La semaine dernière, SpaceX a annoncé son intention de procéder au troisième vol de test de son immense lanceur Starship le 14 mars. La date approche désormais à grands pas : voici ce qu’il faut savoir par rapport à cette échéance critique pour l’entreprise d’Elon Musk et pour l’industrie de l’aérospatiale en général.
Quand est prévu le lancement ?
À l’heure où ces lignes sont écrites, l’entreprise n’a pas dévoilé d’horaire de lancement officiel. En revanche, on sait que l’entreprise prévoit une retransmission en direct qui commencera à 12 h 30 demain (heure française). En règle générale, l’entreprise d’Elon Musk lance ces diffusions une demi-heure avant l’horaire prévisionnel de la mise à feu. On peut donc en déduire que le Starship est censé décoller depuis la Starbase de Boca Chica, dans le sud du Texas, le 14 mars à 13 h.
Peut-il être repoussé ?
En revanche, l’heure exacte du compte à rebours pourrait être décalée. Il arrive régulièrement que les opérateurs de fusées relancent le processus s’ils constatent la moindre anomalie dans les données collectées lors du remplissage des réservoirs et du conditionnement des moteurs. Le cas échéant, la mise à feu pourrait être légèrement retardée si la fenêtre de lancement est suffisamment large. SpaceX n’a pas communiqué de fenêtre de lancement pour le moment, mais elles avaient duré entre 20 minutes et 2 heures sur les deux premiers vols. Si vous ne souhaitez pas rater le moment crucial, il sera donc judicieux de garder un œil sur le livestream pendant quelques dizaines de minutes.
Il convient aussi de mentionner qu’aux dernières nouvelles, l’entreprise n’a toujours pas officiellement annoncé la réception de la fameuse licence de vol de la FAA. Techniquement, le Starship n’est donc pas encore autorisé à voler. Le fait que SpaceX ait déjà annoncé une date suggère que ses troupes sont confiantes par rapport au fait de recevoir le précieux sésame dans les délais. Mais dans le cas contraire, le vol pourrait être repoussé à une date ultérieure, en fonction des fenêtres de lancement disponibles.
« Comme toujours lors des tests de développement, le calendrier reste dynamique et pourra évoluer », a d’ailleurs précisé l’entreprise.
Comment va se dérouler la mission ?
Les deux premières missions du Starship étaient censées durer 90 minutes — même si elles ont toutes les deux été interrompues prématurément par des dysfonctionnements critiques. Cette troisième tentative devrait être un peu plus courte ; d’après l’ébauche du manifeste de mission publié sur le site de SpaceX, le colosse de métal devrait terminer sa course dans l’océan après environ 65 minutes de vol.
Et il n’y a pas que le timing qui sera différent ; le programme de ce troisième vol présente des différences substantielles par rapport à ceux des deux premiers. Pour commencer, le véhicule n’aura plus pour objectif d’arriver dans l’océan Pacifique ; à la place il visera l’océan Indien.
Si SpaceX a opté pour cette trajectoire modifiée, c’est parce qu’elle permettra à l’entreprise d’effectuer trois tests supplémentaires en plus de ses objectifs primaires. Tous vont se dérouler lorsque l’engin sera au sommet de sa trajectoire, entre 200 et 230 kilomètres de la surface, dans des conditions très proches de ce qu’on appelle l’orbite terrestre basse.
Environ 12 minutes après la mise à feu, SpaceX va tester l’ouverture et la fermeture de l’habitacle qui contiendra la charge utile lors des prochaines missions. Dans un second temps, à T+24 minutes l’entreprise veut réaliser la démonstration du système qui permet de transférer du carburant d’un réservoir à l’autre. Enfin, à la 40e minute, elle veut procéder à la toute première remise à feu d’un moteur Raptor dans l’espace, après qu’ils aient été éteints au terme de l’ascension à T+8mn. Ces tests sur les systèmes annexes permettront de gagner du temps sur la suite du développement.
Après 50 minutes de vol, le Starship va aborder la descente et la rentrée atmosphérique. Il devrait repasser sous la vitesse du son à environ T+1h03, une grosse minute avant d’arriver avec fracas dans l’océan Indien. En effet, comme pour les deux premiers vols d’essai, SpaceX n’a pas encore prévu de récupérer le véhicule comme elle le fait déjà avec ses Falcon 9. Elle va tout de même tenter de rentrer sur Terre avec le plus de douceur possible, pour tester la stabilité de la structure et les performances du Raptor et des ailerons cellulaires dans ce contexte; mais au bout du compte, ce prototype sera tout de même sacrifié sur l’autel de l’innovation.
Quels sont les enjeux ?
Les enjeux de cette troisième mission sont considérables. Car si le premier vol a produit des résultats mitigés, la seconde itération s’est beaucoup mieux passée, et SpaceX était passé à deux doigts d’atteindre ses objectifs. Elon Musk a même affirmé que le véhicule serait sans doute arrivé au bout de sa trajectoire s’il avait contenu une vraie charge utile, au lieu d’un substitut de masse qui a directement conduit à la fin de la mission (voir notre article).
L’entreprise sera donc attendue au tournant, et elle en est bien consciente. En effet, le développement du véhicule a déjà accumulé un retard significatif, et les futurs clients commencent à trépigner d’impatience. C’est notamment le cas de la NASA, car le Starship est l’une des clés de voûte de son grand programme Artemis.
En d’autres termes, SpaceX n’a plus le droit à l’erreur ; il va impérativement falloir boucler cette première phase de tests suborbitaux une fois pour toutes pour pouvoir aborder la suite du développement.
Car même si cette mission se déroule à la perfection, la route sera encore longue. L’engin devra ensuite prouver sa capacité à s’insérer en orbite terrestre basse et à y effectuer diverses manœuvres. Enfin, il faudra passer à la phase la plus délicate : la récupération du booster Super Heavy et du Starship en lui-même afin de les réutiliser par la suite.
C’est l’un des grands arguments de ce véhicule de nouvelle génération. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opération s’annonce extrêmement délicate, même pour une entreprise qui dispose déjà d’une expérience mondialement reconnue dans ce domaine. C’est une chose de réussir à récupérer des Falcon 9 ; c’en est une autre d’y parvenir avec une mégafusée aussi imposante. Plus vite la première phase sera terminée, plus vite SpaceX pourra s’attaquer à ces nouveaux défis d’ingénierie.
Comment suivre le troisième vol du Starship en direct ?
Comme toujours, le lancement devrait être diffusé en direct par SpaceX sur le compte X (Twitter) de l’entreprise. La transmission devrait débuter vers 12 h 30 le 14 mars.
Watch Starship's third flight test https://t.co/1u46r769Vp
— SpaceX (@SpaceX) March 5, 2024
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“Le fait que SpaceX ait déjà annoncé une date suggère que ses troupes sont confiantes par rapport au fait de recevoir le précieux sésame dans les délais”
Ou seulement une troupe, genre le marketing, ou même vu comment a l’air de fonctionner cette compagnie, un certain patron omnipotent. Et tant pis pour les autres, zaviez qu’à mieux faire.