Passer au contenu

Grok : Elon Musk va open sourcer son alternative à ChatGPT – et il n’avait pas le choix

Le fait que le code source de Grok ne soit pas public faisait tache, sachant que le milliardaire est en pleine croisade contre la volte-face commerciale d’OpenAI.

Elon Musk a annoncé que sa startup xAI allait publier le code source de Grok dès cette semaine. Une décision qui était plus ou moins inévitable dans le contexte actuel, peu après le début de son offensive judiciaire contre OpenAI.

Pour rappel, Grok est un chatbot IA produit par sa startup xAI. Il se positionne comme une alternative irrévérencieuse à ChatGPT qui ne s’embarrasse pas du politiquement correct, contrairement au produit de l’entreprise de Sam Altman qui prend énormément de précautions pour ne pas heurter la sensibilité de ses utilisateurs.

Cela signifie que les utilisateurs qui disposent des compétences techniques et du matériel nécessaire devraient bientôt pouvoir faire tourner le trublion des grands modèles de langage (LLM) sur leur propre machine, et éventuellement en construire d’autres à partir de ces fondations. À première vue, cela ressemble à une démarche complètement altruiste — mais c’est un plus compliqué que cela.

Le procès Musk – OpenAI

Tout a commencé en 2015, quand Elon Musk s’est associé à Sam Altman et à ses partenaires pour fonder OpenAI. Leur objectif était notamment de contester la domination de Google, qui disposait alors d’une avance considérable dans le domaine de l’IA. Ils misaient sur une identité radicalement opposée à celle du géant : leur mission était de produire une IA « librement accessible », non pas pour générer des profits mais uniquement pour le bénéfice de l’humanité.

Mais voilà ; après le départ de Musk suite à des frictions internes, le modèle a bien changé. Terminée, l’entreprise à but non lucratif à la philosophie quasiment philanthropique ; aujourd’hui, OpenAI a effectué une volte-face spectaculaire pour abandonner son modèle à but non lucratif, et a verrouillé l’accès à son produit en signant un partenariat exclusif très rémunérateur avec Microsoft.

Même si OpenAI explique que cette démarche est une mesure de sécurité, censée empêcher cet outil puissant de tomber entre de mauvaises mains, Musk et consorts ont une autre lecture de la situation. Ils estiment que ce changement radical constitue une « trahison » de l’accord fondateur. Selon eux, l’entreprise a complètement failli à sa mission d’intérêt public, et existe aujourd’hui pour remplir les poches de l’entreprise de Satya Nadella.

Musk a alors attaqué OpenAI en justice il y a une dizaine de jours, exigeant notamment le remboursement des millions de dollars qu’il a investis pour lancer l’entreprise avant qu’elle ne change du tout au tout.

Le modèle fermé de Grok faisait tache

Or, certains observateurs ont décelé une certaine hypocrisie dans ce discours. Si Musk est tellement attaqué à l’ouverture de ces technologies, comment se fait-il que le code source de son propre produit ne soit pas disponible ? N’est-ce pas incohérent d’enfiler ainsi sa cape de superhéros défenseur de la liberté dans ce contexte ?

Dans ce contexte, le grand manitou de SpaceX et Tesla était pratiquement obligé d’open sourcer ainsi son produit ; c’est aussi une manière de joindre les actes à la parole, après avoir passé des mois à s’indigner de la fermeture de cette niche technologique. Faire passer Grok en open source, c’est aussi une manière de couper l’herbe sous le pied aux critiques pour préserver sa légitimité sur cette question.

Certains y verront donc probablement une opération assez cynique qui sert uniquement à soigner son image. Mais il faut reconnaître que Musk a toujours été un fervent partisan de l’open source, et pas seulement dans le domaine de l’IA.

Par exemple, son entreprise Tesla a publié une part significative de la documentation technique relative à ses technologies brevetées. Dès 2014, le grand patron avait déclaré que sa firme « ne lancerait pas d’action en justice contre des tiers qui souhaitent utiliser sa technologie en toute bonne foi ». Sa plateforme X (anciennement Twitter) a aussi publié une partie de ses algorithmes l’année passée.

L’IA open source, une utopie ?

Quoi qu’il en soit, on constate de plus en plus que l’écosystème IA est scindé en deux. D’un côté, il y a un camp qui mise sur l’open source, comme Meta avec son modèle LLaMa. De l’autre, on trouve des entreprises qui protègent jalousement leurs modèles. OpenAI en est le chef de file incontestable, mais des tas d’autres startups prometteuses ont opté pour cette approche. On peut notamment citer Anthropic, qui a récemment dévoilé de nouveaux modèles apparemment capables de rivaliser avec GPT-4.

Force est de constater qu’en ce moment, la balance penche clairement d’un côté : de plus en plus de pépites de l’IA sont en train d’emboîter le pas à OpenAI et de renoncer à leur philosophie open source. L’exemple le plus récent est celui de Mistral, le champion français de l’IA. Récemment, l’entreprise a retiré toutes les références à l’open source de son site web, et s’est attirée les foudres des institutions européennes en signant un partenariat avec… Microsoft.

Le constat est donc limpide : la philosophie mise en avant par Elon Musk, qui considère l’IA comme une ressource d’intérêt public qui devrait être accessible à tous, n’a clairement pas le vent en poupe. Il sera très intéressant d’observer le bras de fer entre ces deux philosophies diamétralement opposées, et l’impact de ces rapports de force sur l’évolution de cette technologie qui prend de plus en plus de place dans le quotidien des gens.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

1 commentaire
  1. Mouskou bénéficiera aussi du travail gratuit des programmeurs qui feront évoluer l’IA, et dont il récupérera ensuite les résultats à des fins bien plus lucratives…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode