2023.
Le processus s’annonce long et fastidieux, puisque le système d’exploitation est une vraie antiquité. La moindre intervention nécessite de fouiller dans une montagne de documentation papier souvent très difficile à comprendre, sachant que rien ne correspond aux standards de l’informatique moderne. « Il faut carrément faire des fouilles archéologiques pour trouver ces informations », expliquait Dodd dans une interview à Ars Technica.
Mais le jeu en vaut la chandelle. Si les ingénieurs trouvent une différence, leurs chances de pouvoir identifier l’origine exacte du problème et de le résoudre vont augmenter drastiquement. Même si la partie est loin d’être gagnée, on ne peut que se réjouir de cette bonne nouvelle inespérée ; le « miracle » tant attendu est peut-être sur le point d’arriver.
Prolonger la vie d’un engin légendaire
Un constat qui ravira sans doute les amoureux de l’espace, car Voyager 1 n’est pas un engin comme les autres. Avec son compère Voyager 2, il a littéralement repoussé les limites de l’univers observable en s’aventurant plus loin de la Terre que n’importe quelle autre création humaine. En 1989, il est devenu le premier engin à franchir l’orbite de Pluton. Une dizaine d’années plus tard, en 2012, il est sorti de la sphère d’influence du Soleil, devenant la toute première machine à s’aventurer dans l’espace interstellaire.
Et entre temps, la sonde a pris plusieurs photos historiques qui ont eu un impact gigantesque sur l’imaginaire collectif. On peut citer sa photo de famille du système solaire, où toutes les planètes de notre voisinage spatial ont été rassemblées pour la première fois dans un même cliché.
Mais sa contribution la plus marquante est sans doute le légendaire « Pale Blue Dot » (point bleu pâle), où notre Terre apparaît comme un minuscule point bleu perdu au milieu de l’immensité grandiose et terrifiante du cosmos. Une perspective unique qui a permis à des millions de personnes de relativiser le statut de notre espèce, à la fois exceptionnelle et insignifiante à l’échelle de l’Univers.
Il ne reste donc plus qu’à croiser les doigts pour que la NASA réussisse à sauver ce remarquable ambassadeur de l’humanité. Certes, il ne sera pas éternel ; mais avec un peu de chance, il pourra peut-être récupérer sa capacité à communiquer avant l’année prochaine, lorsqu’il franchira la barre symbolique des 25 milliards de kilomètres de distance avec la Terre. Quelle épopée !
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Super quelle machine si lointaine depuis si longtemps. Mettre en œuvre une réparation de si loin cela s’impose bien sûr dans la mesure du possible. Voyager 1 en vaut la peine. C’est mémorable. Bravo à vous toutes et tous. Je suis tjs très intéressé par ces 2 sondes aussi lointaines qui témoignent de la force des humains. Re Bravo. GAS
Ok que oui 125/10
Quelle belle machine conçu par l’homme au lieu de faire la guerre
Voyager 1 a-t-elle dépassé le nuage d’Oort ?
Vers où se trouve Voyager 2 ?
Merci.
Bravo ! Voyager !
Elle ne pourra jamais nous lâcher , car elle contient du Chuck Berry dans sa mémoire ! L’univers au son Roll over Beethoven pour l’éternité.
Je suis impressionnée par une telle prouesse
La Terre infinitesimale dans l’Univers,est tellement unique et vitale pour l’humanite,qu’elle doit etre sauvegardee au moins avant que l’etoile Soleil n’entame son extinction….vers les tenebres….
Voyager… n’est pas fortuit! Il ira jusqu’au bout… car son nom le dit !
Ceci nous ramène à garder toujours des compétences technologiques pour comprendre l’historique des versions et des langages de programmation des ordinateurs depuis leurs apparitions. Sinon, il nous arriverait le même problème du déchiffrement des écritures anciennes (Égypte des pharaons et Mésopotamie… )
A la différence près que ce sont généralement les empires et les religions qui se sont successivement efforcé d’effacer tout ce qu’il pouvait des “précédent”.
