Passer au contenu

ESA : l’assemblage d’Ariane 6 avance bien, tous les voyants sont au vert

Après des années de péripéties dont toute l’Europe se serait volontiers passée, la fusée est enfin sur la bonne voie, et ArianeGroup affiche son optimiste par rapport au vol inaugural prévu cet été.

Trois semaines après l’arrivée des principaux éléments structurels de la fusée sur le site de Kourou, Ariane 6 commence à prendre forme. D’après ArianeGroup, le processus d’assemblage se déroule comme prévu, et les acteurs semblent unanimes : après des années de galère, le projet est enfin sur de bons rails, et le futur fer de lance de l’aérospatiale européenne n’a jamais été aussi proche de son vol inaugural.

Le processus a officiellement démarré le 21 février dernier lorsque les éléments centraux des deux étages du lanceur sont arrivés en Guyane à bord du Canopée, un navire hybride spécialement conçu pour transporter cette précieuse cargaison. Deux jours plus tard, ils sont arrivés au Bâtiment d’Assemblage Lanceur du spatioport de Kourou, où ils ont été installés en position horizontale pour commencer le processus d’assemblage.

Le processus d’assemblage suit son cours

La première étape consiste à réunir ces deux éléments centraux : l’étage inférieur, avec son moteur Vulcain 2.1, et l’étage supérieur, avec son moteur Vinci et l’emplacement réservé à la charge utile qui sera surmonté d’une coiffe. Ensemble, ils constituent le cœur du lanceur.

Une fois cette phase achevée, les équipes techniques vont redresser l’engin à la verticale. Cela permettra d’abord d’installer les boosters à propulsion solide qui seront positionnés sur les flancs. Il existe deux versions de la fusée : Ariane 64, qui utilise quatre boosters, et Ariane 62, qui n’en utilise que deux. C’est dans cette seconde configuration que le lanceur va aborder son premier vol.

La dernière phase consistera à ajouter la charge utile en elle-même. Elle sera notamment composée d’un ensemble de 4 expériences qui seront fixées de manière permanente au sommet du 2e étage. On peut citer le PariSat de l’entreprise française Garef Aerospatial, un engin consacré à l’étude des radiations de corps noir, ou le Peregrinus, un double capteur de champ magnétique d’origine belge. Tous ces instruments rapporteront des données précieuses jusqu’à la fin de cette première mission, lorsque l’engin reviendra brûler dans l’atmosphère de la Terre.

Ariane 6 embarquera également 7 autres engins dont certains ont vocation à être déployés en orbite. Ce groupe comprend 4 petits satellites au format Cubesat, comme le GRBBEta de l’entreprise slovaque Spacemanic qui sera consacré à l’étude des sursauts gamma. Il y aura aussi d’autres plateformes de test moins conventionnelles comme le projet Bikini de l’entreprise franco-allemande The Exploration Company. Ce dernier servira à tester un modèle réduit d’une capsule de rentrée atmosphérique. Une fois tout ce matériel bien arrimé, il ne restera plus qu’à le recouvrir d’une coiffe de 14 mètres, puis à déplacer Ariane 6 vers le pas de tir.

ArianeGroup est optimiste

Martin Sion, PDG d’ArianeGroup, est satisfait des progrès de son entreprise sur les derniers mois. Il estime que le projet est enfin de retour sur la bonne voie, après une longue traversée du désert qui a généré environ quatre années de retard. « Depuis six mois, avec les équipes de l’Agence spatiale européenne et du Centre national d’études spatiales, nous avons peu à peu repris la maîtrise du planning », cite Le Monde.

Il se montre aussi confiant par rapport à la date du vol inaugural. « La fenêtre de tir n’a pas changé », a-t-il assuré. À moins d’une catastrophe, Ariane 6 devrait donc prendre son envol entre le 15 juin et le 31 juillet 2024. La date exacte sera annoncée plus tard, car elle dépendra entièrement des résultats du processus de qualification. Ce dernier consiste à tester individuellement chaque élément structural et sous-système du lanceur une fois qu’il sera entièrement assemblé.

À partir de là, il ne restera plus qu’à croiser les doigts pour que ce premier vol se passe bien. Car en cas d’échec, les implications seront profondes. Il faudrait alors conduire une enquête sur l’origine des défaillances, trouver un moyen d’y remédier, et retester méticuleusement chaque pièce du nouveau lanceur — un processus qui pourrait aisément durer des mois, avec tout ce que cela implique pour l’ESA, ArianeGroup et les clients. Mais en cas de succès, on pourra enfin considérer que l’Europe sera officiellement sortie de la crise des lanceurs qui la paralyse depuis la retraite de la formidable Ariane 5 en juin 2023, et commencer à écrire un nouveau chapitre de l’aérospatiale européenne.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Source : ESA

Mode