En 2023, les grèves des acteurs et des scénaristes ont mis Hollywood sens dessus dessous. La montée en puissance des plateformes de streaming a largement précarisé ces corps de métiers au cours des dernières années, tandis que l’avènement rapide de l’intelligence artificielle ne laissait présager rien de bon pour les années à venir. Afin d’assurer les arrières de la profession, la Writers Guild of America et la SAG-AFTRA – syndicats américains de l’industrie culturelle – ont entrepris de longs mois d’action afin d’obtenir de nouvelles garanties capables de répondre à leurs revendications. En 2024, la bataille devrait toutefois se poursuivre du côté de l’industrie vidéoludique.
Fin 2023, un vote initial révélait de fortes intentions de grève chez les acteurs adeptes de la motion capture. La captation de leurs mouvements et de leur visage devenant en effet une prise de risque supplémentaire face à l’utilisation plus régulière – et pourtant si peu régularisée – de l’IA. En l’absence d’une nouvelle version de l’Interactive Media Agreement qui établit ces règles, un nouveau mouvement national se profile outre-Atlantique. D’après une prise de parole du directeur national et négociateur de la SAG-AFTRA Duncan Crabtree-Ireland lors du festival SXSW, la grève serait imminente.
Un manque de protection contre l’IA
“Nous voulons nous assurer que la mise en œuvre de l’IA est centrée sur l’humain et qu’elle se concentre sur l’augmentation de la production, et non sur le remplacement des personnes” déclare Duncan Crabtree-Ireland. “Nous ne voulons pas nous mettre en grève, mais nous n’allons pas conclure d’accords avec ces entreprises qui ne protègent pas nos membres contre les utilisations abusives et exploitantes de l’IA” a-t-il ajouté.
Toujours selon le directeur national de la SAG-AFTRA, il y aurait “50% de chance, voire plus” que le mouvement de grève s’organise dans les quatre à six prochaines semaines. Si tel est le cas, seule une poignée de studios majeurs – dont les employés sont syndiqués – seront affectés par les restrictions, à savoir Activision, Blindlight, Disney Character Voices International, EA, Formosa Interactive, Insomniac Games, Take Two Productions, VoiceWorks Productions ainsi que Warner Bros Games.
Les acteurs prêtant leurs traits à la motion capture ne sont pas les seuls concernés par ce mouvement. Les comédiens de doublages s’inquiètent également que leurs voix puissent être utilisées sans leur accord préalable ou compensation financière équitable. Un premier accord avait été établi avec l’entreprise Replica Studios en janvier dernier, mais n’était pas du goût de tous les doubleurs. Cette année promet donc d’être tout aussi mouvementée pour l’industrie culturelle aux États-Unis afin de mettre un terme aux dérives de l’intelligence artificielle.
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