Et que la technologie c’est le fait qu’elle soit obsolète qui fait que le savoir se perd mais de la documentation technique, manuels, suffisent a rattraper ces lacunes même si ça prend plus de temps.
Car le principe fondamental de l’informatique n’a pas changé, seulement le matériel, les protocoles, les langages utilisés et … Qui se sont modernisés.
J avais regardé un reportage sur ces 2 sondes . Et c était déjà passionnant avec des courses contre la montre des timing et prise se décisions,Juste miraculeuse. Et le voyage continu…
Je suis très optimiste en attendant la suite’ merci à toutes les équipes. L967053507
Bientôt 25 milliards de km… … … et se dire que l’étoile la plus proche de notre Soleil, Alpha Centoris, est à 39900 milliards de km! L’étendue de l’univers est vraiment hors de portée de notre imagination. Courage, et bravo, Voyager!
C’est fou qu’il n’y ait pas une équipe (ne correspondant pas aux standards de l’informatique moderne) qui se spécialise dans l’apprentissage du langage du système d’exploitation (vu que la documentation est si difficile à comprendre car ne correspondrait à plus rien de connu) ….
Et on paye pour de l’armement 😢
J’espère que toutes ces histoires vont permettre de de développer des systèmes encore plus robustes ou simple à corriger pour des projets similaires. C’est totalement passionnant dans l’aventure de l’informatique !
25 milliard de km soit un peu moins de 24h lumière
Très loin mais règlement très prêt
Un merveilleux espoir qui se profile. Espérons que ça va marcher. En tous cas bravo aux équipes qui travaillent sur le sujet. On croise les doigts…
Exactement il devrait toujours y avoir des ingénieurs qui étudie les anciennes technologies.
Merci et bravo pour votre ténacité
. I’espoir nous fait grandir.
Voyager 1 a-t-elle dépassé le nuage d’Oort ?
Vers où se trouve Voyager 2 ?
Merci.
Non,le nuage s’étendrait jusqu’à 3 années lumière du soleil. Voyager vient juste de commencer a le traverser car on estime qu’il commence a 50ua soit un peu plus de 7 milliards de km 🙂
Toutes nos félicitations et du courage
Extraordinaire prouesse des ingenieurs bon courage .pr moi c’est inouïe depuis le lancement des 2 sondes
Voyageurs je vie leurs histoires.et quelle histoire..merci pr tout..²
Tout simplement hallucinant ! Mais Voyageur 2 devrait pouvoir servir de relais pour cette réparation , s’il se trouve aux environs de Voyageur 1 ., puisqu’ils sont de la même génération . Si Voyageur 2 n’est pas à proximité , il faut tenter de les rapprocher . Mais tout ceci est vraiment fabuleux et grandit l’humanité . Merci aux anciens , mais merci à tous ceux qui participe à l’exploration de l’univers , et à tous les scientifiques et chercheurs … Merci pour l’éternité .
Tout simplement hallucinant ! Mais Voyageur 2 devrait pouvoir servir de relais pour cette réparation , s’il se trouve aux environs de Voyageur 1 ., puisqu’ils sont de la même génération . Si Voyageur 2 n’est pas à proximité , il faut tenter de les rapprocher . Mais tout ceci est vraiment fabuleux et grandit l’humanité . Merci aux anciens , mais merci à tous ceux qui participent à l’exploration de l’univers , et à tous les scientifiques et chercheurs … Merci pour l’éternité .
Quel jeu de piste ces recherches à travers le temps et l’espace l’IA peut elle vous faire avancer?encouragements aux informaticiens de génie à devenir des super génies en réparant voyager 1 pour l’humanité chapeau bas on croit en vous bon courage
Salut ! Je voudrais connaître l’année exacte du lancement de Voyager1 et combien d’Années a-t-il fonctionné avant sa panne.
5 septembre 1977. Donc 47 ans de bons et loyaux services! (Il suffisait d’interroger Google)